LES Etats-Unis semblent avoir pris au sérieux
les problèmes de l’environnement. Depuis 1970, le gouvernement
fédéral a adopté une série impressionnante
de mesures destinées à lutter contre la pollution de l’air
et de l’eau, l’emploi abusif des substances toxiques et des insecticides.
Des textes officiels traitent de la lutte contre le bruit, de la prévention
des accidents du travail, de l’aménagement des zones côtières,
de l’exploitation des mines à ciel ouvert et de la mise en valeur
des terres incultes. De leur côté, les différents
Etats ne sont pas restés sans agir et ont, en particulier, réglementé
l’emploi des récipients métalliques à jeter, du
genre boîtes pour la bière, qui jonchent si agréablement
les rues de Londres, par exemple. Il semble que la plupart des domaines
ait été explorée.
Cet ensemble de textes contraignants est, évidemment, loin de
faire la joie de tout le monde et les dirigeants d’entreprises, par
exemple, ont tendance à renâcler contre ce qu’ils considèrent
être une série d’entraves à leur activité.
C’est ainsi que l’autorité législative, le Congrès,
se trouve prise entre le marteau et l’enclume, c’est-à-dire,
entre les défenseurs de l’environnement, nombreux et actifs,
et les représentants des patrons dont les intérêts
sont forcément autres, à moins qu’ils ne fabriquent des
systèmes ou des produits destinés à lutter contre
la pollution, un marché qui s’annonce fructueux.
L’AGENCE A DES PROBLEMES
Pour promouvoir la protection de l’environnement le
gouvernement fédéral a créé une Agence,
c’est-à-dire un organisme officiel. La célèbre
C.I.A. est une agence. Mais l’E.P.A. (Agence pour la Protection de l’Environnement)
n’a pas été dotée d’un personnel suffisant pour
faire respecter les décisions du Congrès.
Ainsi, dans le domaine de l’eau, la loi votée en 1972 impose
aux installations industrielles de réduire leurs émissions
de produits polluants en deux étapes, d’abord en 1978, ensuite
en 1983. Mais les modalités d’application, qui doivent être
définies par l’E.P.A., sont loin d’être prêtes dans
bien des domaines.
D’autre part, bon nombre d’entreprises ont attaqué devant les
tribunaux les décisions de l’E.P.A., souvent sans succès,
il faut le dire. Mais, ces actions en justice ont eu pour effet immédiat
de retarder la mise en vigueur des mesures décidées et,
dans un certain nombre de cas, l’E.P.A. a dû modifier ses exigences
en attendant la décision des tribunaux. En outre, les différentes
dispositions législatives adoptées par le Congrès
n’ont pas été suffisamment coordonnées et l’absence
de plan d’ensemble rend l’action fédérale moins crédible.
Si l’on ajoute que de nouvelles données du problème de
la pollution sont constamment versées au dossier (par exemple,
l’importance relative sous- estimée des sources non ponctuelles
de pollution de l’eau : « pluies acides », érosion,
déversement d’insecticides et engrais d’origine agricole) on
a une toile de fond parfaitement floue à la faveur de laquelle
les entreprises peuvent espérer tirer leur épingle du
jeu.
LES ENTREPRISES RESISTENT
C’est ainsi qu’elles espèrent bien faire modifier les priorités, obtenir de nouveaux délais, des taux plus souples de réduction de la pollution qu’elles engendrent, des normes moins strictes. Elles ont le sentiment de pouvoir aboutir dans ce domaine. Elles se sentent, ou se savent, mieux placées que quiconque, E.P.A. comprise, pour dire ce qu’il est possible de faire et quand, car elles sont au contact même de la réalité, des coûts et des avantages de l’opération anti-pollution. Cependant, les entreprises américaines ont bien conscience du risque qu’elles prendraient en se déclarant ouvertement contre une protection accrue de l’environnement ou simplement en cherchant à freiner l’application des mesures décidées. L’opinion publique, dans son ensemble, ne leur pardonnerait pas cette attitude, et elles le savent. Il leur faut donc avancer prudemment. On peut leur faire confiance.
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Dans certaines stations d’essence américaines on utilise maintenant un pistolet qui s’applique hermétiquement sur l’entrée du réservoir, grâce à un embout en caoutchouc. Sans cette précaution, lorsque l’essence coule, elle chasse les gaz qui emplissaient le réservoir vide et qui, normalement. vont se perdre dans l’atmosphère qu’ils polluent un peu plus. Avec le nouveau système, les vapeurs sont recueillies et renvoyées à la cuve du pompiste. Son application paraît intéressante pour l’environnement... et aussi pour la station service.