Au fil des jours


par  J.-P. MON
Mise en ligne : 5 août 2006

Suppressions d’emplois

Je n’en avais pas parlé depuis longtemps, certains lecteurs m’ayant dit que c’était déprimant. Mais il y en a toujours autant, dans tous les pays, en “croissance” ou pas :

Aux États-Unis, le N°1 mondial de l’automobile, General Motors, va supprimer plus de 20.000 emplois et fermer plusieurs usines. En Grande-Bretagne, le groupe français PSA ferme son usine de Ryton, ce qui supprime 2.300 emplois.

Orange, la filiale de téléphonie mobile de France Telecom a indiqué le 4 mai, qu’elle allait supprimer entre 1.800 et 2.000 emplois en Grande Bretagne. Cette mesure s’inscrit dans le plan de 22.000 suppressions de postes présenté le 14 février.

On ne manquera pas de vous dire que ce sont des emplois industriels et que des emplois tertiaires vont les remplacer. On peut rêver... Mais en Grande-Bretagne, les hôpitaux publics font sous-traiter en Inde une partie de leurs tâches administratives et du coup le Service national de santé britannique a perdu 8.000 emplois. Et ces “délocalisations virtuelles” touchent toute la gamme des activités du secteur tertiaire, de l’intermédiation financière aux renseignements téléphoniques, en passant par les réservations de billets d’avion. Les compagnies d’assurance ont aussi massivement recours à la sous-traitance, notamment en Inde, c’est le cas d’Axa qui n’a aucun client là bas, mais dont les polices d’assurances occidentales n’ont aucun secret pour les informaticiens indiens.

On ne s’étonne donc pas d’apprendre que la société de services informatiques Tata Consultancy Services a vu son chiffre d’affaires augmenter de 36 % par rapport à 2004 et que son bénéfice soit en hausse de 41 %. Son concurrent local Infosys Technologies a annoncé un bénéfice en hausse de 30,2 %.

En Allemagne, Allianz, N°1 européen de l’assurance, va supprimer d’ici à 2008, 7.500 postes, soit près d’un sur six. Le plan de “restructuration”, considéré par le président de ses activités en Allemagne comme « un pas douloureux nécessaire pour sécuriser la compétitivité durable d’Allianz », est dénoncé par les syndicats. Le groupe va réduire de 21 à 10 le nombre de ses centres d’administration d’assurances en Allemagne ; les activités d’assurance-vie, d’assurance-maladie et d’assurance-dommages seront fusionnées. L’intégration de ces unités doit permettre de faire passer de 9 % à 12 % le rendement des fonds propres. Rappelons qu’en 2005, Allianz a réalisé un bénéfice net de 4,9 milliards d’euros.

Propagande

Les lendemains économiques qui chantent sont, paraît-il, pour bientôt, quand nous aurons tous été "modernisés" :

Le ministre de l’économie et des finances, Thierry Breton, vient en effet de confier à Claude Perdriel, patron (entre autres) du Nouvel Observateur (le journal de la Gauche caviar), la présidence du Conseil pour la diffusion de la culture économique (Codice) dont la mission essentielle sera la pédagogie de l’économie [1]. M. Breton espère que le Codice aidera son ministère à « valider des thématiques (?) et à trouver des vecteurs nouveaux (?) pour faire progresser la culture économique dans un pays (la France) où elle est notoirement sous développée » et où, selon l’expression d’un des conseillers du ministre « l’acceptation d’une économie moderne fait encore débat ».

À cet effet, un site internet, un budget spécifique et une petite équipe seront mis en place au ministère en 2007. Le bourrage de crâne a un bel avenir devant lui !

Vivement que ces attardés de Français comprennent qu’il faut travailler plus pour gagner moins, pour bénéficier de retraites allégées, d’hôpitaux en déshérence, de services publics inefficaces, d’un marché du travail flexibilisé, etc. Alors et alors seulement, ils seront dignes de rejoindre la grande Europe libérale qu’ils ont massivement refusée en mai 2005. Et ils applaudiront aux initiatives du Medef (voir ci-contre).


[1Le Monde, 07/07/2006.