Hé, les femmes !
par
Mise en ligne : 17 février 2006
Je viens d’assister dans le cadre du festival du film court francophone de Vaulx-en-Velin, à une soirée spéciale consacrée à la femme et au cours de laquelle plusieurs films furent présentés sur ce thème. Benoîte Groult l’honorait de sa présence. Elle a 85 ans et n’a pas perdu un poil de sa verve corrosive et pleine d’humour. Bien que les femmes vivent mieux maintenant, et elle le reconnait, elle constate que la pensée féministe n’est guère transmise aux nouvelles générations. Il lui semble que la société actuelle rétrograde et que la femme y redevient une femme-objet. Il suffit, dit-elle, de regarder la prolifération des magazines féminins dans lesquels on ne lit plus que des conseils de beauté et des régimes amincissants !
Mais leur situation est plus grave en Afghanistan. Les femmes n’y retrouvent pas les professions qu’elles exerçaient avant le passage des talibans (médecins, institutrices, etc.).
Comme nous, la publicité horripile Benoîte Gould, d’autant qu’elle muselle la presse : elle se souvient que plus jeune, elle a participé à la rédaction d’un hebdomadaire féminin, et qu’au fur et à mesure que ses idées paraissaient, les recettes publicitaires diminuaient jusqu’au tarissement complet, alors vint la disparition du magazine. J’ai pu lui parler. Je lui ai dit que tout est fait pour abrutir le peuple et lui enlever une grosse partie de son esprit critique, et j’ai pris en exemple la soirée de l’élection de Miss France où 10 millions de personnes étaient rassemblées devant la télé, alors que le Téléthon (que je n’apprécie guère) n’a atteignait pas, le même soir, deux millions de téléspectateurs. Elle trouve ça atterrant d’autant plus qu’on ne peut rien faire contre cet état de chose. Et elle m’a exprimé son amertume sur le silence entretenu par les médias sur les grandes voix féminines.
Un espoir quand même : de plus en plus de femmes prennent le pouvoir, et elle a cité la Suède en exemple, où le Parlement compte autant de femmes que de mâles. Depuis qu’il en est ainsi, et comme par miracle, dit-elle avec humour, le Parlement suédois est doté d’une crèche ce qui permet aux jeunes mamans de s’occuper pleinement de politique.
En Allemagne, où ses livres sont plus lus qu’en France, la situation des mamans est catastrophique car toutes les crèches ferment en début d’après-midi ce qui leur enlève toute possibilité d’exercer pleinement un métier. Benoîte Groult nous a cité des cas de jeunes femmes ne voulant pas d’enfants à cause de cette situation.
En France les femmes sont un peu mieux loties à cause des maternelles et des crèches dont les horaires sont moins stricts.
Mais il faut rester vigilant, car le discours actuel tend à renvoyer les femmes au foyer comme autrefois.