Un pionnier


par  M. BOGUET
Publication : mars 1977
Mise en ligne : 14 octobre 2006

Notre Président n’était pas un laudateur du travail servile et la mentalité de certains syndicalistes le décevait. Je me rappelle à ce propos quelques-unes de ses formules :

« La preuve que l’homme n’est pas fait pour travailler, c’est que ça le fatigue » !

Ou encore :

« C’est le plein emploi des machines qu’il faut réclamer, pas celui des hommes » !

Et, excédé par les obstacles mis devant l’avancement de l’âge de la retraite pour les vieux travailleurs, il eut un jour ce mot :

« Après tout, laissons donc travailler les vieux, ils en ont l’habitude » !

***

Lorsqu’au cours d’une conférence il sentait les hésitations de ceux qu’un bouleversement de leurs habitudes effraient, il se faisait parfois caustique :

« Ce n’est pas nous qui sommes révolutionnaires. Ce sont les faits. Il faut nous y adapter. Bien sûr, on regrette toujours son costume de première communion. Il nous allait si bien ! Nous étions si mignons avec. Mais on ne peut plus rentrer dedans ! ».

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A la fin de certaines conférences, après avoir retracé en termes simples le passage de l’ère de la rareté à celle de l’abondance sous la pression des techniques nouvelles, il concluait :

« Vous voyez, ce n’est pas compliqué. Un enfant de 12 ans comprendrait ! ».

Il faut croire qu’il avait raison car la graine était semée, au moins dans une jeune tête : notre fille Colette, militante en herbe, qui nous accompagnait partout, nous disait sur le chemin du retour : « tu sais, moi j’ai bien compris. C’est mon grand-père Duboin qui a raison ».


Membre du Comité Directeur du MFA