L’alternative

Vers quel autre modèle économique ?

par  J.-P. MON, M.-L. DUBOIN
Mise en ligne : 11 mars 2012

Le système capitaliste n’est plus soutenable, mais une alternative est possible, celle de l’économie distributive.
Faisons le point : notre époque est celle de la grande relève des hommes par la science et la technologie.
Regardons les conséquences économiques, sociales, humaines qui découlent de cette relève lorsque la logique capitaliste pilote l’économie, puis quelles perspectives seraient ouvertes, dans les mêmes conditions, par la logique distributive.
L’organisation distributive est, par essence, un système démocratique, donc évolutif, il n’est donc pas question de le présenter comme un paquet-cadeau, tout ficelé, mais par ses fondements. Et le débat qu’il ouvre est alimenté en permanence dans les colonnes de La Grande Relève

Nous vivons une époque charnière dans l’histoire de l’humanité, celle de la grande relève des hommes par la science. Mais il faut bien constater que les énormes progrès scientifiques et techniques, surtout ceux qui ont été faits au cours du XXe siècle, n’ont pas débouché vers le progrès social qu’ils rendaient possible. Tout au contraire, ils ont servi à accentuer le fossé entre quelques riches et le reste de la population. Alors que les premiers, de plus en plus riches, ont pris possession de la plupart des merveilleuses richesses de la planète, plus d’un milliard de déshérités ont été ainsi condamnés à une misère que rien ne justifie.

Pourquoi ? — Surtout parce qu’après les trente années dites glorieuses (1945 -1975), une majorité d’économistes ont été malheureusement séduits par l’idéologie du libéralisme économique. Les politiciens qui suivent leurs conseils ont abandonné aux marchés, c’est-à-dire au système financier, le soin de décider à leur place de l’économie, se “débarrassant” ainsi d’une part essentielle de leurs responsabilités.

En examinant les conséquences qui en résultent, et qui sont catastrophiques aux points de vue social, moral, économique, environnemental…, on découvre la puissance de cette arme absolue qu’est la finance, mise entre les mains d’une minorité (les « 1% »), dans cette anarchie économique qu’est le capitalisme.

En lui offrant cette “arme de destruction massive”, l’idéologie libérale a mené l’économie capitaliste d’accumulation à son aboutissement logique : l’accaparement.

Mais alors qu’il s’avère ainsi que la racine du mal auquel il faut mettre un terme se situe dans le rôle joué par la monnaie dans l’économie, il faut constater aussi, malheureusement, que les mécanismes de la finance capitaliste sont généralement ignorés. Leur rôle dans la situation actuelle est très mal connu. Même si, confirmant largement notre analyse, la crise financière qui a éclaté aux États-Unis en 2007 a suscité une certaine prise de conscience.

Il s’agit maintenant de comprendre que le système financier capitaliste n’est plus réformable, qu’il a acquis les moyens de contourner les lois des États et d’échapper à tout contrôle. Qu’en laissant faire les marchés, c’est la démocratie que les responsables politiques ont assassinée.

Entre cette dictature des marchés financiers et celle du pseudo-communisme qui régna en URSS, notre objectif est de tracer la voie d’une véritable démocratie. Et de commencer par la démocratie économique qu’il est possible de construire sur les bases de ce que Jacques Duboin désigna sous le nom d’ économie distributive.

Ces bases ont pour objectif de se débarrasser des impératifs du capitalisme que sont : profit financier, croissance à tout prix, individualisme, rivalité, car la “concurrence libre et non faussée” résulte en une guerre permanente de tous contre tous.

Cette libération consiste à faire reposer l’économie sur la concertation, la coopération et la liberté garantie à l’individu de pouvoir choisir sa participation à la société.

Les outils que nous proposons pour cela sont :

  • Le remplacement de la monnaie capitaliste par une monnaie non spéculative, dont la masse est l’équivalent du prix des produits mis en vente ; et qui ne sert que pour faire passer ces biens à leurs consommateurs. Ainsi l’argent ne fait plus de l’argent. Ne circulant pas, il ne se “place” pas pour “rapporter”. Il est un flux qui se renouvelle au même rythme que celui de la production.
  • la répartition, démocratiquement décidée, de cette masse monétaire entre, d’une part, les entreprises, pour qu’elles assurent production, services, recherche, et, d’autre part, les particuliers, pour que tous soient assurés d’avoir un revenu optimum leur permettant de vivre libres.
  • Après l’esclavage, c’est donc aussi le salariat (exploitation de l’homme par l’homme) qui disparaît avec le capitalisme. Le revenu n’est plus, pour un individu, le prix auquel il vend son travail, mais les moyens qui lui sont fournis par la société dont il est membre, pour qu’il s’y épanouisse en participant à la vie de ce groupe humain.

Au delà de ces principes de base, nous ne nous étendrons pas sur cette organisation distributive, parce qu’un système démocratique est, par essence, évolutif. Loin d’être immuable, il ne peut donc pas être présenté tout ficelé comme un paquet-cadeau.

Mais nous pouvons imaginer quelques unes des immenses possibilités qu’il ouvre, laissant au lecteur d’inventer les autres. Il s’agit pour nous d’ouvrir le débat (celui, par exemple, de la tribune libre que notre mensuel La Grande Relève rend public), pour que cette démocratie en matière économique et sociale permette à l’inventivité de chacun de se révéler dans sa vie de tous les jours.

Marie-Louise DUBOIN et Jean-Pierre MON
(Mars 2013)