Socialisme sans issue
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Publication : octobre 2021
Mise en ligne : 6 mars 2022
La question de la transition vers une économie de partage, des richesses et de la charge de leur production, reste une question centrale de nos réflexions. François chatel apporte son point de vue à travers une analyse de l’histoire du socialisme.
Depuis deux cents ans, une nouvelle doctrine politique, le socialisme, a vu le jour tant les inégalités sociales à l’aube de la révolution industrielle sont devenues criantes, et elle s’est donné pour mission d’améliorer le sort des travailleurs exploités par la nouvelle classe dominante : la bourgeoisie capitaliste.
Par la lutte pour l’amélioration des conditions d’existence, son objectif théorique devint l’abolition du capitalisme, l’avènement d’une société communiste sans classes sociales ni salariat et le passage à la propriété collective des moyens de production.
Cependant ni Marx ni Engels se sont prononcés sur la procédure à suivre pour atteindre le but ultime et s’en sont remis à prédire une issue obligatoire, historiquement inéluctable de la société. Or, depuis que les années et les décennies défilent, depuis que les évènements s’enchaînent et les situations favorables se présentent, le socialisme n’a fait que du sur-place ou s’est même durement discrédité, au point que l’avènement du communisme réel s’estompe, et apparaît aujourd’hui totalement illusoire. Il est devenu une chimère du passé.
Pourtant, le peuple y a adhéré telle une profession de foi. Alors, que s’est-il passé pour avoir perturbé la théorie ou quelles hypothèses furent omises ou mal posées pour que le résultat escompté soit absent ?
Mais y avait-il compatibilité entre l’application du précepte de Saint-Simon : « À chacun suivant ses capacités, à chacun suivant ses œuvres » et celui du communisme : « À chacun suivant ses moyens, à chacun suivant ses besoins. » ? La transition est-elle possible ? Le premier peut-il favoriser l’avènement du second au point de lui permettre une substitution ?
Entre les œuvres et les besoins, il existe un monde à franchir, une situation matérielle et mentale à atteindre, capable de pouvoir dissocier le travail et la production d’avec les besoins liés à la distribution. Pour que les besoins soient pris en compte plutôt que les œuvres, il est nécessaire que l’abondance ait suppléé la rareté en ce qui concerne l’assouvissement des besoins de base (alimentation, logement, santé, etc.) et ainsi permettre librement l’accès aux autres besoins humains, sociaux, politiques, culturels. Mais si l’abondance matérielle a été potentiellement atteinte, l’histoire montre que la transition mentale fut trop difficile à s’établir, tant les idées préconçues restèrent ancrées dans les esprits. Des considérations perverses comme la valeur attribuée au travail, celles décernées aux capacités individuelles, à la notion de mérite, entre autres, maintenues comme des préceptes immuables, empêchèrent l’évolution et la libéralisation économique et sociale promises. Pourquoi le mental n’a-t-il pas suivi le matériel ?
Marx, du socialisme au communisme
Il est étonnant que Marx ait fait autant confiance au socialisme scientifique, détenu par les intellectuels du mouvement, pour mener la lutte des classes et instruire le peuple des travailleurs afin d’atteindre le communisme. En différenciant lui-même le travail simple manuel d’avec celui de complexe intellectuel, il a créé, comme le lui signala Bakounine, un prétexte à domination et une stratégie pour maintenir ce nouveau pouvoir. Celui-ci poursuivit, clairvoyant et visionnaire, qu’en cas de prise de pouvoir des intellectuels socialistes, certes anciens ouvriers, mais devenus gouvernants ou représentants du peuple, ils se mettront à regarder du haut de l’État et ne représenteront plus le monde prolétaire, mais eux-mêmes et leurs prétentions à le gouverner. « La plupart des intellectuels méprisent plus ou moins les ouvriers manuels, et se croient sans peine les plus aptes à tout comprendre, les plus capables de tout gouverner, les plus dignes de tout diriger. Le travail aux ouvriers, le pouvoir aux "gens cultivés" ! C’est ainsi qu’ils entendent la hiérarchie sociale. » [1]
Cette différence de considération a été accordée par la bourgeoisie possédante à l’égard des intellectuels scientifiques et politiciens socialistes, par la reconnaissance de leurs capacités. Le maintien de cette situation créa une alliance entre le monde capitaliste et le gratin socialiste. Si les socialistes s’entendirent avec leurs chers ennemis bourgeois sur l’idée du paradis consumériste, ils projetèrent néanmoins (et réussiront d’une certaine manière) de prendre en main les systèmes de production. Pendant ce temps, le peuple maintenu en "esclavage" et dans l’ignorance, se livra, complexé et s’estimant incapable, à "ceux qui savent" pour gérer l’avenir socialiste vers le monde meilleur du communisme. Ainsi, à l’instar de l’État, le rôle dominant du gratin socialiste ne pourra dépérir que dans un avenir indéterminé, lorsque seront abolies les différences entre le travail intellectuel et le travail manuel. Il est facile de constater aujourd’hui même, les barrières dressées afin d’empêcher le peuple d’accéder à la connaissance utile à la gestion de la société. Il est certain qu’en maintenant la formule saint-simonienne "à chacun selon ses capacités, à chacun selon ses œuvres", les inégalités les plus criantes se trouvent légitimées. Comment le peuple besogneux soucieux de s’octroyer de quoi satisfaire ses simples besoins élémentaires pourraient acquérir les connaissances indispensables à l’administration de la production et de la vie sociale en général ? Il devrait donc apprendre, au moyen d’efforts surhumains, en dehors des pénibles journées de travail, le soir et la nuit, les dimanches et jours fériés, en résistant aux incitations publicitaires de loisirs. Et surtout permettre à ses enfants de poursuivre des études longues qui, en fait, les conduiront à l’acquisition de la culture des possédants et de s’y soumettre. De quoi garantir aux exploiteurs une vie parasitaire tranquille pour l’éternité.
La religion socialiste
La bourgeoisie possédante et fortunée a préservé cette intelligentsia socialiste en leur octroyant différentes places chaudes et confortables et même des fauteuils ministériels et présidentiels. Elle a bien compris que le bavardage socialiste pouvait lui être aussi utile que la propagation de la foi chrétienne, autant sinon davantage que la répression. Car le discours était le même. Les curés exhortaient le peuple de ne pas se révolter au risque de perdre l’espérance en le royaume céleste. Les dirigeants socialistes conseillaient également au peuple d’attendre le moment propice où il sera suffisamment éduqué pour être capable d’une vie communiste et fraternelle et de prendre en main son destin. Pour le moment, ne pas se révolter, au risque de détruire tout le fondement socialiste.
Que ce soient les capitalistes, protégeant la société qui leur a permis de naître, ou les socialistes intellectuels, cherchant à confirmer leur ascendance, tous se rangent et font profession de foi envers le culte du développement intensif des forces productives et industrielles. Ils professent que le progrès technique et technologique se situant "au-dessus de la volonté des hommes", on ne peut que lui obéir et lui dédier tout son corps et son esprit. Voici l’humain sous la domination d’un nouveau dieu, le progressisme, et de la hiérarchie qu’il institue. Même les problèmes écologiques, le réchauffement climatique, les pollutions et les maladies associées, ne pourraient influencer ou détourner l’obstination religieuse, cette foi inquisitrice toute dévouée au mythe moderne du progrès. Si, hier, l’objectif final du socialisme était la fin du prolétariat et l’abolition de la propriété privée des moyens de production, il a connu une évolution de type hypocrite semblable à celle de la religion chrétienne. Le "paradis" communiste fut repoussé à bien plus tard, aux calendes grecques. Pourquoi s’en faire, puisque, d’après Marx et Engels, l’avènement du communisme était inéluctable ? Qu’importait alors la complicité acceptée avec le capitalisme puisque l’aboutissement politique, économique et écologique serait obtenu grâce au progrès technique et à la libéralisation de l’humain vis-à-vis de ses racines biologiques ? N’est-ce pas le programme plébiscité par le parti LREM ? Ce parti n’est-il pas la représentation concrète des prédictions de Makhaïski- quant à l’évolution du socialisme récupéré par les intellectuels petits bourgeois, partisans du libéralisme et de la moralité sociale ? Le socialisme a muté en défenseur du progrès bourgeois, comme n’importe quelle religion se fait le protecteur du système d’oppression en vigueur. La situation politique actuelle n’est que le résultat de la mise en place d’un système précis d’illusions anesthésiantes pour les esclaves du capitalisme bourgeois. Le marxisme a servi d’enseignement religieux de la légitimité, de la conformité au but, du caractère bienfaisant du progrès bourgeois, qui s’inscrivait dans un rôle historique à la préparation du paradis communiste.
La croyance marxiste dans le passage inévitable du capitalisme au socialisme, la croyance dans le capitalisme en tant que prémisse indispensable au socialisme, ont ouvert la porte à une totale soumission volontaire et fidèle au progrès et au développement bourgeois. À tel point que le pouvoir en Russie a été récupéré par les bolcheviks, qui n’ont pas pu le laisser au peuple réuni en soviets prétextant une révolution prématurée, glosant que le passage obligé avait été escamoté. Ainsi l’État y a remplacé le patron bourgeois s’assurant les revenus de la production ouvrière. Cependant, comme avec le capitalisme, une hiérarchie sociale s’est instaurée, avec au sommet, les socialistes intellectuels et dirigeants dont les privilèges ont été prétextés en vertu des services rendus au pays. Pour masquer l’arbitraire, les socialistes ont propagé des sermons à plusieurs générations d’esclaves sur le bonheur extraordinaire qui les attend dans l’avenir, le paradis communiste que connaîtront leur descendance.
Aujourd’hui, le communisme a perdu toute son aura porteuse d’espoir pour les travailleurs. La responsabilité en incombe aux leaders socialio-communistes, qui n’ont que cherché à garder et protéger leurs prérogatives acquises dans un contexte sociétal, dit de passage, et octroyées par les capitalistes bourgeois qui, en raison de la complexité croissante des machines et des recherches scientifico-technologiques, ont eu besoin de compétences appropriées. La soumission du socialisme au capitalisme a fini de le discréditer. De même, à plus forte dose encore, « toute la Russie sait désormais que le socialisme révolutionnaire, éclairé par la science "prolétarienne" et infaillible des marxistes, est le serviteur le plus sûr et le plus fidèle de la bourgeoisie » [2]. Il n’en reste, comme pour la religion, qu’un substrat de morale sociale, un vernis communautaire de plus en plus soluble dans le néo-libéralisme. Seule la foi dans le progrès technique perdure désormais et nourrit l’espoir de l’avènement d’un monde nouveau.
Qu’a donc été le socialisme ? Une si belle et prometteuse idéologie sur l’égalité universelle, sur une vie juste, une société solidaire, a été détournée, récupérée, elle est devenue un sermon trompeur et fallacieux sur le bonheur réservé aux futures générations, et qui a incité ceux qui s’y sont laissé prendre à se mobiliser pour le progrès technologique soi-disant garant de ce bonheur, et ainsi faire perdurer et aggraver le pillage global. Ce genre de sermon n’est pas le premier dans l’Histoire. Il est propagé systématiquement auprès des esclaves afin d’assurer leur oppression par toute espèce d’apôtres, de curés, de propagandistes. Le christianisme, tout comme le socialisme, s’est déclaré le défenseur des pauvres, des opprimés, mais s’est révélé être leur plus rusé ennemi, leur geôlier, tout cela pour l’avènement du même "règne divin", rebaptisé "idéal socialiste".
La progression de l’abstention aux dernières élections montre les progrès de la désillusion, qui atteint les niveaux sociaux les plus démunis et les plus précaires. Les difficultés sociales, qui touchent désormais la classe moyenne d’hier, amènent une démission populaire vis-à-vis de l’escroquerie politique. La courbe croissante de l’abstention suit celle de la précarité sociale. Cette désillusion a largement été causée par la faillite de l’espoir socialiste, par l’abandon du peuple par ses "élites".
Les socialistes et la politique
Au sein du système capitaliste, que ce soit aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France ou ailleurs, le socialisme a été détourné pour en faire un mouvement de récupération du peuple, une stratégie efficace pour le manipuler. Il n’a été qu’un leurre utilisé pour détourner la colère ouvrière lors des crises cycliques ou des évolutions du capitalisme. Georges Sorel, partisan de la doctrine marxiste, a fait la même erreur en pensant que le passage au communisme serait évident. C’était sans compter sur le prolétariat intellectuel qu’il méprisait violemment, en le traitants de gens qui font profession de penser et qui en demandent une rétribution aristocratique, considérant la noblesse de ces fonctions. Il les critiquait avec véhémence de vouloir persuader les ouvriers que leur intérêt était de les porter au pouvoir et d’accepter la hiérarchie des capacités afin de se mettre sous la direction des hommes politiques, censés apporter ces améliorations attendues pour leurs conditions de vie, par la lutte contre le patronat, en attendant le grand soir.
La situation fut semblable aux États-Unis où les intellectuels issus du prolétariat, conditionnés dans les écoles ouvertes par les riches industriels par besoin d’une main-d’œuvre qualifiée, réclamaient la reconnaissance de leurs capacités par des rémunérations supérieures. Ce qui se traduisit, à la grande satisfaction de la bourgeoisie possédante, par la création d’une classe sociale tampon, protectrice de leurs privilèges. Cette classe sociale, formée des enseignants, des médecins, des juristes, des administrateurs, des ingénieurs, des techniciens, des politiciens, était suffisamment rémunérée pour veiller au maintien du système, pour en être les loyaux défenseurs contre la plèbe. Cependant, les crises économiques successives, notamment celles de 1893 puis 1929, firent que les intellectuels se saisirent des idées socialistes, non pas pour établir l’égalité sociale, mais pour prendre la place du patronat, jugé piètre dirigeant d’entreprises et profiteur économique, et s’assurer le pouvoir tout en maintenant les travailleurs dans leurs conditions de travail proches de l’esclavage. Prenant l’appellation de progressistes ou de démocrates, en opposition aux conservateurs jugés politiquement maladroits, ils se lancèrent dans des réformes judicieuses, de façon à récupérer le prolétariat et maintenir le rapport classique entre capital et travail.
À quoi sert le parti démocrate aux États-Unis sinon à canaliser le mécontentement et les révoltes en périodes de crises capitalistes ? Ce fut exactement le cas du New-Deal de Roosevelt qui permit de contrôler la population et de garder intact le capitalisme. Les riches continuaient de maîtriser les ressources de la nation, ses lois, ses tribunaux, sa police, ses journaux, ses églises et ses collèges. En 2008, les américains étaient massivement disposés à sauver les détenteurs d’hypothèques. Or, qu’a choisi Obama, considéré comme un socialiste radical, sinon de renflouer les banques en adoptant une résolution émise par le parti républicain ? En France, le parti socialiste a fait de même, lâchant quelques lests sociaux afin d’apaiser et maîtriser les travailleurs, mais l’Europe "progressiste" a rapidement repris les rênes et imposé ses directives politiques et économiques, qui se sont traduites par une vague de privatisations sous le gouvernement de L. Jospin, puis par des mesures dignes de la politique bourgeoise en faveur des entreprises, en ce qui concerne la croissance et l’aménagement du travail sous les gouvernements de M. Valls et de B. Cazeneuve. Partout, cet antagonisme de théâtre entre gauche et droite s’est toujours défini par la défense de la propriété et de l’entreprise. Il n’a jamais été question de remettre en cause les vertus économiques de la culture capitaliste, considérée comme inhérente à la "nature humaine". Désormais, dans l’ensemble des pays déclarés démocratiques, nous nous retrouvons avec deux tendances politiques majoritaires de droite qui jouent le jeu de l’affrontement, au service de l’oligarchie mondiale : aux États-Unis, démocrates et républicains, au Royaume-Uni, travaillistes et conservateurs, en Allemagne, le CDU/CSU et le SPD, en France, LREM et le RN. Dans un système dominé de cette façon par deux partis, aussi liés l’un que l’autre aux intérêts privés des milieux d’affaires, les électeurs peuvent être impunément ignorés. Les détenteurs du pouvoir, de l’un ou l’autre parti dominant, possèdent en commun la capacité de diriger la frustration des citoyens sur des groupes sans défense, tels des boucs émissaires, ou sur des problèmes externes à la politique intérieure, des monstruosités réelles ou imaginaires qu’ils soient sociaux (le harcèlement patriarcal, l’avortement, le droit à l’enfant, etc.), sanitaires (Covid-19) ou de politiques extérieures (V. Poutine, Bachar el-Assad, la Turquie, l’Iran, etc.).
De même, l’autorisation de création ou reconnaissance des syndicats n’a été qu’une stratégie de maîtrise des révoltes, manifestations et grèves spontanées qui gênaient le patronat et se soldaient par des répressions sanglantes. Aucune des organisations syndicales existantes n’est ni n’a été en mesure de préparer la grève générale nécessaire à l’avènement du monde socialiste promis. Car toutes ces organisations sont légalistes, et ne perdurent qu’en empêchant la révolution des travailleurs, en protégeant l’ordre étatique et social.
Un changement radical
Marx et Engels n’ont pas su prévoir cette évolution engendrée par les besoins industriels au service du progrès technique, et dont se sont saisi les capitalistes pour séparer et ainsi mieux régner. Ce socialisme des intellectuels a détruit le rêve né dans les esprits de tous les travailleurs pendant deux siècles. L’appât des privilèges et du pouvoir a favorisé l’infidélité de ces intellectuels corrompus par la stratégie bourgeoise pour laquelle ils ont été les jouets.
Il faut donc en finir avec cette idéologie chimérique qui prône ce passage progressif du capitalisme au communisme à l’aide du socialisme, de la lutte des classes et de la conquête du pouvoir par le suffrage universel. Peut-on créer la paix en s’entraînant à la guerre, et l’égalité en créant une hiérarchie ? On n’atteint une fin qu’avec des moyens utilisés à l’image du monde qu’on veut créer.
La transition doit être radicale et aussi efficace qu’un coup de balai. La mise en place des concepts élaborés en amont suivant une stratégie préparée, doit permettre de tourner la page, quitte à les peaufiner, les adapter suivant les besoins émis par la réalité. Ainsi, contrairement à la théorie socialiste, il sera nécessaire de rompre avec la conception de l’État souverain pour une démocratie directe et participative, recherchant en priorité le consensus. Car aujourd’hui l’État est synonyme de domination et tend à mettre en place toutes sortes d’esclavagismes. Le salariat en est une forme qu’il sera aussi nécessaire d’abolir, pour le plus grand bien de tous. Le maintien de la révolution dépendra de sa capacité à éliminer toute classe dirigeante, qu’elle se présente comme conservatrice ou progressiste. La liberté ne sera effective que par l’expropriation de tous les pillards, les exploiteurs et par l’abolition de tous les moyens coercitifs. De même, le temps du socialisme est révolu car il appartient désormais au passé, comme le fut le féodalisme, la monarchie absolue, comme l’est le capitalisme qui ne dure que pour générer de graves problèmes. Il ne peut que disparaître avec son idéologie d’unir les pillards et les pillés en une seule fin sociale "immanente" : le progrès de l’industrie dans une communion entre exploiteurs et exploités.
La seule solution est une grève générale, mondiale, des travailleurs. Un soulèvement contre tous les moyens d’exploitation et de pouvoir. Aucun parti socialiste n’a pensé , ni suggéré, une telle insurrection capable d’instaurer une nouvelle civilisation qui fasse autant table rase de toute hiérarchie sociale, de tout exploiteur capitaliste, de tout pouvoir central d’État, de tout organe central législatif. L’objectif sera de poser ces nouvelles règles économiques et politiques, définies démocratiquement en vue de leur application immédiate. À partir du moment où chacun recevra un revenu égal, la société pourra cesser d’éduquer les uns pour en faire des maîtres et les autres des esclaves, et alors naîtra une génération d’hommes égaux malgré leurs différences.
Cet article est inspiré des essais suivants :
– Jan Waclav Makhaïski, "Le socialisme des intellectuels", ed. Spartacus.
– David Graeber, "comme si nous étions déjà libres", ed. Lux éditeur.
– Jacques Bouveresse, "Le mythe moderne du progrès", éd. Agone.
– Howard Zinn, "Une histoire populaire des États-Unis", éd. Agone.
[1] Hubert Lagardelle, "Les intellectuels devant le socialisme." éd. les cahiers de la quinzaine, 1901.
[2] Jan Waclav Makhaïski, "Le socialisme des intellectuels", ed. Spartacus.