Au fil des jours
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Publication : novembre 2011
Mise en ligne : 3 mars 2012
La Réserve fédérale américaine vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie américaine : entre 2,5 et 2,9% au lieu de 3,3 à 3,7% en juin ; et à la hausse le taux de chômage : 8,5 à 8,7%, au lieu de 7,8 à 8,2.
Réindustrialisation
Suivant la théorie du déversement [1] chère à Alfred Sauvy, le progrès technique, en améliorant la productivité, engendre un transfert des emplois d’un secteur d’activité vers un autre : ainsi, depuis un peu moins de deux siècles, l’emploi du secteur primaire “s’est déversé” dans le secteur secondaire [2], et depuis une trentaine d’années, l’emploi secondaire “s’est déversé” à son tour dans le secteur tertiaire. Cette désindustrialisation a été très fortement impulsée à partir du début des années 1980 par les politiques néolibérales de Ronald Reagan aux États-Unis et de Margaret Thatcher au Royaume-Uni : les services, c’est moderne, l’industrie, c’est ringard !
C’est ainsi que les États-Unis et l’Europe occidentale ont abandonné leurs industries aux pays du Sud, puisque, comme le soutenaient les économistes, la vraie valeur ajoutée se trouvait désormais dans le libre échange commercial et financier. C’est principalement l’Asie qui a bénéficié en premier lieu de ces délocalisations.
Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive (grâce à la crise ?) que les emplois créés dans les services ne pouvaient pas compenser ceux perdus dans l’industrie et que les salaires versés dans les services étaient généralement plus faibles que ceux payés dans l’industrie.
Confrontés au chômage de masse, les pays du nord reconnaissent tout à coup qu’ils sont allés trop loin ! « Réindustrialisons » est devenu le nouveau consensus de l’Occident.
En outre il faut savoir que le progrès technique s’est encore accéléré et que la productivité industrielle va encore augmenter. Qu’on le veuille ou non, on ne reviendra pas au plein emploi sans une forte diminution de la durée du travail. C’est ça le vrai progrès social.
Encore un sommet pour rien
Le sommet du G20 à Cannes fait beaucoup de bruit pour rien, car, comme dans tous les précédents, aucune décision efficace n’y sera prise. Ce qui n’empêchera pas les belles déclarations et autres effets de manches de la “com” sarkozyste pour affirmer le contraire, car il est évident que l’UMP cherchera à faire illusion dans la perspective des élections présidentielles.
La voix des anti-G20 étouffée
Les indignés seront de plus en plus nombreux à vouloir faire entendre que les populations ne sont pas du tout d’accord avec la politique monétaire qui leur est imposée, que ce n’est pas à elles, qui ne demandent qu’à travailler, de se serrer la ceinture pour payer les erreurs des banques et leur enrichissement éhonté.
La police sera là pour réprimer leurs manifestations pacifiques…
Mais le B20 sera “accrédité”.
Par contre, il est un groupe dont les membres seront tous accrédités pour pénétrer, à Cannes, aux côtés des chefs d’Etat et de gouvernement. Il s’agit du B20, le sommet des Banques et des consortium géants de la planète. Il est très fier d’annoncer ainsi ses objectifs sur son site : « Le B20 s’organise autour de 12 thèmes qui sont essentiels pour la communauté des affaires et qui nous semblent prioritaires pour le G20. Les Présidents d’organisations patronales des pays du G20, ainsi que 120 dirigeants d’entreprises internationales de tous les secteurs, travaillent ensemble depuis plusieurs mois. Réunis en groupes de travail, co-présidés par un chef d’entreprise et un président d’organisation patronale, ils élaborent ensemble des recommandations à mettre en œuvre. Elles seront ensuite remises aux Chefs d’État et de gouvernement et prises en compte dans les conclusions du Sommet du G20 ».
Madame Parisot, Présidente du Medef, a donc plus de voix que les centaines de milliers d’indignés. C’est ça, la démocratie ?
[1] La machine et le chômage, Dunod, 1980.
[2] Passant en France de 65% à environ 3% de la population active.