Quelques citations et réparties
Publication : mars 1977
Mise en ligne : 14 octobre 2006
Au cours d’une conférence, à un interlocuteur qui pensait le coincer en lui posant la question suivante : « Si demain vous êtes au pouvoir, quelle solution adopterez-vous ? » Jacques Duboin répondit : « Je subventionnerai les consommateurs au lieu de subventionner la production qui se porte à merveille ». Et Jacques Duboin ajoutait en s’exclamant : « Ah !, en voilà une révolution » !
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« A mesure que les progrès de la technique accroissent le pouvoir de l’homme sur la matière, ils diminuent logiquement celui qu’il exerce sur ses semblables ».
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Je n’ai eu la chance de rencontrer Jacques Duboin qu’une fois à Grenoble où il faisait une conférence, en 1954, je crois. Un auditeur lui posa la question suivante :
- Que fera-t-on des gens qui ne voudront pas travailler ?
- On les condamnera au minimum vital ! répondit-il.
La réponse surprit l’auditeur et sans doute une partie de l’assistance. Etre condamné au minimum vital serait pour beaucoup une sale blague dans notre société de consommation.
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A la fin d’un congrès du M.F.A., vers les années 50, certains camarades trouvant le mouvement trop peu actif voulaient entreprendre une action politique. Rangeant ses lunettes, le Président Duboin leur répondit :
« Allons-y ! Vous voulez prendre le pouvoir ? Partons à l’Elysée prendre la place... Mais que ferons-nous demain ? »
Evoquant les premières mesures d’adaptation à l’économie distributive, il utilisait cette image :
« La révolution doit se faire comme on reconstruit une gare : sans empêcher les trains de passer ».
Et pour ceux qui rêvaient d’interventions décisives, il rappelait son expérience de député : « Quand je projetais de formuler à la Tribune quelque amélioration ou quelque réforme, il se trouvait toujours un collègue pour me dire : « mais est-ce que vos électeurs vous le demandent ? ».
Après un exposé, une question fusait parfois : « Quand l’Economie Distributive s’instaurera-t-elle ? ». La réponse du Président était nette « je ne lis pas dans le marc de café, c’est à vous de la vouloir et de l’exiger de vos élus ».
Enfin, stigmatisant les « économistes distingués » attachés à l’orthodoxie, il disait d’eux :
« Comment voulez-vous qu’ils adaptent leur enseignement à la conjoncture : le lendemain de leur thèse ils font polycopier leurs cours une fois pour toutes ! ».
Certains lui objectaient parfois que l’économie distributive semblant ignorée hors de nos frontières, il serait peut-être difficile aux nations voisines de nous suivre. Il répliquait alors :
« Il n’existe aucun exemple de socialisme distributif au monde. Pourquoi la France, qui fut la patrie de la « Grande Révolution » et de la Déclaration des Droits de l’Homme n’en donnerait-elle pas l’exemple ? ».
A ceux qui cherchaient un modèle de société idéale dans l’histoire, il répondait :
« Si nous avons les yeux sur le devant du visage, c’est pour regarder en avant. Ne cherchez pas à prendre conseil chez les grands bavards de l’Antiquité qui dissertaient à longueur de vie entre les colonnes du Temple.
» Mais rappelez-vous cependant qu’ils n’avaient le loisir de méditer que parce que des esclaves assuraient leur subsistance. Et dites-vous bien qu’en mettant les machines à votre service, vous pourrez tous en faire autant. »
Amer et désabusé, il lui est cependant arrivé quelquefois de regretter : « Si j’avais su qu’il y ait tant de ballots, je serais resté tranquille ». A nous de faire en sorte que sa voix ne soit pas perdue dans le désert.
Membre du Comité Directeur du M.F.A.S.D.