Un tournant ?

Éditorial
par  M.-L. DUBOIN
Publication : juillet 2016
Mise en ligne : 10 décembre 2016

Et si le Brexit en Europe et le succès de D. Trump aux États-Unis étaient des manifestations, parmi bien d’autres, de la prise de conscience par les popu­lations que les politiques menées dans les pays qu’on dit “civili­sés” sont pour elles suicidaires ?

Le Brexit n’est pas un vote positif en faveur d’un projet d’avenir qui aurait enthousia­mé les Anglais. C’est un vote négatif : le refus manifeste de continuer à subir des décisions, à se voir imposer des règles et appliquer des traités éta­blis de façon arbitraire et dont les électeurs constatent que les conséquences sont pour une majorité d’entre eux le contraire de ce qui leur avait été promis.

De même, les discours outranciers de Trump, comme ceux de la famille Le Pen et de leurs semblables, ne séduisent pas les électeurs par des propositions construc­tives, ils n’en ont pas, la haine de l’autre n’en est pas une. S’ils plaisent par leur outrance c’est parce qu’ils se présentent de façon démagogique comme les porte-paroles de tous ceux que les politiques actuelles ont déçus, dégoûtés et désemparés.

En Italie, les élections récentes à Rome et à Turin ont manifesté la désapprobation de la réforme du marché du travail (dite “jobs Act”) entreprise par le parti démocrate au pouvoir.

C’est une réforme semblable qui a soulevé en France tant de contestations que le gouvernement a du recourir à la force de l’article 49-3 pour faire passer sa “loi travaille et tais toi !”.

L’“eurocratie” s’effondre

L’UE a été fondée sur une prétendue “vérité économique”, la politique de l’offre, cette absurdité selon laquel­le l’objectif prioritaire doit être d’aider les entreprises à être toujours plus compétitives, parce que ce serait la recette infaillible pour produire le miracle d’une “croissance” dont les retombées certaines, ensuite, seront forcément salutaires pour tous.

C’est bercés par cette promesse que les peuples ont vu s’opérer dérégulations, libéralisations, exonérations décidées d’en haut, et qu’ils apprennent que c’est dans le plus grand secret que se préparent encore d’autres vastes ententes commerciales qui permettront aux entreprises multinationales d’empêcher les États de prendre toute mesure de protection de la santé ou de l’environnement qui pourrait limiter leurs bénéfices.

Ils ont donc attendu longtemps le miracle que “ceux qui savent“ leur avaient annoncé.

Et à terme, ils constatent les conséquences de cette politique  : la croissan­ce qui en résulte c’est celle des inégalités, des violences et de la précarité.

Ces votes négatifs manifestent ce constat, mais ils ne proposent pas une politique alternative pour reconstruire ensemble la société sur d’autres bases, humaines cette fois.

Alors c’est le moment d’inventer enfin la démocratie…