La pauvreté, j’y pense et puis, … j’oublie !
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Publication : mai 2004
Mise en ligne : 7 novembre 2006
Nous avons retrouvé le point de départ de nos démarches dans l’article qui suit, extrait, avec l’autorisation de l’auteur, du bulletin n° 14 du Cercle pour un Partage Équitable du Progrès (Site : www.cerclepep.com)
Eh ! Oui, ainsi va la vie. Profonde prise de conscience émotionnelle sur le moment et ensuite rapide dilution dans le magma de nos petits soucis quotidiens. Au début de l’année 1954, au cours d’un hiver d’une froidure exceptionnelle, l’appel déchirant de l’abbé Pierre a remué les tripes et mobilisé les esprits de millions de gens. Qui ne s’émeut lorsqu’il réfléchit aux détresses, aux souffrances, aux malheurs de tous ces miséreux, de tous ces paumés de la vie, qu’en Occident l’on appelle pudiquement le “Quart monde”, et plus loin, le “Tiers monde”. Mais que reste-t-il de tous nos élans généreux, de toutes nos bonnes intentions, de tous les engagements que nous prenons en ces moments suprêmes, mais si fugaces, où notre cœur s’ouvre à l’amour d’autrui ? Quasiment rien ! Même pas le remord d’avoir failli à nos promesses.“J’y pense et puis j’oublie !”
Mais qui sont les véritables coupables ?
De par la philosophie et la morale humaniste que l’on nous inculque depuis notre petite enfance, nous avons tendance, nous citoyens moyens des pays nantis, ou éléments basiques d’une humanité en perdition, à culpabiliser ! Comment pourrait-il en être autrement lorsque, au catéchisme d’abord, puis à l’école et ensuite dans la société, on nous pétrit l’esprit de tout un ensemble de concepts en “té” : charité, bonté, générosité, solidarité, sociabilité, etc. ! Tous ces mots inventés par tous ceux qui ont des richesses pour inciter ceux qui en ont un peu, à partager avec ceux qui n’ont rien !
Car, si, bien sûr, il faut respecter toutes ces valeurs morales qui exaltent le cœur, il faut bien admettre que tous ces concepts altruistes ne sont applicables que dans un monde où règnent la misère, la pauvreté et l’injustice ! Dans un monde juste et heureux, ces mots en “té” n’auraient aucun sens, ces sentiments n’existeraient même pas !
Alors, à qui profite le crime ?
D’abord aux capitalistes du Medef, ces humains qui doivent avoir un chromosome en moins pour ne vénérer que le Veau d’Or.
Ensuite, aux religieux, quelle que soit leur église, car la misère accroît leur vivier naturel : « heureux les pauvres,… le royaume des cieux leur est ouvert ! »
Et pour finir aux politiques, qui ne sachant quels lobbies satisfaire, à quel saint se vouer, sont devenus des girouettes irresponsables !
Ce sont eux, qui ne voulant pas mécontenter les riches, tout en cherchant vainement à satisfaire les pauvres, ont inventé la “redistribution sociale”.
L’aberrante redistribution sociale
Dans les “jeux de société” on ne redistribue les cartes que lorsqu’au départ a été faite, inconsciemment, une “fausse donne”. Mais au nom de quelle logique, dans cette “société rélle” où nous vivons, est-ce qu’on fait sciemment et volontairement de “fausses donnes”, pour procéder ensuite à des redistributions, dites sociales ?
Ne serait-il pas plus intelligent de distribuer dès le départ, d’une façon plus équitable, les richesses gagnées par la collectivité, plutôt que d’avoir, ensuite, à redistribuer des aides, des primes et autres allocations aux “éclopés sociaux” que notre système, totalement absurde, a lui-même créés ?
C’est comme si nous fabriquions nos pauvres rien que pour avoir ensuite l’égoïste satisfaction morale (et même parfois morbide) de leur faire la charité ! Notre monde est devenu fou !
De nos jours la pauvreté est anachronique
Il faut se rendre à l’évidence, malgré tous les progrès réalisés par l’Humanité depuis l’aube des temps, la misère n’a fait que se développer. Comment aurait-il pu en être autrement si c’était écrit ? Et c’est toujours écrit dans les livres, dits inspirés, des trois grandes religions monothéistes, la Bible, la Torah et le Coran, qui ensemble font l’éloge de la pauvreté et font appel à la charité et à la générosité, pour la soulager.
Seul un écclésiastique, un seul, le Père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement International ATD Quart Monde a pressenti où était la vérité.
Il est le premier à avoir compris et dit que :