Liberté ou plein emploi ?
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Mise en ligne : 2 avril 2006
Et justement, quelques économistes et sociologues allemands ont fondé un groupe de réflexion qui va précisément dans le sens de l’économie de partage que nous défendons. Qu’on en juge par cette traduction de ce qu’ils publient sur http://www.freiheitstattvollbeschaeftigung.de/français.htm
« Nous constatons que :
• Fonder la participation à la prospérité sur le rendement du travail est valable tant que la prospérité est générée essentiellement par le travail des hommes et des femmes, mais comme aujourd’hui le travail des humains est de plus en plus remplacé par des “machines”, si l’on maintient l’idée d’une distribution exclusive des revenus par le travail, cela mène soit vers un chômage croissant soit vers des revenus qui baissent ;
• La richesse d’un pays est la richesse de tous ses citoyens puisqu’elle résulte des efforts de tous, y compris des efforts des générations précédentes, la notion de justice implique donc de faire participer tous les citoyens à cette richesse.
• La prospérité est le résultat d’innovations réussies qui augmentent la productivité, favorisent la création de richesses, permettent d’automatiser les processus de fabrication et d’économiser la main-d’œuvre. Le chômage n’est donc pas un symptôme de pauvreté mais l’expression de la productivité et de la richesse d‘un pays.
• Renoncer à l’innovation, c’est renoncer à la prospérité et donc à la liberté d’effectuer un travail non rentable, car la liberté du citoyen est aussi la libération d’un travail qui peut être effectué par des machines programmables.
• Forcer les chômeurs à travailler exprime de la méfiance envers eux et restreint leurs libertés de citoyens.
• Le maintien de l’objectif du plein emploi pénalise les chômeurs et les entrepreneurs pour leur productivité.
• Le maintien de l’objectif du plein emploi oblige les citoyens à effectuer des tâches qui peuvent être automatisées, car un travail automatisable est un travail remplaçable, et un travail remplaçable ne peut être créateur de sens. Le maintien de l’objectif du plein emploi va donc de pair avec un nombre croissant de citoyens confrontés à une perte de sens professionnel.
• Le maintien de l’objectif de plein emploi engendre un gaspillage du temps de vie des citoyens car il est lié à des travaux abrutissants et indignes. Ce temps contraint ne peut pas être utilisé pour des activités ayant du sens, la dignité de l’homme n’est pas respectée.
• Si la dignité et l’intégrité de l’homme ne sont plus les objectifs prioritaires de la décision politique, alors les fondements de la société sont bouleversés. »
En conséquence, ce groupe propose l’instauration d’un revenu de base inconditionnel pour tous les citoyens : « Ainsi :
• les familles pourront se consacrer à l’éducation de leurs enfants sans se soucier d’avoir à trouver un revenu ;
• la sérénité obtenue par la sécurité du revenu favorisera l’innovation dans tous les domaines parce que ces innovations ne dépendront plus d’un écoulement sur un marché ;
• les entreprises se renforceront parce qu’elles pourront automatiser sans se soucier de licenciements et compter sur des collaborateurs performants et travaillant volontairement ;
• l’économie nationale prospérera parce que les industries et les secteurs économiques non rentables n’auront plus besoin d’être subventionnés ;
• la bureaucratie diminuera de façon significative, notamment par la réduction du nombre des allocations qui existent actuellement.
Un revenu de base inconditionnel pour tous renforce donc la responsabilité et la liberté des citoyens. »
Ajoutons à l’intention de nos amis allemands : encore faut-il que ce revenu de base soit suffisamment élevé pour subvenir aux besoins essentiels.