La monnaie distributive
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Publication : septembre 1983
Mise en ligne : 15 octobre 2006
Car la monnaie qu’implique l’économie distributive est conçue pour permettre de réaliser ... tout simplement ce qui est matériellement possible !
A l’heure actuelle, tout est bloqué, ou presque, pour des raisons financières. Telle usine ferme parce qu’elle n’a pas de commandes alors qu’elle pourrait fabriquer des choses utiles. Tel commanderait bien, mais il n’a pas de crédits. Tel autre trouve des crédits bancaires et les utilise pour fabriquer de luxueux gadgets inutiles. Tel enfin gagne des fortunes en bluffant ou en pariant en Bourse sur telle action ou sur telle monnaie.
Aujourd’hui, les techniciens disent si telle chose est utile et réalisable, mais les financiers décident si elle sera réalisée. J. Duboin, "les yeux ouverts"
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Quand il s’agit de dépenses publiques, alors que les matériaux et les hommes existent pour les réaliser : stop ! Il faut trouver des crédits ! On fait la quête dans les rues pour la recherche contre le cancer, mais on dépense des milliards pour aménager le forum des Halles de Paris en temple du commerce de luxe.
C’est peut-être pour la production agricole qu’apparaît avec le plus d’évidence l’absurdité où mène le système du marché. On déclare qu’on produit trop et on détruit, pour maintenir les prix, des denrées de première nécessité, comme des fruits, des légumes, des oeufs, du lait etc ... alors que les trois quarts de la population de la Terre souffrent de malnutrition !
On pourrait à l’infini citer des exemples qui prouvent qu’on en est arrivé à ce que la recherche du profit fait totalement oublier la finalité de toute production.
En économie distributive, l’activité économique est orientée par les besoins des consommateurs. Ils sont déterminants car les productions sont entreprises en fonction de la demande transmise, d’une part par les détaillants et autres distributeurs, comme actuellement, et, d’autre part, par les collectivités locales. Ces besoins déterminent du même coup le temps de service social nécessaire à les satisfaire. Ainsi la gestion est double : comptabilité des biens et comptabilité du temps de travail, ce qui est déjà le cas aujourd’hui, mais aucune incidence financière comme les variations du cours de la monnaie où les intérêt d’emprunts à payer, ne vient les fausser, pas plus que la publicité pour faire vendre n’importe quoi ne vient fausser la demande des consommateurs.
Réciproquement, en fonction de la production ainsi définie et réalisée, et déduction faite de ce qui est prévu pour les équipements, services publics, et autres investissements collectifs, le montant des revenus à distribuer pour une période donnée, est calculé et inscrit aux comptes de chacun des membres de la société. Quand l’un deux fait une dépense pour acquérir des biens, la somme correspondante est soustraite de son compte et elle disparait du même coup. D’autres revenus seront créés le mois suivant, en correspondance avec la nouvelle production.