Le labyrinthe du millenium
par
Publication : janvier 2000
Mise en ligne : 14 mai 2010
A chacun sa symbolique
Leon Brittan, l’apôtre du néolibéralisme, avait inventé, en vue des réunions de l’OMC, un titre racoleur “Millenium Round”. Si ce cycle devait nous rappeler que la roue tourne (le néolibéralisme n’étant que le capitalisme actualisé), on pouvait craindre d’entrer dans un cycle infernal. Mais, à vouloir anticiper trop vite le troisième millénaire à Seattle, ce cycle a tourné court. L’image du labyrinthe aurait sans doute mieux convenu puisque, traditionnellement, il représente un chaos ordonné par l’intelligence humaine, un désordre volontaire, qui a sa propre clé. Dans le cas présent, au centre du labyrinthe, on imagine le Minotaure, le monstre : fabuleux : l’argent. Hélas, jusqu’à présent, aucun fil d’Ariane pour conduire notre économie en dehors du labyrinthe !
Autre symbole, l’année 2.000 sera marquée par le lancement de l’opération vaticane [1] Jubilé 2.000.
Est-ce par peur de l’avenir des chrétiens, face au matérialisme ambiant ? Serait-ce une résurgence de la peur millénariste, comme lors du passage entre le premier et le second millénaire ? Bien qu’une sorte de censure de l’histoire (ou de la papauté de l’époque ?) ait occulté la réalité, il semble bien qu’une angoisse ait saisi nos ancêtres. Le spectre de la fin du monde, suite aux écrits de l’Apocalypse, hantait encore l’inconscient collectif. Saint Augustin, s’insurgea contre l’interprétation littérale des écrits et rappela avec fermeté (et bon sens !) que de la fin du monde « nul ne connaît l’heure. »
Personnellement, j’opterai comme Camus pour Sisyphe et son rocher, car il faut imaginer Sisyphe heureux.
Nos vœux pour l’an 2.000 : Rêvons un peu...
Saint Augustin, dans sa sagesse, aurait pu faire remarquer qu’il est écrit, dans l’Apocalypse, qu’à une phase de fléaux (annonciateurs de la fin des temps), succéderont mille ans de bonheur, avant la fin des fins...
Alors, rêvons un peu... Après la phase de mille ans qui s’achève, pendant laquelle les fléaux n’ont cessé de s’abattre sur le monde [2], nous qui avons la prétention de maîtriser tout sur terre, tentons de vivre, comme il a été écrit, un troisième millénaire de bonheur.
Avec cet espoir, nous allons aborder plus prosaïquement le prochain millénaire, en tentant d’évaluer la situation présente (le bilan des actions du GATT n’ayant jamais été publié...), puis d’en dégager quelques pistes susceptibles de nous aider à rester citoyens. Car l’enjeu du prochain millénaire est là : pourra-t-on résister à la pression libérale, qui veut faire de l’homo sociologicus un homo œconomicus. Plus concrètement, deviendrons nous des consommateurs dociles ou des citoyens libres ?
Rabat - joie
Oubliant la rigueur du calendrier, obnubilés que nous sommes par le nombre fatidique 2.000, craignant les conséquences du bogue informatique, les fêtards ont enterré 1.999, avec force foie gras et champagne, anticipant la fin du millénaire (31 décembre 2.000 à minuit !). Point de guetteur de la fin du monde dans les restaurants illuminés. Les déséquilibres sociaux, écologiques et économiques se cachaient dehors dans l’ombre...
Oubliés les visages des civils massacrés au Kosovo, en Tchetchénie ou au Timor-oriental, oubliés les 250 millions d’enfants du monde de 5 à 14 ans qui sont contraints de travailler comme il y a un siècle ou de se prostituer pour survivre. Tous ces opprimés attendaient la fin de leur cauchemar, pendant que nous festoyions, et que les Importants discutaient stratégie financière, heureux des résultats mirifiques des Bourses en 1.999. Pensant à ces laissés pour compte de notre société, une phrase de Camus me revenait en mémoire : « Cette attente leur paraissait plus cruelle encore, au milieu de la jubilation générale. »
Janus
Le nom du premier mois de l’année, janvier, vient du latin januarius. Ce mois était consacré au dieu italique et romain Janus, dont la particularité était d’être représenté par deux visages opposés. Dans le labyrinthe économique (le monopolibéral, dont nous avons déjà parlé), Janus parait représenter, au mieux, les deux visages de l’homme du XXème siècle finissant :
• la face famélique du pauvre, dans l’ombre cachée de la misère.
• la face insolente du riche, dans la lumière de l’opulence.
Si l’on ne coupe pas cette main invisible qui manipule l’économie, il sera impossible de réconcilier les deux faces de ce double visage.
« Le Monde morcelé »
Cette expression utilisée par Cornelius Castoriadis [3], me parait résumer au mieux la situation dans laquelle nous nous trouvons, elle correspond à l’état réel de notre société fin de siècle. La liste serait longue des disparités entre les pays du Nord et ceux du Sud, entre les pays occidentaux et ceux de l’ex-bloc soviétique... on assiste à un morcellement de la planète entre pays industrialisés et pays pauvres. L’écrasement du tiers-monde continue, cruellement même s’il ne fait pas la Une des journaux, car ce Tiers monde est coincé entre la Banque Mondiale, le FMI et le contrôle des matières premières imposé par quelques pays. C’est le retour au colonialisme, qui lui au moins investissait en construisant des routes et des écoles. On ne peut être que d’accord pour un moratoire de la dette des pays pauvres, réclamé par les organisations caritatives, mais après ? Si rien n’évolue dans l’organisation de l’économie mondiale, dans cinq ans peut-être, il faudra un nouveau moratoire, quand ces pays seront exsangues...
Les pays d’une richesse relative ne sont pas épargnés par ce phénomène de morcellement. Il n’y a pas de “fracture sociale” [4], mais un nouveau clivage des catégories sociales, autour d’une classe moyenne majoritaire (à l’image de ce qui se passe aux états-Unis). La montée en puissance de la pauvreté s’accentuant, on assiste en fait à la création de “sous-classes”, selon le degré de paupérisation on parle alors de “quart-monde”. En France, les inégalités se creusent depuis dix ans et la pauvreté s’est urbanisée. Selon l’INSEE, le niveau de vie des moins de 25 ans a baissé de 15% en cinq ans ; la précarité et l’exclusion touchant les jeunes, les femmes et les ménages pauvres. Nous avions déjà les Smicards et les intérimaires, voici venu le temps des RMIstes, des employés précaires, des chômeurs en fin de droits... Plus on s’éloigne de la société industrielle vers la société virtuelle, moins l’intégration sociale est possible, et l’on assiste à l’émergence d’une société duale. Comme l’écrit Michel Wieviorka [5], « on est dans la société ou en dehors et exclu, on est in ou out ». Le gouvernement actuel veut nous convaincre qu’avec une courbe décroissante du chômage (sujette à caution !), et sa loi sur les 35 heures, les problèmes se règlent. Ce n’est hélas qu’un leurre ! La précarité de l’emploi augmente, les conditions de travail “flexibles” (“souples” dit Martine Aubry), permettent au patronat de dénoncer les conventions. Par ailleurs, la pauvreté s’accentue avec son cortège de violences.
« La cruauté du monde »
Force est de constater que les illusions des philosophes, littérateurs et économistes du début du siècle, basées sur leur foi dans les progrès de la science et des techniques, nous laissent perplexes ; on ne peut qu’avouer notre désenchantement.
Edgar Morin [6] résume bien le sentiment de ceux qui tentent d’être lucides, face à l’outrecuidance des laudateurs de la modernité économique « L’accrois-sement de la dépendance à l’argent, de l’indépendance par l’argent, et du pouvoir de l’argent généralise et amplifie les avidités impitoyables » (cf. Michelin, BNP et Société Générale, Mannesmann...)
« La technique et la bureaucratie propagent une inhumanité glacée, mécanique, désintégrant par leurs quantifications les réalités vécues des êtres de chair, de sang et d’âme. La spécialisation et la compartimentation détruisent le sens de la responsabilité. Ainsi s’accroit la cruauté par indifférence, inattention et cécité. » (Un “plan social”, appelé aussi “dégraissage” dans les conseils d’administration. sous une apparence technique, fait abstraction des drames sociaux liés aux licenciements).
Constat pessimiste ? Voyez les informations transmises par les médias : corruption devenue monnaie (!) courante, technoscience livrée à elle-même, sacro-saint Marché aux mains d’électrons libres, fabrication de produits dont on ne sait pas s’ils sont utiles pourvu qu’ils soient vendables, avec publicité délirante si nécessaire...
Conformisme globalisé
Face à cette cruauté, à peine cachée dans les relations humaines, qui atteint entreprises, groupes, ethnies, religions, quelles ont été les grandes résistances ? Bien que les orthodoxes nous aient affirmé que ce siècle était celui de l’individualisme (n’est-ce pas plutôt celui de l’égoïsme ?), il apparaît qu’au contraire c’est celui du conformisme généralisé, et particulièrement dans la dernière décennie.
Si l’on regarde l’Europe, l’absence de pensée politique (et les convictions molles) des élus européens laisse les performances économiques gérer nos démocraties (toutes relatives). Oublié l’avertissement lancé par Raymond Queneau dés 1938 : « Le but de toute transformation sociale est le bonheur des individus et non la réalisation de lois économiques inéluctables. » [7] Quelle prémonition ! N’étant pas économiste, il n’en avait que plus de mérite à dénoncer déjà la “pensée unique”.
On peut accuser, à juste titre, les oligopoles financiers de cette situation, mais en fait, tout se passe comme s’il n’y avait pas de responsable. Aucune lutte de classes (l’analyse marxiste devient obsolète), pas de prédominance d’un groupe particulier, pas de réel dictateur, juste un faisceau de pressions impersonnelles, un embrayage en roue libre (le cycle infernal !). Pas de contre-pouvoir en regard. Une sorte de passivité générale s’est emparée de la société qui, détruisant les valeurs culturelles, devient la véritable société de consommation, tant attaquée par les soixante huitards. Les partis politiques de droite ou de gauche, quand ils alternent au pouvoir, gèrent la crise. Les syndicats ont peu d’audience et se battent en ordre dispersé, ils secouent un peu leur apathie lorsque la base s’énerve mais, en définitive, aucune remise en cause des fondements de la société libérale dans laquelle on baigne.
Enfin, si des voies discordantes s’élèvent, les médias “grand public”, qui ne peuvent s’extraire de leur peau de nouveaux chiens de garde, s’étonnent, ironisent ou combattent. J’en veux pour preuves leur attitude face à l’audience grandissante d’Attac ou de Droits devant !, ou les commentaires visant José Bové, le courageux représentant de la Confédération paysanne, dont les démarches paraissent pour beaucoup saugrenues et provocatrices.
On n’arrête pas le progrès (?)Le Saint Siège s’est associé à une société américaine pour vendre la bénédiction papale… par téléphone. Cette société va produire des cartes téléphoniques, émises par le Vatican, signées par Jean-Paul II : si vous appelez des Etats-Unis avec cette carte, vous serez bénis. Selon un journal de Miami, la société prévoit la vente de 4 millions de ces cartes… par mois ! Amen. |
L’effet religion
On ne peut, en cette fin de siècle, exclure l’importance du fait religieux qui sous-tend souvent les activités humaines. Bien que le principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat soit en vigueur dans de nombreux États, à commencer par les États-Unis et l’Europe, les motivations religieuses gardent une influence souterraine, mais prépondérante sur la politique et l’économie. Le dernier numéro de Manière de Voir [8], est consacré à L’offensive des religions, et Ignacio Ramonet, présentant un tableau des religions actuelles, ouvre le débat sous l’angle de la « Géopolitique des religions ».
Nous évoquions, en préambule, les conflits du Kosovo, de la Tchechénie et du Timor-oriental. Bien que la cause profonde de ces conflits ne soit pas religieuse, face à l’uniformisation culturelle imposée par le libéralisme, les peuples soumis à ce rouleau compresseur sont tentés de retrouver leurs racines religieuses. Et cette réaction s’est encore amplifiée depuis l’effondrement des idéologies révolutionnaires qui s’étaient substituées aux croyances ancestrales. Malheureusement, ces réflexes identitaires ne profitent qu’à l’exacerbation des intégrismes, générateurs de nouvelles luttes pour la conquête du pouvoir politique et l’accaparement des richesses communes par quelques personnes ou quelques groupuscules.
Il y a, bien sûr, le phénomène des sectes. Mais il touche essentiellement les pays industrialisés et correspond à l’exploitation financière par des prédateurs de la crédulité humaine ou du “mal vivre” (cette forme d’exclusion psychologique de notre société). Mais, en fait, il ne s’agit pas là de religions qui, elles, drainent toute une culture. S’agissant des religions, on pense, en premier lieu à l’Islam, dont l’activisme a resurgit dans le dernier demi-siècle. Mais les autres religions ne sont pas épargnées par un retour vers un conservatisme anachronique.
L’Eglise catholique, qui avait déjà réprimé la Théologie de la libération [9], s’est dotée maintenant “d’armes secrètes” avec l’Opus Dei [10] (la “franc-maçonnerie blanche”) et la Légion du Christ (les “légionnaires sont les fils de Donald Reagan et de Jean-Paul II”, tout un programme !). Attendons les déclarations de Jean-Paul II, à l’occasion du Jubilé 2.000. Même si le discours séduit [11], sa vision de l’Europe laisse perplexe lorsqu’on assiste au renforcement du centralisme et l’abandon de l’esprit Vatican II. On peut douter de la sincérité du Vatican à intégrer les nouvelles données socio-économiques, quand l’esprit se tourne vers une nouvelle croisade, d’autant qu’elle représente encore une puissance financière et politique importante. Aussi, « la vision nostalgique de l’histoire qui, faisant du christianisme le lieu commun de l’Europe, inspire l’entreprise de “nouvelle évangélisation”, qui doit aboutir à la réconciliation de l’Est et de l’Ouest européen, de l’Atlantique à l’Oural (rêve gaullien !), et de la Baltique à la Méditerranée. Renversé le mur de Berlin, le mot d’ordre de la rechristianisation se muera en planétisation d’une nouvelle contre-réforme, dans un monde jugé trop sécularisé ».
Après ce panorama, non exhaustif, nous pouvons peut-être nous permettre de proposer quelques pistes de réflexion pour démarrer les chantiers du futur. Car après Seattle, la guerre économique se poursuit avec les risques de plonger le monde dans un chaos qui ne fera qu’amplifier les conflits armés, les crises sociales, les inégalités humaines. Comme l’a dit Paul Ricœur : « Nous sommes toujours à la fois dans l’héritage et dans le projet. Il ne faut jamais séparer les deux ». il précisait que : « Les révolutions résultent des réformes que l’on n’a pas faites ». Sans être pessimistes, nous pourrions ajouter qu’elles nous pendent au nez. Que faire alors, sinon proposer des chantiers pour sortir définitivement du labyrinthe ?
Chantier de résistance :
« Le but de l’État moderne c’est de composer une termitière [12] une masse de fourmis. Dans les états démocratiques comme la France, ou à peu près semblables, l’organisation sociale prévoit la place de grosses fourmis au ventre blanc qui sont les reines qu’on nourrit et qu’on soigne. » [13] N’est-ce pas l’idéologie du système technico-financier actuel, avec son concept de globalisation ? Les grosses fourmis ne sont-elles pas la poignée de milliardaires dominant la planète, aidés par la nouvelle hyperbourgeoisie salariée qui progressivement remplace les bourgeoisies traditionnelles ? C’est là que réside le risque majeur pour les classe moyennes nationales, majoritaires dans les pays industrialisés. L’entreprise de “massification” est commencée pour uniformiser les désirs (dans un souci de rentabilité !) par marketing et management, en imposant Coca-Cola, Intel Inside, jeans, films, pizzas, produits de beauté... Je n’invente rien, lisez Théodor Levitt (Harvard Business Review). Cet apôtre de la globalisation écrit : « Loin est le temps des différences régionales ou nationales. Les différence dues à la culture, aux normes, aux structures, sont des vestiges du passé. La convergence, tendance de toute chose à devenir comme les autres (navrant postulat !) pousse le marché vers une communauté globale ».
Uniformité, d’où conformisme, voilà la convergence pour mieux nous priver de libre-arbitre, c’est-à-dire de liberté. Il faut donc résister ! La Terre n’est pas à vendre !
Après Seattle, on ne doit pas baisser la garde, et avec les ONG, montrer que les citoyens, que la société civile, existent encore. Car « les organisations non gouvernementales font ce que les États ne font pas, elles soignent et parlent quand tout le monde se tait. Les french doctors sont l’honneur de la France, Cyrano devenu médecin humanitaire : droits de l’homme et panache blanc [14]. » Depuis nous avons les french farmers. C’est sans doute le plus important, car là réside l’urgence ! Il faut que les gouvernements cessent de prôner l’agriculture industrielle extensive qui désertifie la planète. Les états-Unis ont tort de s’entêter, ils hypothèquent l’avenir de leurs descendants. Même en France démembrons définitivement les remembrements catastrophiques.
Chantier de libération des esprits (ou le sentier de la liberté...)
Alexandre Adler [15] écrit que « les vrais démocrates n’ont pas peur de l’OMC. » Mais où étaient donc les vrais démocrates à Seattle ? Dans les salons verts, où se tenaient des réunions à huis clos, les pays pauvres ayant déjà été exclus des discussions vitales pour leur peuple ? Pour moi, la démocratie c’est la transparence, et en ce sens l’OMC n’est pas, jusqu’à présent, une organisation démocratique. C’est le Conseil d’administration de l’oligarchie financière, imposant ses appétits de puissance aux politiques, en un mot une institution de type féodal.
Libérons-nous vite de cette Organisation Mondiale du Commerce privatisé !
à part la presse écrite qui a fait un effort pour rendre compte de cette actualité importante, ce n’est pas avec les télévisions françaises que nous avons pu nous tenir bien informés. De Seattle nous n’avons vu que les scènes télévisuelles traditionnelles, on ne savait plus si nous étions à Seattle ou à Saint Brieuc ! Ah ! J’oubliais le commentaire, d’une platitude extrême, de l’inénarrable Jean-Marc Sylvestre. Il est vrai que nous assistions à un non événement économique, le consensus des vrais démocrates était dans la rue, et non dans les salles de réunion.
Chantier de réforme des institutions mondiales
Rien ne sert de créer de nouvelles institutions, réformons Banque Mondiale et FMI. Comme l’a proposé Riccardo Petrella, il faut concevoir “un contrat social mondial”, afin de « déligitimer les principes fondateurs de l’économie mondiale, délégitimer les valeurs culturelles des possédants, délégitimer la privatisation totale de toute activité humaine ». …
Il faut que ces modifications s’accompagnent d’une évolution des consciences. Inventer une vraie démocratie mondiale face à la trop cynique globalisation ! Pour ce faire, il faut informer et s’informer, les outils de communication “en temps réel” existent maintenant, et pourraient servir à contrer les Bourses.
L’objectif du troisième millénaire est simple et doit être, en priorité, de détruire le mythe de la mondialisation, qui est vide de sens. Il faut inverser les valeurs actuelles, et s’efforcer de développer une civilisation permettant le bien-être de l’individu et la cohérence de la société dans laquelle il vit. L’évolution passe par la mise en valeur du monde, non pas uniquement pour produire, vendre, et consommer, mais pour s’éduquer, créer (l’art, et l’invention scientifique) ou flâner ! Mais cette démarche implique de recréer une véritable politique (la polis de la Grèce antique), basée sur une justice et une économie distributive. Que l’utopie nous sauve des idéologies, et surtout de la plus dangereuse maintenant, la religion néolibérale !
[1] Rappelons qu’un jubilé est « une indulgence pleinière solennelle et générale accordée pour une année par le Pape, sous la condition d’accomplir certaines pratiques de dévotion ».
[2] En l’an 1.000 commence la conquête sanglante de l’Angleterre par les Danois ; en l’an 2.000 la reconquête de la Tchétchénie par la Russie s’achève, avec une efficacité que les Danois auraient enviée. Ils n’avaient que des lances, pas encore de lance missiles !
[3] Carrefour du labyrinthe, III, Le Seuil ,1990.
[4] Spécieuse formule de Jacques Chirac, lors de l’élection présidentielle. Peut-on sérieusement parler de “fracture”, pour un corps qui n’est pas (et depuis les origines) homogène, et notamment le corps social ?
[5] Dossiers & Documents du Monde, oct.1999.
[6] Mes démons., Edgar Morin, Point Seuil, 1994.
[7] Traité des vertus démocratiques, Gallimard, 1993.
[8] Manière de Voir, N°48, nov-déc. 1999.
[9] Qui considérait que l’Eglise devait cesser de participer au système de domination, s’opposer aux puissants et dénoncer l’injustice sociale. Rappelez-vous, les représentants de ce courant progressiste : Dom Helder Camara (Brésil) et Mgr. Romero (El salvador), assassiné en 1980 par l’extrême droite, à la suite de ses prises de position contre la misère et la violation des droits de l’homme.
[10] L’Opus Dei, née sous Franco, comptait quatre ministres dans le gouvernement fasciste de l’époque, et plusieurs membres de l’actuel gouvernement en font partie, non officiellement bien sûr.
[11] N’a-t-il pas déjà parlé de « l’exploitation de l’homme par l’homme » ? Formule déjà entendue chez un autre Pape...
[12] « La termitière future m’épouvante et je hais leurs vertus et leurs robots » Saint-Exupéry, dernières lettres.
[13] Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, Jean Giono, 1938.
[14] Le Siècle Rebelle, Michel-Antoine Burnier, mars 1999.
[15] dans son éditorial de novembre 1999 de Courrier International. Précisons que ce journal appartient à Havas-Vivendi. On aimerait connaîtrel’opinion de Jean-Marie Messier, PDG. de Vivendi (transnationales françaises), et patron d’U.S.Filter !