Machinations
par
Publication : octobre 2020
Mise en ligne : 15 janvier 2021
La nouvelle tendance, un peu comme une mode,
Est le dénigrement, (voyez si c’est commode ! )
De toutes les machines ou choses automatiques :
C’est l’ennemi, le diable, un diable mécanique.
Est-ce l’effet covid qui ainsi désespère ?
On reparlerait bien d’un retour à la terre…
Moi même j’ai raillé la machine à penser,
La machine à soigner et celle à informer,
Tous ces automatismes ôtant nos réflexions,
Notre lucidité d’humaine condition.
La machine a bon dos comme bouc émissaire :
Apprendre à s’en servir, sans doute, est nécessaire.
La machine détruit l’emploi des travailleurs
Fait un monde factice et cause nos malheurs.
La productivité est son bel alibi
Mais pourtant la croissance halète et s’affaiblit.
Elle est répétitive, aveugle et routinière
Et sa fameuse “I.A.” n’est pas ce qu’on espère.
La machine devait supprimer nos efforts
Mais ne fait qu’en vouloir imposer de tous bords.
Elle nous promettait bien plus de liberté
Mais aura fait de nous des esclaves dorés.
La machine abrutit, empêche la culture
Et, en plus, nous pollue, et salit la nature.
Voici donc la machine habillée pour l’hiver !
Pourtant, réfléchissons. Tentons d’être sincères :
Qui voudrait se passer de machine à laver ?
Qui espère rincer sa vaisselle en évier ?
Qui voudrait revenir au téléphone à pied,
Au porte-plume ancien trempé dans l’encrier ?
Mettre à la voile un mois pour aller aux U.S. ?
Les voyages : à cheval ? le ski : sans tire-fesse ?
Les robots nous évitent un millier de corvées,
Aident la chirurgie, font vivre plus âgé.
L’exploration spatiale aux machines énormes,
Nous fait dans l’univers découvrir mille formes…
Lavoir et serpillère, ravaudage et tricot
On n’entend plus souvent le son de ces doux mots…
Et si bien des poètes en ont la nostalgie,
Laissons les nous chanter ces jolies litanies.
Comme l’aspirateur a tué le balai,
Le confort finira par par tuer les regrets.
On voit bien sous ces airs de noirs dénigrements
Dame consommation exhibant des relents
Que notre société se plait à déplorer.
Mais c’est un faux sujet de pays évolué :
Les enfants du Kenya, quand ils n’auront plus faim,
Diront que la machine est le plus bel engin.
La machine n’est rien sans le cerveau des hommes.
Celui du chirurgien, celui de l’astronome,
Ceux de la ménagère ou bien du boulanger.
La crainte d’un robot nous dictant ses arrêts
En étant vigilants, un conte restera.
La machine sans l’homme ? Elle n’existe pas !
A se faire ainsi peur, les hommes adorent jouer
Mais leurs contradictions finissent par sombrer.
La machine est futée, autant qu’on l’a bâtie
Et au cerveau de l’homme est encore asservie.
Elle saura déjouer cette machination,
Puisqu’elle est le fruit seul de notre intervention.