En cette fin du XXe siècle, les fulgurants
progrès des techniques de production ont permis à l’abondance
de devenir réalité quotidienne, ( axiome maintes fois
démontré ) mais aussi aberrant que cela puisse paraître,
niant cette évidence, l’on s’entête à vouloir conserver
des structures économiques, basées sur la rareté,
donc totalement dépassées face à l’abondance. De
ce fait, contradictions et antagonismes ne cessent de s’abattre sur
le tissu social, dont l’exemple plus frappant, le plus cynique, es>
quotidiennement démontré par la pauvreté endémique
et galopante, contre laquelle on cherche à enrayer l’évolution,
sinon la rendre plus supportable ! se gardant de mettre en cause le
vecteur profit. Les secours s’effectueraient par le canal de la «
distribution ». Bonne idée en l’occurrence, mais sachant
que ce terme signifie gratuité, antithèse de vente, ce
paradoxe conduit à l’interrogation suivante : « comment
pourra-t-on distribuer gratuitement, et longtemps des biens et denrées
aux nécessiteux, dans une économie où tout s’achète,
se vend ? Face à cet antagonisme, tôt ou tard apparaîtra
un point de rupture, c’est pourquoi conservera-t-on un bandeau sur les
yeux, en traitant « d’utopistes » ceux qui proposent la
solution qui satisfasse aux conséquences du progrès, et
réponde à la réalité économique contemporaine
potentiellement « abondanciste » ? Cette réalité
n’est- elle pas « Distributive » ? où Répartitive
? Le terme importe peu.
Revenant à la pauvreté, qu’envisage-t-on dans l’immédiat
? Primo ; faire payer. les riches, secundo : accroître les oeuvres
charitables, organismes de secours, etc... Que penser de ces solutions
? Suite aux explications suscitées, elle ne peuvent que soulager
momentanément les cas les plus désespérés,
sans pour autant supprimer la pauvreté dans son ensemble, ainsi
que dans ses causes initiales, sorte de remède empirique face
à un cancer !
D’une part, de quels riches s’agit-il ? De ceux qui possèdent
de gros capitaux, facteurs de revenus, où de ceux qui perçoivent
de gros revenus, sans capitaux ?... en attendant de faire payer les
moins pauvres, avant qu’ils le deviennent à leur tour ! Solution
aussi mathématique qu’absurde ! car la masse grandissante de
pauvres percevra toujours des miettes (pâtée pour chiens
! ) permettant de survivre. D’autre part, ce cercle vicieux conduira
à l’égalité dans la pauvreté, au lieu d’aller
vers l’égalité dans l’abondance. Si la guerre n’est pas
une fatalité, la pauvreté économique l’est encore
moins. Etre pauvre en 1984, alors que des montagnes de produits s’amoncellent...
ces invendus que l’on stocke, avant de les détruire, tandis que
d’autres sont détruits avant d’être proposés : «
assainissement des marchés... rentabilité exige ! Atteignant
le comble de l’absurdité, de la bêtise, pérennisant
ce « Babylone économique », pleuvent les subventions,
les aides aux destructions ! etc... » Quand pleuvra-t-il ce pouvoir
d’achat (monnaie de consommation) qui seul, fait défaut aux deshérités
du gâteau-production ?... Ces pauvres ne pouvant acheter ce dont
ils ont besoin, de ce fait, ruinent ceux qui ont à vendre ! qui
réclame et exige qu’au lieu de subventionner pour détruire,
l’on subventionne pour consommer en fonction des besoins réels,
en commençant par subventionner les plus démunis ? Ces
subventions représentant leur part d’usufruit d’une production
collective, escroquée par le biais du profit, en attendant de
distribuer à tous, des producteurs aux consommateurs, un «
Revenu social garanti », éliminant radicalement la pauvreté
matérielle, artificiellement entretenue, dans le but de satisfaire
à une monnaie aussi artificielle, transformant des courants d’air,
en d’énormes profits ? Contradicteurs de l’économie distributive,
avez-vous une autre solution à proposer ?
Détruire ou distribuer ?
par
Publication : janvier 1985
Mise en ligne : 24 février 2009