IV. LES PROBLÉMATIQUES (suite)
AVANT 1929 :
PHASE D’ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE
- RARETÉ DES PRODUITS - CROISSANCE SOUTENUE -
PAS DE CHÔMAGE
C’est le travail salarié qui, en grande partie, met en mouvement le mécanisme de l’échange économique et le couple production - consommation : « L’emploi est le lieu d’un contrat, n’est-ce pas, un contrat où se croisent, et devraient se satisfaire réciproquement, en bonne logique, deux besoins. L’employeur a besoin que les emplois qu’il offre soient remplis pour que soit assurée sa production (et garantis ses bénéfices). L’employé a besoin de remplir l’emploi qu’il occupe, ou qu’il recherche, pour que soit assurée sa subsistance. Si l’un de ces besoins disparaît (parce que la production est suffisante avec les emplois existants, par exemple, ou le serait même à défaut de certains d’entre eux ; ou bien parce qu’elle n’a pas de débouchés), le besoin symétrique se trouve sans point d’appui. Il bée dans le vide. Il n’y a plus de contrat possible. Il n’y a plus d’emploi concevable » (Renaud Camus).
SITUATION EN 2 000 :
PASSAGE À L’ÈRE DE L’INFORMATION
L’ère informationnelle relaie l’ère mécanicienne. L’automation « réside dans la substitution d’organes technologiques aux organes humains d’effort, d’observation, de mémoire et de décision. » (René Passet).
Une abondance potentielle ou réelle fait son apparition. Dans certains secteurs, des crues de production engendrent la mévente, ralentissent la croissance et gèlent l’investissement. Face aux importants profits dégagés par la capitalisation et la spéculation, les revenus du travail sont en baisse (ces 20 dernières années, la part des salaires dans la richesse nationale a chuté de plus de 10 % pour s’établir à 57,2 % en 2002) et, en raison d’un chômage élevé, une énorme machine à redistribuer les revenus est mise en place. La poussée va en ce sens : Revenus du travail, du capital et des produits financiers => Impôts directs et indirects + déficit public [1] => État et Collectivités territoriales => Fonctionnaires et bureaucratie => Redistribution =>Revenus hors travail et hors capital (subventions, prestations sociales, retraites).
La redistribution provoque une augmentation des charges imposées par l’État et les collectivités territoriales, alourdissant ainsi les coûts sur les marchés intérieur et extérieur.
Un exemple qui permet de mesurer l’ampleur de cette redistribution : les prestations sociales représentent 50 % du revenu disponible brut des habitants du Nord Pas de Calais [2]. Quand le travail se raréfie, le mécanisme de l’échange économique est objectivement et définitivement perturbé.
V. LES QUESTIONS ACTUELLES
Le dysfonctionnement que nous venons de constater
appelle quelques questions :
• 1. Assistons-nous à la disparition progressive de la
valeur-travail ?
Le titre retenu par la philosophe Dominique Méda pour l’un
de ses ouvrages est sans ambiguïté : Le travail, une valeur
en voie de disparition.
Deux remarques à cela : Souvenons-nous de la prophétie
de Nietzsche : « toujours plus d’argent, toujours plus de
labeur » et du constat d’Hannah Arendt : « choses dévorées
ou jetées presque aussi vite… pour que le processus lui-même
ne subisse pas un arrêt catastrophique ».
La réalité : le travail, moteur irremplaçable de
l’économie de l’échange. La pensée unique
: le travail, une valeur irremplaçable.. La situation est bloquée.
Autre sujet de réflexion : le travail se transforme et cette
transformation détruit peu à peu sa valeur. Au “travail
matériel” se substitue le ”travail immatériel”
: « Tandis qu’on pouvait mesurer la valeur d’une société
en termes d’actifs réels comme les biens immobiliers, les
machines, les stocks et les inventaires, la valeur des entreprises réside
de plus en plus dans leur capacité d’acquérir, d’engendrer,
de distribuer et d’appliquer le savoir de manière stratégique
et opérationnelle… La connaissance (ici entendue au sens
large de manière à inclure les données, l’information,
les images, les symboles, la culture, l’idéologie et les
valeurs) est la ressource centrale de l’économie »
(A. et H. Toffler).
« Le travail n’est plus mesurable selon des étalons
et des normes préétablis… La crise de la mesure du
travail entraîne inévitablement la crise de la mesure de
la valeur … L’économie de la connaissance contient
une négation de l’économie capitaliste marchande »
(A. Gorz).
• 2. Quels liens entre croissance et emploi
? Le divorce est consommé entre croissance et emploi. Une
croissance du PIB inférieure à 3 % l’an ne crée
plus d’emplois. Ceux-ci se sont maintenus à l’aube
de l’irruption d’une production abondante (5,6 % de croissance
dans les années 60). Mais très vite l’engorgement
des marchés a freiné la croissance (3,7 % dans les années
70, 2,2 en 80, 1,8 % en 90, environ 2 % depuis), et le nombre de chômeurs
a pris son envol (300.000 en 1960, 3 millions en 1990).
Imaginons que, par miracle, la tendance s’inverse : avec une croissance
de 4 % l’an, la production doublerait tous les 18 ans et serait
multipliée par 7 en 50 ans.
Alors ? Sauver l’économie marchande en poussant la croissance
dans l’espoir illusoire de maintenir l’emploi ? Ou sauver
la planète en adoptant d’autres règles du jeu économique
qui préserveraient les écosystèmes ? — Un
enjeu de civilisation.
• 3. Face à cette crise de l’emploi,
quelles mesures ont-elles été prises ou envisagées
?
LES ACTEURS :
Les victimes : Travailleurs à temps partiel, héritiers
de petits boulots, plus de 50 ans, jeunes qui peinent à entrer
dans la vie active (statistique récente : 49 % de jeunes ayant
un Bac + 4 n’ont toujours pas trouvé de premier travail
après un an de recherches ).
Les entrepreneurs : Pris dans une concurrence de plus en plus farouche, assommés par des charges sociales de plus en plus lourdes (redistribution oblige), tous les moyens sont bons pour survivre : réduction des durées d’usage, invention de nouveaux produits (en 10 ans, les rayons des grandes surfaces ont proposé 75 % de produits en plus), publicité délirante …
Les partis politiques : La gestion de la crise leur échappe, en dépit d’efforts souvent méritoires. La dernière tentative de peser sur l’économie date des années 81 à 83 : elle a été un échec ; la financiarisation de l’économie mondiale était en marche depuis 1974, date de la libéralisation des marchés.
Les syndicats : Affaiblis par un taux de syndicalisation à 8 % des effectifs salariés (25 % en 1975), ils sont le baromètre de la dégradation du travail (CDD, temps partiel), du poids de l’actionnariat (restructurations), de la concurrence nationale et internationale (fermetures et délocalisations).
L’Etat et les collectivités territoriales : La mesure la plus spectaculaire prise ces dix dernières années en vue de la réduction du temps de travail est le passage aux 35 heures par semaine. Mesure qui va dans le sens de l’Histoire, mais qui s’est heurtée à deux obstacles principaux : sa brutalité, alors que la productivité (richesse par personne active) n’a cessé d’augmenter au fil des ans, le nombre d’heures de travail hebdomadaire était bloqué à 39 heures depuis plus de quinze ans ; et son uniformité, la plupart des entreprises ont un intérêt économique fort à avoir peu de salariés travaillant beaucoup plutôt que beaucoup de salariés travaillant peu. L’avenir de la réduction du temps de travail serait-il compromis ?
Les mouvements revendicatifs : Ils sont nombreux et représentent une nouvelle force montante, celle de la société civile. Associations de tous ordres qui agissent ou tentent d’agir soit sur le quotidien, soit à l’échelon national, voire international, associations d’usagers et d’éducation populaire. Le plus imposant est Attac, avec plus de 30.000 adhérents ; son espoir est de “mettre de l’ordre” dans la maison capitaliste en corrigeant ses effets néfastes, entre autres en matière d’emploi.
LES OBSERVATEURS ET LES CONSEILLERS :
Ils font les beaux jours de l’édition et de la presse spécialisée
: il n’est pas rare de lire sur la même page deux analyses
diamétralement opposées.
On distingue deux courants de pensée principaux, le courant néo-libéral
et le courant marxiste. Ils se rejoignent sur un point : il faut conserver
au travail toute sa valeur, aussi doit-on maintenir l’emploi à
tout prix.
À noter, un courant réformiste, représenté
majoritairement par les partisans d’une économie solidaire.
Le travail permet réalisation de soi et intégration sociale,
à condition d’être organisé autrement et de
laisser moins de place à la rentabilité et à la
marchandisation des rapports. Créons des réseaux parallèles
d’activité coopérative, réseaux bancaires
(micro-crédit) et monétaires (monnaies affectées
à des opérations précises, si possible non marchandes).
Reconsidérons la notion de richesse en y introduisant des indicateurs
humains. Réduisons la croissance (croissance soutenable, croissance
sélective).
LES MESURES QUI VONT DANS LE SENS DE L’HISTOIRE :
• 1 La semaine de 4 jours : Proposition séduisante mais
difficile dans son application : elle ne ferait qu’aggraver les
effets de l’application de la loi sur les 35 heures.
• 2 Le cycle de travail annualisé : Le passage aux 35 heures
a eu, entre autres vertus, d’engager certains types d’entreprises,
à l’activité irrégulière, à
régler le temps de travail sur l’année et non plus
sur la semaine.
• 3 Le cycle de vie : Le temps de travail de chaque actif est étalé
sur le cycle de vie, en alternance avec d’autres préoccupations
ou nécessités. C’est ce qu’entrevoit le sénateur
Henri Weber : « Un salarié, par un ensemble de systèmes
institutionnels de financement, sera soit au travail dans son entreprise,
soit en formation, soit en congé parental, soit en congé
civique, soit à son propre compte dans le cadre de l’essaimage,
mais ne sera jamais laissé sans revenu et sans statut »
(Le Monde, 12/2/2004).
Question : les périodes hors travail étant de loin les
plus nombreuses, qui les rémunère dans une économie
dont les mécanismes prennent appui sur le travail (voir le schéma
de l’échange économique dans le chapitre précédent)
? Estce possible sans un alourdissement conséquent de la redistribution
par augmentation des prélèvements obligatoires ?
Ce n’est pas en clamant la fin du travail (tendance Jeremy Rifkin),
ni son indispensable maintien (tendance marxiste), ni l’extension
de sa sphère à toutes les activités (discours dominant
actuel), que nous trouverons des solutions adaptées à
notre époque.
VI. UNE SORTIE DE CETTE CRISE DE L’EMPLOI EST-ELLE POSSIBLE ?
1. LES RAISONS DU BLOCAGE
a) D’ordre politique, la peur de la dépendance
personnelle :
« La Révolution française avait une théorie
politique légitimant des interventions de la société
sur elle-même[…] Mais le XXème siècle ne dispose
pas d’une théorie politique capable de fonder en raison
des interventions de la société sur elle-même.[…]
Pourquoi ne disposons-nous pas d’une telle théorie ? Parce
que nous ne sommes pas parvenus à sortir de l’opposition
stérile entre deux traditions, deux visions de la société
également anachroniques, l’une considérant la société
comme une simple agrégation d’individus (societas, Gesellschaft),
l’autre comme une communauté dans laquelle le tout prime
sur les parties (universitas, Gemeinschaft).[…] Reconnaître
que la société peut être une communauté et
qu’il existe un bien commun, c’est toujours risquer l’oppression
de l’individu. Alors que les temps modernes s’appuient précisément
sur la découverte que la liberté de l’individu est
infinie. Pour cette tradition, toute entreprise visant à chercher
un bien commun à l’ensemble des individus est interprétée
comme une volonté de supprimer la liberté individuelle.
C’est pourquoi la politique se réduit alors au minimum :
elle se borne à garantir le bon fonctionnement de l’ordre
naturel, dont les lois sont déterminées par l’économie.[…]
L’idée la plus répandue aujourd’hui est donc
que nous avons le choix entre d’un côté, les inégalités
et de l’autre, l’oppression de l’individu, et qu’entre
les deux il vaut évidemment mieux choisir les inégalités. [3] »
b) D’ordre psychologique, la peur de l’inactivité
: « Cette liberté nous fait clairement peur aujourd’hui.
Les politiques craignent la délinquance, l’ennui. L’idée
d’une diminution de la place du travail dans nos vies amène
sur la scène le spectre de la surconsommation et de l’individualisme [3]
».
« la quantité de travail qu’il sera encore nécessaire
de faire, nous nous arrangerons pour que le plus grand nombre d’entre
nous en ait sa part. Trois heures de travail chaque jour par roulement
ou une semaine de quinze heures peuvent ajourner le problème
pour un bon moment.[…] Ainsi, pour la première fois depuis
sa création, l’homme fera-til place à son problème
véritable et permanent : comment employer la liberté arrachée
aux contraintes économiques ? Comment occuper les loisirs que
la science et les intérêts composés auront acquis
pour lui, de manière agréable, sage et bonne ? […]
Si le problème économique est résolu, l’humanité
se trouvera donc privée de sa finalité traditionnelle.
[…] Pour parler le langage qui fait fureur aujourd’hui, ne
devons-nous pas nous attendre à une « dépression
nerveuse » universelle ? [4] »

c)
D’ordre économique, la peur de nouvelles règles
du jeu :
« Aucune forme de redistribution fiscale ne peut solvabiliser la
demande puisque la distribution primaire n’a plus lieu [5]. »
« Comment fournir un revenu à des gens qui ne parviennent
pas à trouver un emploi rémunérateur ? Si c’est
une technologie sans travailleurs qui produit les richesses de la société,
il nous faut imaginer une manière totalement différente
de partager ces richesses et ne pas en rester au système des
salaires [6]. »
2. COMMENT LEVER CE BLOCAGE ?
a) Dans le domaine politique : par la réhabilitation
de l’Etat : « Une société moderne ne peut être
une véritable communauté si un Etat ne lui sert pas de
catalyseur et de médiateur… Avant même d’être
un régulateur de la croissance ou un correcteur des inégalités,
un tel Etat aurait pour tâche première d’organiser
continûment l’espace public… En effet, le choix des
principes selon lesquels seront réparties les richesses est l’acte
le plus politique, donc à la fois le plus antinaturel, le plus
humain et le plus risqué qui soit. [3] »
« La fin de l’économie de marché peut devenir
le début d’une ère de liberté sans précédent.
La liberté juridique et la liberté réelle peuvent
être rendues plus grandes et plus générales qu’elles
ne l’ont jamais été. Réglementer et diriger,
cela peut être la manière de réaliser la liberté
non seulement pour quelques-uns mais pour tous. […] Mais nous trouvons
le chemin barré par un obstacle moral. La planification et le
dirigisme sont accusés d’être la négation de
la liberté. La libre entreprise et la propriété
privée sont déclarées parts essentielles de la
liberté. On dit qu’aucune société bâtie
sur d’autres fondations ne mérite d’être appelée
libre[…]. L’économie libérale a imprimé
une fausse direction à nos idéaux. Elle a paru s’approcher
de la réalisation d’espérances intrinsèquement
utopiques. Aucune société n’est possible, dont le
pouvoir et la contrainte soient absents, ni un monde où la force
n’ait pas de fonction. [7] »
« Qu’on le veuille ou non, l’État est inséparable
de la société. Or, la société a, pour objet
premier, de faire que tous les individus jouissent de la plus grande
somme de bien-être ; et, pour objet second, que s’épanouisse
partout la vie intellectuelle et morale. On voit ainsi que la recherche
du bienêtre et de la sécurité matérielle
n’est pas une fin, mais le moyen de permettre aux hommes de goûter
les joies de la vie supérieure, fruit de la civilisation.
En conséquence, l’État doit devenir l’expression
directe de la nation, le mandataire de la conscience collective, le
gérant du bien commun [8]. »

b)
Dans le domaine psychologique, par un effort d’éducation
et d’information :
« Ce qui est honteux, ce n’est pas d’avoir perdu son
travail ! Il n’y a rien de honteux là-dedans ! Ce qui est
honteux, c’est ne savoir que faire de son temps. Ce qui fait peur,
chez les chômeurs, c’est leur peur effroyable du temps. Qu’ils
aient peur du lendemain, on les comprend. Mais qu’ils aient peur
du jour même, de la journée, de ses heures vides ? Elles
ne sont vides que parce qu’ils les voient telles, les font telles
… On ne leur a pas appris à les voir autrement [9]. »

c) Dans le domaine économique, par la rupture du lien qui unit emploi et revenu. La remise en cause de la chaîne de l’échange (un revenu contre un travail) entraîne une nécessaire distribution des richesses indépendamment du travail fourni. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent en ce sens :
• un humoriste : « On dit qu’il y a trois millions de personnes qui veulent du travail. C’est pas vrai. De l’argent leur suffirait. » (Coluche).
• une députée : Le dividende universel, un projet de société à transformer en projet politique (Christine Boutin).
• des cadres d’entreprise : « Demain il sera possible d’occuper un emploi sans nécessairement percevoir de l’entreprise une rémunération, de percevoir un revenu sans exercer d’activité, d’exercer une activité en percevant un revenu assuré par des tiers autres que l’employeur. Cette distanciation du salaire, par rapport à sa définition de contrepartie naturelle du travail, et cette émergence forte de la notion de revenu conduiront la société à ouvrir le débat sur l’organisation de nouvelles formes de distribution ou de redistribution des richesses ». (revue de la CFE-CGC Encadrement Magazine, 1995).
• des consultants d’entreprise : Selon Jarrosson et Zarka, « ce paradoxe [de la misère dans l’abondance] est fondé sur le lien absolu entre travail et revenu ; la sortie par le haut de ce paradoxe se trouve dans la rupture de ce lien ».
• le Commissariat général du Plan : « Le nombre de personnes qui perçoivent des revenus sans contrepartie immédiate de travail productif s’élève encore avec le chômage. On peut estimer à 40 % du revenu total des Français la valeur des prestations sociales de toute nature qu’ils reçoivent … Il faut favoriser les allers-retours du statut de salarié à celui d’entrepreneur individuel, à celui de recyclé en formation et à celui de bénéficiaire d’un congé de longue durée pour convenance personnelle … par un système … garantissant la continuité du revenu quelle que soit la situation du moment pour l’intéressé. » (Rapport Boissonnat. Le travail dans vingt ans, 1995).
• des économistes :
ERIC MAURIN : « Il vaut mieux protéger les salariés
que les emplois ».
MICHEL HUSSON : « Il faut prendre en tenailles la logique salariale marchande, de l’intérieur par la transformation du travail, de l’extérieur par l’extension d’un revenu garanti ».
RENÉ PASSET : « Ce qui, contre vents et marées, se réalisera, c’est le double mouvement de relève de l’homme par la technologie et de déconnexion du revenu par rapport au travail ».
KARL MARX : « La distribution des moyens de paiement devra correspondre au volume de richesses socialement produites et non au volume de travail fourni ».
JACQUES DUBOIN : « le droit aux produits et aux services doit être libéré de la considération du travail fourni… le revenu social dissocie le travail et sa rémunération, puisque le travail de l’homme, conjugué avec celui de la machine, fournit un rendement qui n’est plus proportionnel ni à la peine, ni à l’effort du travailleur ».
BERNARD MARIS : « L’allocation universelle permettra de détacher définitivement le travail du salaire. En fait, elle prendra acte de la fin du travail et distribuera des droits à consommer sur le volume des richesses socialement produites. C’était déjà l’idée de Jacques Duboin, qui parlait de “revenu social”. Ce revenu n’avait plus rien à voir avec la “valeur” propre du travail (le minimum vital, les produits nécessaires à la reproduction de la force de travail dont parlaient Marx et Ricardo), mais correspondait aux besoins, désirs et aspirations que la société se donnait les moyens de satisfaire. Ce revenu social supposait, selon Duboin, la création d’une monnaie de consommation, non thésaurisable, ensemble de droits sur les biens que l’on devait immédiatement exercer. »
(à suivre).