Bonjour ma déception !
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Publication : novembre 2017
Mise en ligne : 7 février 2018
Voilà six mois que le nouveau Président de la République française applique “sa” politique, celle qu’il avait annoncée au début de cette année, au cours de sa campagne électorale. Sans opposition ni hésitation, et souvent dans le secret jusqu’au dernier moment (la concertation annoncée n’étant en général qu’apparence), cette application se fait à vive allure, ses effets sont donc déjà sensibles.
Passant en revue les “pour” et les “contre” de cette politique, avec un indéniable souci d’objectivité (il a voté pour Emmanuel Macron au second tour des présidentielles), Michel Berger en fait ici le bilan :
Je l’avoue, au deuxième tour des élections présidentielles, j’ai voté pour Emmanuel Macron… Ce n’était pas mon candidat préféré, mais sauf à s’abstenir, le seul acceptable, au risque d’ouvrir la porte au FN.
J’ai voulu me persuader qu’Emmanuel Macron incarnerait un renouveau, une jeunesse et une vitalité un peu absentes chez nos précédents chefs d’État. Sa prétention à être « en même temps » de droite et de gauche pouvait inquiéter, mais ce refus d’une certaine forme de manichéisme m’apparut de bon augure. J’avais espéré qu’avec un peu de chance il incarnerait une évolution de la France vers une sortie progressive du capitalisme, et je partageais certains de ses objectifs écologiques, européens et, dans une certaine mesure, économiques.
C’est vrai qu’il visait dans ce domaine surtout la création d’emplois nouveaux, recherche difficilement contestable à court terme mais qui ne nous prépare pas à d’autres modes de production que le libéralisme. Les emplois, et surtout les emplois salariés, ne pourront que disparaître (au moins en partie) à moyen et long termes. Il faudra donc trouver d’autres moyens que le revenu du travail pour répartir les richesses et les services. Je pense en particulier au revenu d’existence, vaste sujet de débats déjà évoqué à plusieurs reprises dans La Grande Relève.
Le parcours professionnel de notre jeune président était atypique. Une première carrière dans une des plus grandes banques d’affaires, abandonnée au profit d’un poste ministériel dans un gouvernement de gauche. Ce choix témoignait, à mes yeux, d’une orientation vers le bien commun, et d’un renoncement à l’enrichissement personnel que lui assuraient, sans comparaison possible, ses activités antérieures.
Puis cette fulgurante campagne électorale, organisée de main de maître. Ses discours étaient en général intelligents, juste un peu inquiétants par moment lorsqu’il se livrait à des excès de lyrisme déplacés. J’écoutais d’une oreille distraite ceux qui voyaient en lui un émissaire des grands financiers, je pensais même qu’il les avait un peu trahis, ce qui n’était pas pour me déplaire. J’ai donc accepté de lui laisser sa chance, un peu endormi par un programme en fin ce compte assez libéral, mais tempéré par la promesse de multiples phases de concertation, en particulier avec les syndicats. Y compris dans l’usage des ordonnances. Il voulait aller vite, et on peut le comprendre. Et puis avait-on déjà vu un gouvernement, quel qu’il soit, respecter à la lettre ses engagements une fois élu ?
Il semblait aussi bien décidé à dépoussiérer la construction Européenne. En refusant celle que nous subissons pour revenir à celle qu’avaient imaginée ses fondateurs. J’y voyais la volonté d’agir ensemble plutôt que d’entretenir la concurrence et la confrontation, et de prendre en défaut toutes les tendances “communautaristes” qui se développent partout.
Car l’Union Européenne m’apparaît encore comme la première étape d’une coopération internationale sans laquelle l’humanité risque de disparaître et c’était à mes yeux un bon point à décerner à EM.
Où en sommes nous après quelques mois d’existence de cette nouvelle présidence ?
On ne peut nier que le gouvernement applique le programme présidentiel, mais peut-on pour autant affirmer que les effets des mesures prises aillent dans le sens des objectifs annoncés ?
La réforme du code du travail n’a pas simplifié les procédures, ni du côté des employeurs, ni de celui des salariés
La réforme du code du travail, par exemple. Il est vrai que les petites structures sont souvent tétanisées à l’idée d’embaucher un salarié de plus, même si la charge de travail le justifie. Il est notoire que la complexité du droit du travail est paralysante pour les artisans et les travailleurs indépendants. Il leur est impossible d’en connaître toutes les arcanes, à la différence des grandes structures qui peuvent bénéficier de multiples services comptables et juridiques. Or c’est dans les PME que se trouve le plus riche gisement d’emplois.
Malheureusement les textes n’ont pas été simplifiés, bien au contraire, puisque les nouvelles dispositions n’ont pas facilité les procédures du côté des employeurs, mais ont rendu plus complexes les recours des salariés devant les prud’hommes. De ce fait ces recours ont diminué en quelques semaines de 30%. Un salarié qui sollicite le conseil prud’hommal doit maintenant remplir un formulaire d’une dizaine de pages contre une seule auparavant… Ce qui prouve d’ailleurs que la complexité des procédures est bien dissuasive, tant pour les salariés que pour le petit patronat qu’elle n’incite pas à de nouvelles embauches.
L’hypothèse de départ consistait à croire que les indemnités de licenciement entraînaient une incertitude chez les employeurs, incertitude dissuasive pour les employeurs potentiels. Dans l’idée du président leur plafonnement rassurerait. Pour les grandes structures on peut cependant en douter, car les licenciements y sont liés, le plus souvent, soit à des délocalisations, soit à une mécanisation des tâches. Dans les deux cas il s’agit de licenciements collectifs pour lesquels les indemnités font l’objet de négociations qui échappent en partie aux prud’hommes. Lorsqu’il s’agit pour elles de licenciements individuels, on peut penser qu’elles disposent de tous les moyens comptables et juridiques pour minimiser les conséquences financières d’un licenciement.
À l’inverse, le plafonnement des indemnités n’est pas le souci majeur des PME. En cas de conflits avec un salarié, les conseils de prud’hommes veillent le plus souvent à ne pas affaiblir définitivement les petites structures, au risque de les faire disparaître.
La suppression du capital mobilier de l’assiette de l’ISF risque d’orienter les dividendes perçus par les actionnaires vers des investissements spéculatifs et non productifs
On peut donc craindre que cette mesure n’ait qu’un effet limité sur la création d’emplois. La suppression, même partielle, de l’ISF est tout aussi suspecte. Elle coûte environ 3 milliards d’euros à l’État, au bénéfice des contribuables les plus aisés. Avec des justifications qui méritent que l’on s’y arrête. Aux dires du premier ministre, l’ISF aurait entraîné l’exil de 10.000 personnes, parties avec leurs capitaux ainsi perdus pour la France.
Notre président justifie sa politique en affirmant que les investissements producteurs d’emplois sont en partie dus au recyclage des dividendes perçus par les actionnaires. On peut craindre, en fait, que ces dividendes s’orientent surtout vers les biens spéculatifs, œuvres d’art ou marché boursier.
Il me semble que l’achat d’actions ne correspond à un investissement productif qu’au moment où elle sont mises sur le marché, ce qui ne représente qu’une part minime du marché des actions. Dans la plupart des cas les échanges n’ont aucune incidence sur le capital productif des entreprises. Ils ne servent qu’à élever la valeur boursière, ce qui conduit à augmenter les dividendes pour conserver une rentabilité suffisante aux actionnaires. Ceci au détriment de la masse salariale et donc des emplois.
En quoi la suppression de l’ISF du patrimoine boursier conduirait-elle donc à la création d’emplois nouveaux ?
Il faudrait d’ailleurs s’interroger sur la liaison entre investissements et emplois nouveaux. C’est une affirmation chère au système libéral, mais les entrepreneurs n’investissent le plus souvent que pour augmenter la productivité de leur capital, et donc, à production constante, pour réduire les effectifs de salariés.
Cette disposition est d’autant plus surprenante que dans le calcul de l’ISF, il est possible de déduire de l’assiette imposable tous les investissements dans les PME, les plus pourvoyeurs d’emplois nouveaux. Sous le prétexte de favoriser une hypothétique création d’emplois, ne perd-t-on pas une disposition dont l’efficacité était loin d’être nulle ?
La diminution de l’APL est-elle de nature à faire baisser les loyers ?
Autre proposition peu convaincante qui témoigne au minimum d’une méconnaissance des difficultés ressenties par une part croissante des Français, en particulier les jeunes et les étudiants : la réduction de 5 euros du montant de l’aide personnalisée au logement (APL). Qu’elle puisse sembler négligeable à une majorité des Français, ce n’est pas le cas pour beaucoup de ceux qui bénéficient de l’APL.
Il y a cependant une part de vérité dans la proposition gouvernementale. Il est vrai que l’APL entraîne parfois une majoration artificielle des loyers. Car elle a fait, dans beaucoup de villes, les beaux jours des marchands de sommeil qui, en tant que bailleurs, peuvent en effet percevoir directement son montant, versé par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), sans passer par le locataire. Celui-ci peut être, dans de nombreux cas, complètement libéré du paiement de ses loyers, il est indifférent à son montant. Cette disposition avait été retenue pour inciter les propriétaires à louer des locaux libres sans avoir à craindre le non-paiement des loyers. Malheureusement, en l’absence de contrôles que les CAF ne sont pas équipées pour assurer, des propriétaires peu scrupuleux peuvent louer des locaux tout à fait insalubres sans être inquiétés.
On a vu des opérateurs malhonnêtes acquérir pour une bouchée de pain de vieux immeubles insalubres dans des centres villes anciens, les découper en petits logements à peine équipés et les louer à des prix tels qu’il suffit de quelques années de location pour en amortir l’achat.
Cette suppression incitera les propriétaires à majorer d’autant la part des loyers qui restent à la charge des locataires. Si on voulait supprimer cette forme de spéculation, il serait plus efficace d’augmenter les contrôles et de pénaliser les abus avec des amendes dissuasives. Celles-ci rapporteraient plus à l’État que la réduction de l’APL symbolique pour certains, mais lourde pour les plus démunis.
Par une curieuse inconscience, ce dispositif, officiellement conçu pour limiter la hausse des loyers, pénalisera en premier les offices HLM, alors que ce sont les seuls organismes capables de la maîtriser dans la situation de pénurie que nous connaissons.
Pénurie dont la résorption serait le seul moyen convenable de réduire la part du budget des ménages affectée au logement (voir Le logement en France, dans GR 1165 de juin 2015, page 6).
Continuer à brader le patrimoine productif de la France est-ce une bonne politique ?
Autre sujet d’inquiétude : la poursuite de la politique menée, plus ou moins discrètement, par les gouvernements successifs afin de réduire le montant croissant de la dette publique : la vente de notre patrimoine productif, souvent à des étrangers. Cette braderie du capital commun des Français est plus ou moins préconisée, voire imposée, par les instances européennes, comme la Grèce en fut la victime, avec les résultats que l’on connait.
Le gouvernement actuel n’est pas responsable de la privatisation déjà ancienne de notre réseau autoroutier, mais que dire de celle de nos aéroports ? Nice et Toulouse en ont déjà fait les frais, et notre gouvernement ne semble pas vouloir arrêter là cette dilapidation, les aéroports de Paris semblent être aussi menacés.
Mais cette mise en vente de notre patrimoine productif ne s’arrête pas au domaine public. Elle s’étend, avec la complicité, voir l’assentiment de l’État, à des pans entiers de nos grandes entreprises. Nous avons perdu en partie les chantiers navals de Saint Nazaire, et Alsthom se trouve maintenant sous la tutelle de Siemens. On peut admettre, bien sûr, que la concurrence internationale fragiliserait ces firmes prestigieuses si elles restaient uniquement françaises. Trouver des alliances n’est pas interdit. Mais quand on connaît l’intérêt des grandes banques pour les rachats et restructurations industrielles, et la banque Rothschild n’est pas des moindres, cette pratique familière du secteur bancaire n’a-t-elle pas agi sur les convictions économiques de notre nouveau président ?
Le souci écologique affiché est-il compatible avec une politique des transports fondée sur le “tout routier” ?
Dans un tout autre domaine, que dire aussi de ses préoccupations écologiques ? Nul n’ignore que la réduction de notre empreinte carbone est une exigence absolue, et que les transports routiers en sont un des gros responsables. La relance du programme ferroviaire serait une première réponse, car l’empreinte carbonée du fer est beaucoup plus faible que celui de la route. Pourtant tout est fait pour diminuer encore la part du fret dans le trafic de la SNCF. Il en est de même pour le trafic voyageur, concentré sur les seules lignes TGV dont la rentabilité est douteuse, au moins pour certaines, en raison du coût exorbitant des infrastructures. Les lignes classiques, de moins en moins bien entretenues, sont réservées aux trafics locaux, de plus en plus à la charge des collectivités locales.
Au lieu de miser sur le fer, une des premières mesures prises par E. M., alors qu’il participait encore au gouvernement précédent, a été d’autoriser la création de lignes de cars privés pour concurrencer la SNCF, même sur les grandes distances. Après plusieurs mois de fonctionnement la plupart de ces lignes se révèlent déficitaires. C’est d’autant plus étrange que les poids lourds (dont font partie les cars) bénéficient d’un atout financier incontestable, celui de ne financer que très peu les infrastructures routières, alors qu’il contribue majoritairement à leur dégradation. La concurrence entre le rail et la route est ainsi faussée.
En même temps, comme la plupart de ces véhicules utilisent des motorisations diesels, ils dégagent beaucoup de gaz carbonique et de particules fines dans l’atmosphère. À l’heure où l’opinion publique est prête à se porter sur des véhicules électriques - sans trop se soucier des difficultés de stockage de l’électricité, loin d’être neutre sur notre empreinte carbone - il est curieux, de la part de nos gouvernants, de négliger les voies ferrées. Presque entièrement équipées en France à l’électricité, les voies ferrées sont d’ores et déjà un moyen d’assurer les transports de personnes et de marchandises sans pollution carbonée et sans contrainte de stockage de l’électricité, comme ce sera le cas si on généralise l’usage des véhicules routiers fonctionnant à l’électricité. .
Et cependant, à l’heure où se profile la COOP 23, on se rend compte que les derniers programmes établis par les accords de Paris sont loin d’être respectés. L’absurde position américaine semble contagieuse, et la dépendance vis à vis des combustibles carbonés est toujours aussi forte. On se borne à des discours d’intention, mais dans le même temps on se soumet au dictat des lobbys pétroliers et industriels en prospectant sans scrupules de nouveaux gisements, y compris ceux des schistes bitumineux.
L’augmentation de la CSG est-elle compatible avec celle de la consommation des ménages ?
L’augmentation de la CSG est la mesure gouvernementale la plus contestée par les Français. Pour la simple raison qu’elle touche tous les revenus de la même manière, sans progressivité. Le gouvernement en dissimule les conséquences, en l’associant à une réduction de la taxe d’habitation pour les revenus les moins élevés. Comme, dans le même temps, il est question de revoir l’assiette de cette taxe, il est à peu près impossible d’en évaluer individuellement les conséquences.
On espérait de notre jeune président un effort de transparence qu’il semblait vouloir accomplir, mais on ne le perçoit guère.
Aussi imprécis est l’impact de la suppression massive de la taxe d’habitation sur les finances des collectivités locales. Dans les discours, le Ministère des Finances affirme qu’elle sera compensée par des dotations nouvelles de l’État, mais on n’en connaît ni les montants, ni l’origine du financement.
On assiste à un vaste remue-ménage, dans lequel les fonds publics passent d’une case à l’autre, avec des dispositions budgétaires concoctées par le gouvernement, approuvées par une majorité soumise, sans que l’opinion ait une claire conscience de la répartition entre les gagnants et les perdants. Dans cette situation tout le monde a l’impression d’y perdre, avec la quasi-certitude que les reports se font toujours dans le même sens : des plus pauvres vers les plus riches.
Le pouvoir bénéficie d’une absence crédible d’opposition. Le radicalisme trop brutal du mouvement des insoumis ne l’a pas fait émerger en masse dans l’opinion publique. Quant aux anciens partis traditionnels, ils sont trop occupés à panser leurs blessures à coup de batailles de pouvoir pour rester une force de contestation efficace.
Parmi les raisons de ma déception je n’ai pas évoqué les mesures sécuritaires mises en place pour se substituer à l’état d’urgence. J’y vois, comme beaucoup, une égratignure dans le principe de séparation des pouvoirs. Est-elle grave et dirimante ? J’ai du mal à en juger, car on se trouve un peu dans la situation du “meunier son fils et l’âne” : quoi que l’on fasse, on aura tort : ou les libertés publiques sont menacées, ou la sécurité est fragilisée.
Enfin certaines attitudes de notre président sont surprenantes. Il nous avait donné l’image d’un homme politique courageux, soucieux de communiquer, d’informer, de convaincre plus que d’imposer, et puis voilà qu’au détour d’une phrase apparaissent des mots presque injurieux comme « feignants », « bordel ». Comme si l’apparence policée qu’il voulait montrer n’était qu’une attitude théâtrale difficile à contrôler en permanence. Par moment surgit un autre personnage, sûr de lui, autoritaire et vindicatif.
Un exemple récent : le choix du délégué général des « marcheurs ». On aurait pu croire, en s’appuyant sur son image de président attentif à la diversité des opinions, qu’il laisserait les membres de son parti choisir eux-mêmes leur représentant. Or le président n’a autorisé qu’un seul candidat.
Vive la démocratie !
Et voilà, j’ai déversé ma bile et fustigé l’homme pour qui j’ai librement voté.
C’est une attitude qui me déplait, car si Emmanuel Macron est à cette place, j’en suis responsable, comme tout ses électeurs.
Nous sommes cependant minoritaires dans l’ensemble du corps électoral en raison du poids très lourd des absentions.
Il est vrai, en plus, que pour beaucoup d’entre nous l’adhésion à son programme n’était que très relative.
Il aurait fallu faire un bilan plus objectif en mettant en avant certaines mesures dont on peut admettre le bien fondé : l’augmentation d’un certain nombre d’aides sociales, la réforme de la scolarité, l’attitude présidentielle à l’égard de la Commission Européenne et la volonté affichée d’en faire un outil à la fois plus efficace et plus généreux à l’égard des pays les moins favorisés.
Ajoutons le charisme international d’Emmanuel Macron, que certains qualifient d’attitude « Jupitérienne », et dont l’aura provient en grande partie de sa jeunesse et de son indiscutable intelligence. La France en a recueilli une image dans le monde que les gouvernements précédents n’avaient pas su autant magnifiée.
Autre raison d’espérer malgré tout : la difficulté d’apprécier avec sérénité et certitude les effets d’une politique, quelle qu’elle soit. Tout en s’avouant un peu déçus et inquiets, les Français, dans leur majorité, admettent qu’il faut laisser au pouvoir actuel un certain délai pour juger de sa réussite ou de son échec.
J’y souscrirais volontiers, à supposer qu’il parvienne :
– à réduire les inégalités,
– à retrouver l’équilibre des finances publiques,
– à développer la créativité traditionnelle de la France ;
– à redonner à nos enseignements supérieurs le prestige qu’ils ont eu,
– à encourager nos chercheurs et nos artistes…
Et
– si la scolarité vise à rendre tous nos enfants meilleurs et non à faire de quelques uns les meilleurs,
– si notre agriculture confirme une évolution, encore timide, en rupture avec le système productiviste qui la conduit à sa perte,
– si nous cessons de nous désintéresser de nos agriculteurs biologiques,
– si nous avons mis en place des structures d’accueil de migrants, enfin dignes d’un pays profondément humaniste,
– si nos prisons sont devenues des lieux de réhabilitation et non de perdition,
– si des services publics efficaces sont remis à la disposition de toute la population,
– si la dégradation de notre environnement est enrayée,
– si nos modes de vie, culturels, communautaires, sociaux, s’améliorent pour tous…
…alors mes reproches se seront révélés injustes.
Je ne peux que le souhaiter !