A l’anxiété, à l’insécurité
collective, des remèdes divers sont proposés. Groupements
idéologiques, syndicats, partis, exaltent et cultivent leur clientèle :
- les premiers sur une société altruiste, idéalement
évoluée,
- les seconds, sur le salariat à perpétuité
par le plein emploi,
- les derniers sur l’amélioration des revenus
par l’arrêt de l’inflation et, à la fois, du chômage,
dans le cadre « Prix-Salaires-Profits »...
Certains, pleins de généreuses aspirations, demandent
le sacrifice momentané de catégories sociales pour l’exemple,
pour créer un état de fait et entraîner la collectivité
vers les réformes fondamentales. C’est exaltant, le sacrifice,
mais pas courant, et, en conséquence, il s’épuise vite,
sa proposition reste aléatoire.
Ce qui est moins attrayant, mais qui est positif, parce qu’il correspond
à une réalité économique, c’est : LA REVENDICATION
DE REVENUS DISSOCIES D’UN TRAVAIL FOURNI.
Analysons le problème :
Nous voyons nos Gouvernants se muer en commis-voyageurs à l’exportation,
se lancer à corps perdu dans les armements, les grands travaux
: activités productrices de biens non commerciables dans le pays,
mais créant des revenus indispensables pour l’écoulement
de la production utile qui, de plus en plus mécanisée,
dispense de moins en moins de revenus pour son acquisition.
Ces mesures s’avérant insuffisantes face à l’évolution
plus rapide encore des techniques productives, la Banque, pour sa part,
développe le crédit qui, par son agio onéreux,
accroît l’écart entre les salaires et les prix.
Malgré l’inflation aussi fluctuante qu’artificielle, l’abondance
des biens subsiste, nous submerge.
Que se stoppe l’accentuation crédits-travaux non productifs et
c’est le blocage des échanges, de l’économie elle- même.
Est-ce irrémédiable ?... Non !
Le suicide collectif ne s’accepte que sous l’emprise de nécessités
implacables.
Est-ce le cas ?... Non plus !
Nous avons au contraire : abondance de biens et un équipement
productif prometteur d’abondance plus grande encore. Il nous suffit
de créer les revenus correspondant au volume de cette production
pour la répartir.
Les mesures de survie du capitalisme, sous la pression de notre potentialité
productive, sont quelque peu anarchiques ; l’adaptation est douloureuse,
confuse.
La sauvegarde du profit passe par l’échange lucratif.
Au stade actuel de notre productivité, le passage à la
consommation des biens produits ne peut plus être lucratif que
par l’apport de revenus ne créant pas de biens destinés
au marché ; c’est-à-dire de revenus restant disponibles
pour l’écoulement de biens de consommation commercialisés.
Depuis nombre de décades nos gouvernements successifs, sous l’égide
de la Banque, l’ont parfaitement compris :
Pour diminuer l’écart entre la valeur de la production offerte
et le pouvoir d’achat qu’elle libère, ils se sont appliqués,
soit à raréfier les produits destinés au marché
(opération dénommée « Assainissement du marché
»...) - soit à créer des revenus d’appoint
par : la production d’armements,
les exportations onéreuses, grands travaux, subvention aux investissements,
à la construction, etc., pour fermer le cycle : production utile
- consommation, libérateur du « profit-tabou ».
A ces revenus créés par une production inutile, ruineuse
par son impact sur la dévaluation de la monnaie, annihilant sa
capitalisation même, nos augures consentirent l’aide directe,
mais parcimonieuse, à la consommation sous forme d’allocations
et subventions sans contre-partie de travail - Retraites, prestations
familiales, de logement, de chômage, aide à l’habitat,
secours aux économiquement faibles, aux handicapés, ristourne
aux rentiers, etc.
Ce principe de revenus sans contre-partie de travail fourni, adopté
pour la pérennité du profit échangiste lui-même :
" démontre que la création de cette forme de revenus
est une nécessité pour l’écoulement des biens produits
;
" amorce le nouveau mode de répartition de ces revenus
(leur distribution).
" implique que la création de ces revenus soit assurée
et contrôlée par l’Etat en fonction du volume total de
la production de biens et services réalisés.
Nous cheminons lentement vers une Economie Distributive, mais, si le
chemin tracé est irréversible, n’appartient-il pas aux
impatients dont nous faisons partie, de l’élargir, d’en faire
une avenue directe, d’en supprimer les détours ? Car, le capitalisme
ne s’y oriente qu’à son corps défendant ; ses managers
font la rafle, ils plument hâtivement la collectivité au
passage.
Par leurs privilèges du crédit, de battre monnaie, ils
tiennent la consommation en laisse.
La résistance de la puissance financière chancelle ; le
coup de pouce de la grande masse de la collectivité réduite
à la portion congrue, malgré notre potentialité
d’abondance, nous entraînerait à une « Economie des
besoins », sans attendre la faillite totale du profit.
Le problème actuel est donc de faire face à la diminution
des revenus dégagés par la production, par le développement
des revenus sociaux.
Nos voisins d’outre-Atlantique, dont l’équipement productif plus
automatisé dégage encore moins de revenus en regard de
leur production, sont parvenus à ce stade critique :
Après le secours de chômage à 90% du salaire, pour
tout chômeur ; la retraite calculée sur les dix années
où le salaire était le plus élevé ; l’allocation
a toute femme à l’âge de la retraite, n’ayant pas même
participé à la production ; se profile pour les mois qui
viennent : le salaire garanti à tout homme ou femme dans l’âge
de la période active.
Ces réformes sociales sont inscrites dans l’évolution
économique elle-même ; tant il est vrai qu’il ne nous appartient
pas de faire longtemps échec aux techniques qui bousculent nos
structures économico-sociales conçues au siècle
dernier.
Pourquoi faire les sourds alors que la collectivité entière
ne peut qu’y gagner sécurité et bien-être ?
Serons-nous longtemps à la remorque de nations fief du du capitalisme,
nous qui prétendons être le berceau de l’émancipation
sociale ?
Au socialisme idéaliste, au socialisme de voeux, doit succéder
leur réalisation : LE SOCIALISME DISTRIBUTIF.
AVANÇONS-EN L’HEURE !