Des hommes, parmi lesquels Pasteur, Laennec, Charcot,
Fleming, par leurs découvertes, ont fait reculer la mort. Mais,
étendre la douceur de vivre, cultiver le bonheur d’exister, qui
s’acharne à le vouloir ?
Malgré le dévouement de milliers d’associations, de mutuelles
et autres sociétés ou amicales, des millions de nos contemporains
ont faim, froid, souffrent dans l’indigence. Nous avons eu une embellie
en 1936, la guerre y mit fin. Une majorité de Français
subissent leur vie. L’opportunisme des décideurs n’est favorable
qu’à euxmêmes et à leurs alliés. Où
il devrait y avoir travail et loisir pour tous, il y a travail pour
les uns et chômage pour les autres. Où le travail manque,
règne la misère, s’installe l’exclusion ; la sous-consommation,
l’anéantissement viennent peu à peu. Dix millions de Français
mangent mal, se privent d’hygiène, de vêtements chauds,
de culture, de confort dans des logements vétustes, faute d’argent.
Depuis quarante ans, malgré la paix revenue
chez nous, la misère augmente régulièrement, infailliblement
pendant que le Parlement pérore interminablement. Les riches
consolident leurs richesses, s’enquèrent de valeurs-refuges,
voguent en yacht, jouent en Bourse, chassent l’éléphant,
festoient joyeusement. D’un côté, le gaspillage et de l’autre,
l’austérité.
Quelques secteurs de salariés ont bien bougé ces derniers
temps, mais la modestie de leurs revendications est rassurante pour
les craintifs. Les travailleurs ignorent tout, absolument tout, des
potentialités contenues dans une société intelligemment
organisée. Les quelques secousses sporadiques dont ils se rendent
coupables s’atténuent vite. La quiétude revient chez les
possédants, le calme chez les heureux titulaires d’emploi, la
paix sociale repart pour une nouvelle étape. Le tiercé,
le loto, le foot, le tennis... reprennent une large place dans l’information.
C’est gagné.
Quant aux pauvres par tradition, les nouveaux pauvres, les battus, les
perdants, rien à craindre d’eux. Ils végètent,
se cachent, se taisent, meurent de mort lente. Nous savons que trois
années de souffrance morale et physique les anéantissent
complètement. Cela ne fait rien. Ah ! s’ils décidaient
, un jour, dans un sursaut d’énergie, d’organiser un exode vers
le soleil pour, durant quelques mois, échapper à leur
sort, capter la lumière et la chaleur du midi ; un ruban de millions
de miséreux marchant vers la Méditerranée, sur
des autoroutes devenues des fleuves de piétons en rupture de
taudis, cela se remarquerait. Nous n’en sommes pas là ! Les affameurs,
les oppresseurs, les décideurs, les privilégiés
le savent. Avec le ventre creux, le cerveau s’engourdit, les idées
fuient, les forces déclinent, la torpeur s’empare de la tête
et du corps.
Les pauvres ne défileront pas ! Pas de sponsor pour ce genre de
sport ! L’humble citoyen de 1789 était-il plus douloureusement
opprimé que le paysan ou le citadin d’aujourd’hui l’est par son
patron, l’Etat et sa banque. 7 sur 10 de nos concitoyens ploient sous
les dettes. La Banque est l’un des piliers de l’Etat. La publicité
de la Banque est si bien faite que la plupart des gens croit en sa vertu,
alors qu’elle n’est qu’un intermédiaire de plus, parasitaire,
effronté, favorisé par l’insuffisance de monnaie.
Monnaie volontairement raréfiée, sous prétexte
d’inflation, pour une bonne moitié des Français maintenus
dans l’humilité, devenant ainsi plus gouvernables. Les banques
détiennent la source des crédits, alors que le peuple,
s’il était souverain, pourrait créer, mettre en circulation,
partager, selon les besoins de chacun, le volume monétaire que
justifie une production abondante. Nous traitons la pauvreté
sur le mode inauguré par Saint Vincent de Paul en l’année
1600. Mille associations caritatives s’emploient à soulager la
misère, elles ne la suppriment pas. Trois grandes guerres, cent
révoltes, une grande révolution ont secoué le monde,
elles ont coûté des fortunes et nous recourons encore à
la charité pour alléger la détresse, comme si le
progrès devait n’oublier qu’elle.
De l’héritage des sciences et des techniques, qu’en faisons-nous
donc ? Nos inventeurs, nos découvreurs, nos humanistes sont reniés
par nos usages, nos coutumes égoïstes et périmés.
Le temps est venu d’abolir toutes les infortunes. En tout premier lieu,
donner à manger, des vêtements, des logements à
tous les Français qui en sont dépourvus. Pas un grain
de blé, pas un légume, pas un fil, pas un matériau
ne manquent pour cela ! Convenons de l’absurdité de cette situation
et tout de suite, revendiquons énergiquement une monnaie de consommation
pour remédier à cet état de chose aussi révoltant
qu’anachronique.
La Monnaie Verte peut supprimer dès maintenant la malnutrition
sans qu’il en coûte un centime de plus au contribuable. Réclamons-la !
La Monnaie Verte a été imaginée pour donner à
manger à ceux qui ont faim, pour cause d’insolvabilité ;
que ce soit chômage, âge, maladie, incapacité physique,
mentale ou autres, tous peuvent y prétendre auprès de
l’organisme habilité à la servir. Elle donne accès
aux produits de consommation, dits excédentaires, détournés
de leur fin première, qui est de nourrir les gens. Pour le bénéficiaire,
elle s’emploie comme l’argent de poche. Mais seuls les produits étiquetés
en vert (parce qu’ils sont surabondants, seraient stockés ou
détruits) lui sont accessibles.
Les circuits de distribution sont ceux communs à tout le monde.
Seule différence, le franc vert s’annule au premier achat, sa
validité est de 30 F., son rôle utilitaire de 45 jours.
Il est détaché du franc courant et y retourne, mission
accomplie.
La Monnaie Verte pourrait, au moment de sa distribution, s’accompagner
de notices explicatives pour aider à la réinsertion civique
et sociale des ayants-droit dont les salariés à petites
rémunérations pourraient faire partie.