Réflechir sur l’essentiel
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Publication : mai 2020
Mise en ligne : 3 octobre 2020
De nombreux messages sont arrivés dans notre boîte mail nous demandant de participer, à défaut de faire autre chose, à des actions à haute charge symbolique, telles que signer une pétition, allumer une bougie et prier, sortir sur le pas de notre porte à 20 heures et applaudir pour témoigner notre soutien aux personnels soignants et autres (pompiers, etc., en n’oubliant pas les auxiliaires de vie à domicile dont on parle si peu et tout aussi exposées...), ou apposer un message de soutien sur notre maison, et même penser à préparer la fête de la fin du confinement !
Toutes actions que nous nous garderons bien de juger et que nous mettrons en œuvre en totalité, partiellement ou pas du tout. Si cela fait du bien à beaucoup de personnes, il est certain que ça ne fait absolument pas de mal.
Nous ne sommes bien sûr pas insensibles à toutes ces détresses.
Et comme vous, toutes nos pensées vont vers l’ensemble des personnes atteintes par le virus, eux- mêmes ou leurs proches.
Toute notre vie de militants, nous avons pensé et agi avec et pour les autres. Ce n’est donc pas aujourd’hui que nous changerons !...
Et c’est aussi la RAGE que nous portons en nous actuellement qui nous fait écrire ces lignes, peut-être une thérapie pour l’estomper ?!
Ce temps imposé-indispensable qui « suspend son vol » nous permet :
• de lire, d’écouter de la musique, d’observer la nature, de réentendre les oiseaux, de jardiner (pour ceux qui en ont les possibilités physiques et le terrain), d’apercevoir plus souvent nos voisins en demandant si ça va ; et d’appeler avec notre bon vieux téléphone fixe nos connaissances familiales, amicales, adhérent-e-s de Thur Ecologie (TET), d’échanger longuement, car ce n’est pas « la machine mail » qui permet de transmettre les émotions ou les intonations des voix humaines.
• et surtout de RÉFLÉCHIR sur l’essentiel, les besoins fondamentaux de chacun et de tous..., le présent évidemment, mais aussi sur le passé et le FUTUR, l’après coronavirus...
Car la situation actuelle de nos hôpitaux ne doit absolument rien au hasard. Au contraire, cela a été soigneusement organisé, on pourrait même dire : planifié. Prenez le temps de lire sur “la bête” à propos des réformes de l’hôpital public le livre La casse du siècle, de 192 pages, qui est actuellement en accès libre sur le site Reporterre à l’adresse : https://reporterre.net/Comment-les-politiques-neoliberales-ont-ebranle-l-hopital-public Saint-Amarin, le 26 mars 2020.
Demain se prépare aujourd’hui...
Nous aimerions aussi entendre quelques revendications du style : « Réouverture totale des services des hôpitaux de Thann et d’Altkirch, Suppression immédiate de l’Agence régionale de la Santé, Annulation de la dette de l’ensemble des hopitaux publics, Retrait des clés du camion de la Santé publique des mains des pompiers pyromanes qui ont conduit notre système de santé à la détresse vécue par l’ensemble des soignant-e-s, pour la confier au peuple ».
Cela supposerait que les citoyennes et les citoyens s’investissent de nouveau dans le fonctionnement de la société, abandonné depuis trop de décennies à une soi-disante élite.
En un mot, qu’ils refassent de la Politique au sens noble du terme, dans l’intérent de TOUS !
Ce « petit virus inodore, invisible » a mis en lumièrre la fragilité et la misère de notre système sanitaire. Il a aussi mis en évidence notre dépendance totale à la grande distribution et à l’agriculture « industrielle ».
Imaginons un instant que la chaîne d’approvisionnement alimentaire vienne à s’interrompre ! Quelles conséquences dans notre petite vallée de la Thur, en ville, etc. Très rapidement, nous n’aurions plus le moindre légume ou fruit à nous mettre sous la dent !
Et ne parlons pas d’autres produits de nécessité.
De plus, force est de constater que « î », ne remplacera JAMAIS l’éducation avec les enseignements, en chair et en os. ( Lire à ce propos sur le net : https://reporterre.net/Sans-enseignants-la-pedagogie-virtuelle-aggrave-les-inegalites )
Tout cela nous éclate à la figure en mettant au grand jour toutes les inégalités engendrées par un « SYSTÈME » qu’il est urgent de changer.
Alors, rêvons un peu !
Soyons même un peu fous !
Dès que cette période compliquée, difficile et éprouvante sera passée, dès que nous serons à nouveau autorisés à nous rencontrer, donnons-nous rendez-vous pour entamer la nécessaire reconstruction de l’hôpital public, mais aussi pour assurer les soignants de notre soutien qui leur a tant manqué lors de la fermeture de la maternité, des urgences, des soins intensifs de Thann et de la grêve des urgences à Mulhouse, et ailleurs, qui a duré plus d’un an et pendant laquelle ils essayaient désespérément de nous alerter sur la situation catastrophique des hôpitaux publics.
Nous devons cela et à toutes les personnes victimes innocentes de l’incurie des pouvoirs publics.
P.S. Ce texte n’engage que nous et en aucun cas l’association Thur Ecologie.