Ceux qui n’en peuvent plus
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Publication : octobre 2016
Mise en ligne : 3 janvier 2017
Ils sont assis tous deux sur un vieux banc public,
Pauvres vieux que le froid chasse de leur demeure ;
Ils attendent muets, sans nul souci de l’heure,
Le soleil qui sur eux jette quelque déclic.
Parfois de son bâton entre ses doigts raidis,
Le vieux péniblement assemble quelques brindilles,
Et la vieille remplit son tablier de charmilles
Pour faire un peu de feu sans doute en leur taudis.
Et leurs yeux presqu’éteints regardent tristement
La prison qui là-bas leur semble hospitalière.
« Oh ! si c’était chauffé » pense le pauvre hère
« Si nous pouvions manger », dit-elle doucement.
Je songe avec douleur à ces vieux orphelins
Si rudement broyés par la machine humaine,
Pauvres forçats perclus, traînant leur lourde chaîne,
N’en pouvant plus, montant toujours leurs durs chemins.
Et tandis que tout bas ils rêvent de prison,
Que de passants repus raillent cette indigence
Quand il faudrait ôter si peu de cette opulence
Pour apaiser leur faim dans une humble maison.