L’hélicoptère et la cigogne
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Publication : octobre 2013
Mise en ligne : 5 janvier 2014
En juillet dernier, Guy Evrard faisait deux rencontres dont la coïncidence éclaire les chemins absurdes que peut emprunter la marchandisation de la nature. L’histoire se passe en Alsace, de Zimmerbach à Ammerschwihr, en passant par Kaysersberg (Haut-Rhin), dans un décor à la Hansi, entre vignes et maisons colorées à colombages, débordantes de géraniums. Mais les mêmes mécanismes sont à l’œuvre partout en France et dans le monde. L’idée lui vint de cette fable contemporaine qu’il a eu à cœur de lire à ses amis alsaciens pour s’assurer qu’ils partageaient ses vues :
Gros bourdon vrombissant au-dessus du feuillage
L’hélicoptère étend sur la vigne un nuage
De la plaine aux coteaux, il répand son poison
Pour de plus beaux raisins à la belle saison
Il est midi sonné, la cigogne descend
Devant une maison, sagement elle attend
D’engloutir les poussins juste décongelés
Qu’un brave homme lui sert, sans jamais y manquer
Quand elle reprend son vol, après son déjeuner
La cigogne sait bien que sa chance peut tourner
Mais trouver aujourd’hui un lézard, une souris
Sur les terres malmenées est un trop grand défi
En Alsace nous sommes, bien sûr ça se devine
Rompant les équilibres pour vivre de sa vigne
L’homme s’oblige ainsi, s’il veut garder l’oiseau
Par des chemins absurdes, à fournir son fricot