On n’est pas sorti de l’auberge... libérale !
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Publication : mai 2014
Mise en ligne : 12 octobre 2014
Désolation
En effet, après la déroute socialiste et de la gauche aux municipales, François Hollande a déclaré qu’il avait entendu la voix du peuple ! Ou bien il est sourd et aveugle, ou bien il a compris le message, mais il s’en fiche comme d’une guigne, préférant nous imposer la bouillie sociale-démocrate, étant soutenu, bien entendu, par l’Allemagne d’Angela Merkel et par les États-Unis de Barack Obama. Je penche pour ce deuxième cas parce qu’on est bien dans une lutte de classe ; les nantis n’étant pas “partageux” et le MEDEF remplaçant presque le gouvernement !
Le tout nouveau et fringant premier ministre Manuel Valls a dit qu’il continuerait le travail (de sape) commencé sous Jean-Marc Ayrault en affirmant, je cite, « qu’il faut réduire les déficits publics et qu’il n’y a pas d’autres choix ! » Je me souviens que lors des primaires socialistes, Manuel Valls nous avait promis de la sueur et des larmes s’il devenait président de la République afin de redresser pour la énième fois la France. Elle doit être sacrément biscornue ! Donc il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour deviner ce qui nous attend, nous les citoyens lambda, même s’il n’est que premier ministre. Il vient de soulager le patronat de quelques milliards de cotisations. Avec lui les patrons, surtout les gros, peuvent dormir tranquilles sur leurs deux oreilles !
Pascal Lamy l’ex-directeur de l’OMC, et qui ressemble à un socialiste comme moi à une bonne sœur, en ajoute une louche en décrétant sur LCP, je cite : « à ce niveau de chômage en France, il faut aller vers davantage de flexibilité ; il faut aller vers des boulots qui ne seront pas forcément payés au SMIC ». Et il ajoute : « Un petit boulot c’est mieux que pas de boulot ! » Ben, voyons ! On se croit revenu au XIXème siècle, à l’époque des Ateliers Nationaux où de pauvres gens étaient employés à boucher l’après-midi les trous qu’ils avaient creusés le matin. Tout ça, parce que, pour nos donneurs de leçons, il faut toujours gagner sa vie à la sueur de son front selon le mot d’ordre biblique ! Bref, les propos de Lamy sont la porte ouverte à l’exploitation des plus démunis par les profiteurs de la précarité.
Toutes les grosses têtes socialistes sont encore obnubilées par la croissance. D’après eux si elle repartait, elle résorberait le chômage… et tant pis pour l’état de délabrement de la planète si cela arrivait. Comme Hollande, tous pensent que la création d’entreprises créera des emplois, c’est même le chef de l’État qui a sorti cette ânerie. Comme l’avait souligné Jacques Duboin, les usines sont là pour fabriquer des produits et non pas pour créer de l’emploi. Et pour compresser au maximum le prix de revient, rien de tel que d’utiliser des robots ultra sophistiqués plutôt que des Humains. Il est bon de rappeler qu’un robot peut bosser 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et toute l’année, sans rechigner !
La Grande Relève sait bien qu’un taux de croissance, même élevé, ne résoudra pas le chômage de masse, la production moderne détruisant plus d’emplois qu’elle n’en crée. D’autres voix disent la même chose. Notamment Pierre Rabhi le Sage qui a déclaré dans une récente émission de télé : « la croissance n’est pas la solution, la croissance est le problème ! ».
Bref, vu le chemin pris par François Hollande, les Restos du Cœur et autres organismes de charité ont de beaux jours devant eux, si j’ose m’exprimer ainsi. Manuel Valls a dit que, dans le nouveau gouvernement, tous les ministres étaient Hollandais ; moi qui suis cuisinier, je précise que la sauce hollandaise, qui est une émulsion de jaunes d’œufs et de beurre fondu, est très fragile : elle peut se déliter à chaque instant par manque de vigilance !
J’ai du mal à comprendre les salariés qui se sont jetés dans les bras du FN, plutôt que de voter blanc, nul ou s’abstenir. Déçus par Mitterrand, par Jospin et maintenant par Hollande, beaucoup croient que l’extrême droite est la solution en partant du principe, je cite, « que le FN n’a jamais eu l’occasion de gouverner et qu’il n’y a qu’à essayer ». On voit là que les nouvelles générations n’ont pas la culture du passé, sinon elles ne porteraient pas Marine Le Pen et ses sbires au pinacle !
Il faut dire aussi que l’esprit critique des citoyens est depuis des décennies chloroformé par le foot, les JO, le Tour de France, les niaiseries télévisées, les jeux à gratter, etc.
Disons encore que la mayonnaise du Front de Gauche n’a pas pris ; le PC perd encore des plumes et les deux partis qualifiés d’extrême gauche, LO et NPA, qui ne sont pas solidaires avec Mélenchon, semblent pour l’instant carbonisés.
Il faudrait que chaque salarié se rende compte que dépendre d’un autre Humain au niveau de ses ressources financières (et donc de la qualité de sa vie) est une anomalie à notre époque soi-disant évoluée.
Inquiétudes
Des images en disent parfois plus long que des discours. À la télé, j’ai vu Barack Obama saluer Manuel Barroso lors de sa visite au Vatican et j’ai eu une sale impression en voyant rire le président des États-Unis et Manuel Barroso, ce dernier étant complètement hilare ! Ça sent mauvais. Le reportage n’a pas permis de savoir ce qu’ils se sont raconté ; peut-être évoquaient-ils le fameux traité de libre-échange, le TTIP, fils du sinistre AMI, volontairement étouffé par des médias serviles, et qui rendra caduques, s’il est accepté, toutes les protections dont les pays européens sont dotés. Les AOC, AOP, IGP et les différents labels de qualité ne pourront résister à l’offensive des puissantes multinationales américaines, celles-ci pourront attaquer les États Européens, en prétendant que leur législation est trop contraignante et qu’elle va à l‘encontre des intérêts de leurs actionnaires. Ils s’attaqueront même à la législation française du Code du Travail ! Dans ce traité, il y a la volonté très claire des multinationales américaines de dicter leurs lois. S’il est signé, bonjour Monsanto et consorts !
Même topo aussi pour l’exception culturelle française : Barroso s’est empressé de renier ses engagements, ce qui lui a valu de se faire traiter de traitre et de salopard par Bertrand Tavernier dans un JT sur RTBF le 19 juin 2013 (on peut voir la vidéo sur le WEB).
J’ajoute que François Hollande et Barack Obama sont copains comme cochons ce qui est inquiétant, les États-Unis voulant, bien sûr, étendre leur suprématie commerciale. Comme si les colas et la restauration rapide ne suffisaient pas !
Rien ne m’agace plus que de voir chaque année l’enthousiasme de nos journaleux nous abrutir avec la finale du super-bowl, comme si ce sport faisait partie de notre culture ; j’aimerais voir la tête des citoyens américains si on les abreuvait avec la boule lyonnaise !
Les derniers lambeaux de la liberté d’expression
Côté presse, on n’a plus grand-chose à se mettre sous la dent, ou plutôt sous les yeux, pour lire et connaître autre chose que la pensée libérale cruelle et sclérosée. Il y a La Grande Relève, Siné Mensuel, Le Canard Enchaîné et quelques autres … Mais à la télé, il n’y a strictement rien pour contester l’oligarchie dominante. À la radio, il y a bien toujours l’émission-culte de France Inter, Là-bas si j’y suis, de Daniel Mermet, que suivent 500.000 fidèles. Hélas, moins de deux ans après que François Hollande soit devenu président, l’émission a été sérieusement écourtée : un jour de moins et 10 mn rabotées chaque jour. Quand je pense que le directeur, Philippe Val, dirigeait Charlie Hebdo ! On voit ce que ce beau parleur est capable de faire et je parie mon abonnement à La Grande Relève qu’à la rentrée prochaine l’émission de Daniel Mermet aura disparu de l’antenne. Tant mieux si je me trompe !