À bons entendeurs…
par
Publication : octobre 2013
Mise en ligne : 6 janvier 2014
« Je vous en supplie, lisez ça ! », tel est le sous-titre du dernier livre publié par Jean-François Kahn. Jacques Hamon l’ayant lu, il confirme, mais :
« Tout va mal et, si on continue comme ça, cela ira de plus en plus mal. À un bilan calamiteux risque de succéder un bilan épouvantable avec, à la clé, non pas une explosion pour le meilleur, mais une implosion pour le pire. Sauf si… sauf si la Frane emprunte le chemin qui lui a toujours permis, même aux heures les plus sombres de son Histoire, de rebondir et même de bondir. Sauf si, renversant les barrières, sortant de leurs tranchées, bravant des clivages de guerres civile, les forces vives de la République convergent, pour imposer, porter et réaliser ensemble, oui, ensemble, le projet de salut public qui permettrait à la nation de s’en sortir. Car nous pouvons nous en sortir. Ça dépend de vous. Ça dépend de nous. Voilà comment… » J.-F. Kahn
Jean-François Kahn, professeur, puis journaliste, a fondé le journal Marianne après avoir créé et dirigé l’Evénement du jeudi. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. |
Avec son talent habituel, Jean-François Kahn énumère, dans les 220 pages de « Comment s’en sortir », certains des maux qui affectent notre beau pays. Cet ouvrage mérite d’être lu par ceux qui ont encore l’ambition d’assurer des conditions de vie acceptables et durables aux résidents français.
Toutefois, il est dommage que l’auteur n’ait pas été plus concis dans ses analyses, ce qui lui aurait permis de les placer dans le contexte plus large de l’Union Européenne, voire du monde.
En effet, si notre bon gouvernement peut traiter du mariage des homosexuels, avec l’appui du Sénat et de l’Assemblée Nationale, il ne peut, malheureusement, agir sur des sujets plus sérieux que si ses décisions sont conformes aux recommandations de la Commission Européenne ! À la limite, on pourrait faire des économies en se passant du Sénat, de l’Assemblée… et même du gouvernement français !
Ce stade de l’unification européenne pourrait d’ailleurs n’être qu’une étape vers l’unification transatlantique qui est en projet…
Il faudrait mettre de l’ordre dans la gestion de l’Union Européenne. Elle n’a jamais été construite pour fonctionner dans des eaux agitées : le Parlement européen a des pouvoirs limités, la Commission n’a aucune légitimité démocratique, l’Union n’a pas un budget à la hauteur de ses ambitions, l’indépendance de la Banque Centrale est unique dans les grands pays et elle est contreproductive en matière économique et sociale. Vouloir la survie de cette Union, avec toutes ses disparités nationales inamovibles (selon le traité de Lisbonne), avec deux groupes de pays, l’Euroland et les hors euro, plus les apparentés et les soupirants, relève de la recherche du miracle. L’UE fait preuve d’une louable ambition en voulant négocier avec le monde extérieur, mais pour négocier sérieusement, il faudrait exister, dans tous les domaines importants, et ce n’est pas le cas.
Les gouvernements français qui se sont succédé depuis plusieurs décennies étaient certainement pleins de bonnes intentions… mais ils ont surtout navigué à vue, parfois au sentiment (certains amis sont sacrés !).
Est-il encore possible de redresser la barre, comme l’écrit Jean-François Khan ? Et si oui, est-ce possible sans un sauveur suprême ? — C’est peu probable. Mais ne décourageons pas ceux qui nous gouvernent, ou qui ont cette ambition.
En attendant, on pourrait s’efforcer de faire rentrer les impôts qui sont dus, de réduire les gaspillages, de comprendre qu’augmenter le nombre d’heures de travail et la productivité, quand la consommation est stable ou en déclin, ne peut qu’accroître le chômage !
On devrait aussi dire en termes clairs à la Commission Européenne qu’il y a des conditions à notre docilité : unifications sociale et fiscale progressives, un vrai budget communautaire (25% du PIB de l’Union ?), une Banque Centrale sous contrôle politique, la Commission responsable devant le Parlement européen, etc.