Les destructions de matériel
par
Publication : 16 décembre 1935
Mise en ligne : 3 juin 2006
Après la destruction des métiers à tisser dans le Nord, on sait que les soyeux lyonnais se proposent d’en faire autant dans leurs usines. Bien entendu avec la complicité du gouvernement, car M. Georges Bonnet est représenté dans les réunions où se prépare ce beau coup. On connaît le mécanisme de l’opération : les industriels vont augmenter d’une taxe spéciale leurs matières premières. Cette taxe servira à gager un grand emprunt avec lequel on achètera de l’outillage que l’on détruira ensuite pour faire reprendre les affaires. Nous sommes à peu près les seuls dans la presse à dénoncer cet acte de folie qui augmentera la misère, et qui ne donnera même pas aux industriels rescapés les profits qu’ils espèrent.
Il faut donc que nos amis fassent tout le bruit possible dans tous les milieux pour que de pareils actes de stupidité collective ne s’accomplissent pas. D’une part, les journaux dits de gauche se taisent (sauf l’Œuvre) ; d’autre part, les journaux de droite présentent l’opération avec un cynisme qui révolte.
Voici un passage que je découpe dans une longue étude qui paraît dans la presse lyonnaise :
« Des gens s’opposeraient, dit-on, à la destruction du matériel ! Alors que l’excès de la production est la source du mal. Sans doute les entreprises qui ne trouvent plus l’équilibre de leurs affaires disparaissent, mais le matériel reste ; qu’il passe en de nouvelles mains à vil prix ou qu’il passe à l’étranger, il continue à perpétuer le déséquilibre entre la production et la consommation. Cela est si vrai que la soie, matière première, vient de doubler de prix en un an (l’auteur de l’article du 20 novembre en tire argument) et le produit manufacturé continue à se vendre sensiblement le même prix ! Ainsi se produit l’anémie mortelle des producteurs et l’avilissement des salaires. Le matériel acquis ou à acquérir par l’étranger est celui qui appartient aux entreprises qui succombent et non le matériel arriéré ou défectueux. Le matériel qui reste en sommeil intervient à nouveau en surabondance au moindre signe d’illusoire activité et le déséquilibre recommence. Il faut donc un organisme assez puissant pour acquérir le matériel et le mettre hors d’état de produire.
« Les experiences faites en ce sens par d’autres industries, en particulier par la teinture, suffisent à en démontrer les avantages. »
Le nom du journal qui ose tenir pareil langage ? Tenez-vous bien, chers amis, son nom est tout un poème LE SALUT PUBLIC !
Oui, c’est au nom du Salut Public (sic) que l’on va détruire les richesses de la France. Après les récoltes, l’outillage ....
Je vous dis et répète que ces gens-là sont des êtres dangereux
Ou des inconscients. A leur choix.