Plus d’erreurs de grammaire ou de ponctuation,
De fautes d’orthographe ou d’accentuation !
De l’écriture, enfin, c’est l’aboutissement,
C’est l’ultime progrès, le perfectionnement.
C’est la fin des polices aux dessins délicats ;
Adieu les new romans, cochins et cambrias,
Finis, l’helvética, le times et le didot.
Exit, le genova et le palatino !
Les styles d’écriture ont changé de logique :
Plus d’anglaise ou bâtarde ou de ronde ou gothique.
Et les grasses et les maigres ou bien les italiques,
Sans parler des chinoises ou de la cyrillique.
Inventée à Sumer, disent les historiens,
L’écriture annonçait la fin des temps anciens,
Les débuts d’une autre ère où on se souviendrait
Où mémoire et cerveau ensemble augmenteraient.
Avec les hiéroglyphes, on eut les pictogrammes
Et les cunéiformes et les idéogrammes.
Il fallut cinq mille ans de progrès anarchiques,
Pour arriver enfin à l’alphabet classique.
Et puis l’imprimerie fit sa révolution
Qui fut pour l’écriture une révélation ;
Car avant Gutemberg, c’était l’architecture,
Qui était pour le peuple un moyen d’écriture…
Tout cela enterré ! Vive les novateurs !
Vive les émojis, les smileys et les cœurs !
Pourtant, je me demande avec fort peu d’entrain,
Jusqu’où notre écriture ira-t-elle demain ?