Au fil des jours

Chronique
par  J.-P. MON
Publication : janvier 2016
Mise en ligne : 11 avril 2016

Google, est un bon exemple écologique…

On sait que les centres de stockage et de traitements des données informatiques consomment d’énormes quantités d’électricité pour assurer l’indispensable climatisation à 15° des locaux dans lesquels ils se trouvent. Chez Google, les informaticiens se sont aperçu que leurs ordinateurs marchaient tout aussi bien à des températures pouvant atteindre 30°, « mais, explique le directeur des centres de données, malgré de nombreuses publications dans des revues scientifiques, il a fallu plusieurs années pour qu’on nous prenne au sérieux » [1]. Toujours est-il qu’en réduisant simplement la température avec de l’eau froide, les techniciens de Google ont fait passer la consommation moyenne d’électricité de leurs centres de 2,2 à 1,2 mégawatt par an. C’est pourquoi, fort de cette expérience, Urs Hölzle, vice président chargé des infrastructures techniques et de la “stratégie verte” chez Google, a promis à Obama de multiplier par trois la production d’énergies renouvelables de l’entreprise d’ici trois ans. Pour cela : « Nos quatorze centres de stockage et de traitement de données qu’ils soient aux États-Unis ou en Europe, seront alimentés uniquement par de l’électricité issue du solaire, de l’éolien ou de la biomasse. Ce sera plus difficile pour nos centres de données situés en Asie et en Amérique du Sud mais nous y arriverons aussi » [1]. (Actuellement, Google utilise 37% d’électricité verte. À Mountain View, siège de la société, c’est l’éolien qui sera principalement utilisé pour compléter le solaire car le vent souffle pratiquement en permanence sur les collines voisines où plus de 2.000 éoliennes tournent déjà depuis des années). Apple et Facebook se sont engagés dans la même voie.

…mais pas les industriels de l’automobile

« Jamais les Américains n’avaient acheté autant de voitures qu’en 2015 » [2], se réjouissent les industriels de l’automobile qui en 2015 ont vendu 17.470.500 voitures, un demi million de plus qu’en 2007, dernière année avant la grande crise. Le pétrole très bon marché et les taux d’intérêt très bas favorisant les achats à crédit ont dopé le marché.

Qui plus est, ce sont les grosses cylindrées qui se vendent le mieux.

Adieu les véhicules hybrides et électriques ! La pollution  ? on verra plus tard s’il est encore temps…

Les yeux s’ouvriraient-ils ?

Le Conseil National du Numérique vient de remettre à Mme El Khromi, Ministre du Travail, un rapport contenant une vingtaine de propositions « très denses » sur la transformation numérique en cours « systémique, exceptionnelle et rarement connue dans l’histoire de l’humanité » [3]. Citant le recours de plus en plus intense à des travailleurs indépendants, ce qui se traduit par un renforcement des relations de dépendance et de « sur-subordination » du prestataire, le rapport montre à l’évidence que le développement des technologies numériques bouscule notre économie, principalement fondée sur le salariat et que par conséquent « il convient d’assurer une protection effective pour les travailleurs indépendants, mais économiquement dépendants ». Il met en garde de « ne pas faire du modèle unique du travailleur salarié l’alpha et l’oméga de toute politique de l’emploi ». Et il conclut par deux propositions « audacieuses » : instaurer un droit individuel qui autoriserait « la participation d’un travailleur à des projets en dehors de son organisation principale » et enfin « étudier la faisabilité d’un revenu de base ou revenu d’existence pour faire face aux périodes d’inactivité ».

C’est une prise de conscience, mais ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas du tout du revenu garanti, universel et suffisant pour vivre, que Duboin présentait sous le terme de revenu social.

Les tourments de la BCE

La journaliste Marie Charrel décrit [4] la catastrophe qui s’abat sur la Banque Centrale Européenne  : depuis trois ans, l’inflation reste voisine de 0,2% dans la zone euro. Rien n’arrive à faire augmenter les prix, même pas l’assouplissement quantitatif, ces achats massifs de dettes publiques par la BCE. Non seulement les prix de l’énergie et les cours des matières premières ne cessent de baisser, mais en plus les salaires stagnent à cause du chômage et de la faiblesse de l’activité. En fait, ce qui inquiète le plus la BCE, c’est que l’atonie des prix complique l’assainissement des finances publiques parce qu’une inflation modérée allège évidemment le poids des dettes. (Que se passerait-il si les États n’avaient plus à emprunter aux banques privées… ?!) Ah ! qu’il est loin le temps du traité de Maastricht où l’on faisait peur au bon peuple avec l’inflation, ce mal absolu qui risquait de ruiner les pauvres rentiers…

2% était alors le plafond à ne dépasser sous aucun prétexte, maintenant c’est un plancher inaccessible !

Consolons nous : « la zone euro n’est pas la seule à être confrontée à l’inflation faible. C’est un problème dans tous les pays industrialisés et ses causes sont difficiles à cerner », explique un spécialiste…

Est-ce la mondialisation, le vieillissement de la population ou encore la hausse des inégalités en Europe et aux États-Unis ? « Sans doute un peu des trois », conclut Marie Charrel en soulignant que le casse-tête du président de la BCE, Mario Draghi, n’est pas près de se résoudre.

Et si, au lieu de le laisser les banques privées tirer profit de la création monétaire, on remettait ce droit à une institution publique ?


[1L’Obs, 03/12/2015.

[2Le Monde, Eco & Entreprise, p.3, 07/01/2016.

[3Des mesures pour encadrer l’économie numérique, Le Monde, 07/01/2016.

[4Le Monde, Eco & Entreprise, p.4, 07/01/2016.