Silence manifeste

Au fil des jours
par  M.-L. DUBOIN
Publication : mai 2015
Mise en ligne : 25 juillet 2015

Avez-vous remarqué le silence des grands médias nationaux à propos de la journée mondiale du 18 avril dernier contre les traités de libre échange ? Rien à propos des manifestations qui dénonçaient non seulement le secret dans lequel ils sont négociés, par des gouvernements qui devraient se sentir responsables du bien public, mais surtout les menaces que font peser sur les peuples et leur environnement ces traités destinés à donner aux multinationales le droit d’empêcher toute loi qu’elles estimeraient contraires à leurs propres intérêts.

Rien n’en a filtré aux “JT”, aucune information les concernant n’est passée entre les multiples annonces, toujours fort détaillées et N fois répétées, de crimes individuels, ça entretient le sentiment d’insécurité, d’informations sur des joueurs de foot, ça entretient leur popularité leur vaut des salaires ahurissants, et de “bonnes nouvelles” du genre : un énorme contrat de ventes d’armes vient d’être signé, ça va créer des emplois !

En France, quelques journaux régionaux ont bien discrètement (photos ci-dessous) évoqué des chants dans la rue. Mais alors que quelque 90 initiatives étaient organisées, rien n’a été publié montrant l’origina­lité, l’inventivité (photos ci-dessous) dont font preuve, de plus en plus souvent, les citoyens “lanceurs d’alerte”.

Alors que c’est dans le monde entier que des manifestations ont eu lieu quand s’ouvrait à New York le 9ème cycle de négociations du traité transatlantique. En Europe, aux États-Unis, au Canada, en Afrique, dans 750 villes de 46 pays, des citoyens se sont mobi­lisés contre ces projets de libéralisation du commerce et de l’investissement, et la pétition qui circule (on peut la si­gner sur www.stop-ttip.org) avait déjà, à cette date, recueilli plus de 1.700.000 signatures, dont 100.000 le dernier mois.

Combien y en aurait-il si les médias avaient rempli leur rôle d’informateurs ?

Leur complicité pour garder secrètes ces négociations a déjà une lourde conséquence : la grande majorité du public en ignore encore tout. Il n’y a donc pas de ces débats qui risqueraient de mener à encore plus de contestation, voire à un refus si, qui sait ? un référendum finissait par être obtenu.

Ainsi aidé, le gouvernement va pouvoir faire voter, sour prétexte de lutte contre le terrorisme, son projet de loi sur la surveillance généralisée qui lui permet­tra de rendre illégale toute protestation…