A travers le monde
Publication : 16 novembre 1935
Mise en ligne : 10 octobre 2006
ETATS-UNIS
Le discours de l’honorable Thomas R. Amlie, du 26 août 1935, au Congrès des Etats-Unis, dont nous donnons ci-après un résumé, est important pour deux raisons :
D ’abord, parce qu’une campagne est menée, actuellement en France pour nous persuader que, grâce aux efforts de Roosevelt, la crise est, aux Etats-Unis, en voie de guérison. Il nous apporte des faits précis répondant à une campagne qui tend, sans doute, à préparer en France l’application d’un plan Roosevelt.
Ensuite, parce que le fait qu’un groupe important ait abouti aux Etats-Unis, aux conclusions mêmes auxquelles est arrivé J. Duboin est pour ceux qui le suivent un encouragement précieux.
Voici le début du discours :
« Dans un discours radio-diffusé, à propos du Congrès national des Jeunes démocrates, tenu le 24 août 1935, à Milwaukee, le président Roosevelt a employé deux fois au passé l’expression la récente crise ». Le sens de l’expression employée par le président n’est que trop évident. Elle implique que l’objectif de son gouvernement est atteint : la crise est finie ; le pouvoir a l’intention de se reposer sur ses lauriers.
« Le Président a fait connaître qu’il entendait suivre l’avis de Raymond Moley, paru dans le Magazine Today (27 juillet 1935).
« — Tot ou tard, le New-Deal atteindra le point où ses promoteurs doivent prendre une décision ultime et définitive, pour s’en tenir là.
« Il me semble que ce moment est arrivé... »
« Mais, comme le prétend le président, la crise est-elle finie ?
« La crise est-elle finie pour les 12.000.000 de sans-travail du pays ?
« La crise est-elle finie pour les 20.000.000 de gens qui touchent des secours ?
« Le problème est-il résolu pour les 650.000 fermiers et leur famille qui étaient secourus au printemps, ou pour les quelques autres millions qui, ne recevant pas le coût de leur production, ont été mis en faillite ou expulsés ?
« La crise est-elle résolue pour les onze à seize millions de jeunes hommes et femmes, entre 19 et 29 ans, faisant partie de la génération sacrifiée, et qui se trouvent dans l’incapacité de se procurer une place dans notre système économique ?
« Le problème est-il résolu pour les 600.000 jeunes gens qui, dans les camps de travail, peinent pour un salaire net de 5 dollars par mois, et dont 70 % se sont réengagés à l’expiration de leur contrat, pour la seule raison qu’il n’y a pas de place pour eux dans notre monde économique.
« Le problème est-il résolu pour les deux enfants sur cinq que le service d’inspection des écoles nous montre souffrant de sous-alimentation ?
« La crise est peut-être un mal chronique pour les 49.700.000 Américains qui vivent normalement dans la pauvreté. Mais la crise est-elle finie pour les 15.000.000 d’entre eux qui, par suite de la perte de leurs revenus, depuis 1929, ont été forcés d’accepter un niveau de vie précaire ?
« Depuis la session de janvier du Congrès, les chômeurs ont vécu d’espoir, espoir basé sur la publicité de l’dministration pour les 4 milliards de dollars du programme des grands travaux, qui devait servir à fournir du travail aux chômeurs. Il apparaît maintenant que ce programme n’est purement que la suite de celui élaboré par la F. E. R. A..
« Peu de chômeurs non secourus auront un emploi, et ces quelques-uns-là n’auront pas un salaire suffisant pour vivre.
« Mais le président declare maintenant que la crise est finie.
« La chose est claire : si la crise est finie, les chômeurs doivent se débrouiller eux-mêmes, et ne plus compter sur l’assistance du gouvernement.
« Il est difficile de voir une différence entre cette position et celle de l’individualisme forcené de H. Hoover.
« Quand le président parle de la crise récente, peut-être parle-t-il au nom des six cents compagnies qui contrôlent les deux tiers de l’économie du pays, et dont les gains ont sensiblement augmenté depuis ces deux dernières années ?
« Mais, pour les millions de citoyens qui constituent la population du pays et pour lesquels la crise n’est pas terminée, le président Roosevelt a simplement fermé les yeux sur les problèmes insolubles qu’elle présente pour eux et a pris une position semblable à celle (le Hoover et du parti républicain.
Le New-Deal marchand de disette
La déclaration présidentielle d’il y a un an, disant qu’il voulait rester ou périr et son « refus d’accepter comme une condition nécessaire d’avenir une armée permanente de chômeurs », indiquait qu’il avait saisi que le noeud gordien d’un système basé sur le profit était le chômage.
« Malheureusement, et contre toute attente, les lois émises, au lieu d’améliorer les conditions, les ont empirées. Le New-Deal a peut-être secouru les industriels et les porteurs de titres en créant une rareté artificielle, mais, en ce qui concerne les salariés de l’usine et de la ferme, le chômage n’a fait que croître, et les conditions do la vie se sont aggravées. »
Suit un exposé que nous ne pouvons que résumer brièvement, l’espace nous manquant. L’orateur analyse successivement chacune des lois dont l’ensemble constitue le New-Deal.
Ed. CHARPENTIER.
(A suivre.)
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ITALIE
La suppression des Bourses de commerce. - La suppression des Bourses de commerce qui n’avaient plus d’ailleurs qu’une activité réduite, est un grand pas vers l’étatisation du commerce. Elle sera suivie d’une augmentation du nombre des monopoles d’importation.
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INDES NEERLANDAISES
L’industrie textile. - Pour lutter contre la concurrence japonaise, l’industrie cotonnière hollandaise va installer des manufactures dans les Indes Néerlandaises. A cet effet, 30 firmes se sont réunies en un consortium qui consacrera 20 millions de florins à l’équipement textile de la colonie. On prévoit l’installation de 300.000 broches et 10.000 métiers.
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TURQUIE
L’industrialisation. - Le « combiné textile » (filature et tissage) de Kaiseri (l’antique Césarée), vient d’être inauguré. Il est l’œuvre (tant pour la construction des bâtiments que pour le matériel) de techniciens soviétiques. La première pierre du futur « combiné textile » de Nazill a été posée le 16 août. Le matériel sera fourni par les Soviets. A Ankara, les autobus achetés en U.R.S.S. sont entrés récemment en service.
Des ingénieurs agricoles soviétiques mettent en marche, dans les exploitations turques, tracteurs moissonneuses et batteuses provenant également d’U.R.S.S. Dans tous les domaines de la production, l’influence russe l’emporte sur l’influence allemande.
L’Economie Nouvelle
(oct. 1935).