Les monnaies
par
Publication : décembre 1989
Mise en ligne : 15 avril 2009
Je voudrais que le problème de la dette soit
posé en termes clairs : l’argent prêté au tiers
monde n’est que des écritures de crédit et non pas de
la monnaie "banque centrale" d’Etat.
Il y a là une énorme différence : les milliards
prêtés n’ont coûté aux banques qu’un peu d’encre
et du papier, rien de plus ! L’intérêt, ajouté au
capital, double ce qui peut à mon avis être considéré
comme une imposture magistrale. Le prix Nobel 1988 d’économie
politique, Maurice Allais, considère à ce sujet qu"’il
n’y a pas de différence aujourd’hui entre le métier de
fauxmonnayeur et celui de banquier" (1). La monnaie des pays développés
est elle-même créée "ex-nihilo à 90%"
(2). Pourquoi donc brûler les forêts tropicales afin d’éteindre
une "dette" qui n’est que comptable et de rembourser un intérêt
qui n’est payable que par un nouvel emprunt en monnaie bancaire ?
Le sénateur américain Metcalf pose le problème
très nettement : en 1913 le Congrès des Etats-Unis a confié
à un groupement privé, appelé "Fédéral
Réserve Broad", sa responsabilité constitutionnelle
de création de la monnaie. Depuis cette date, c’est cette "corporation
bancaire sous contrat privé" qui fabrique les dollars au
titre de Banque Centrale et qui les prête contre intérêts
au gouvernement des Etats-Unis, le plus endetté du monde.
Seuls Lincoln et Kennedy ont osé faire une monnaie d’Etat : ils
ont été assassinés peu de temps après avoir
instauré ce système d’argent sans dette, public et non
bancaire.
Tant que l’épais dossier relatif à la nature même
des monnaies n’aura pas été soigneusement analysé
par les responsables politiques, un système injuste et périmé
continuera à détruire la vie de la planète, en
la privatisant.
(1) Le Monde du 25 Octobre 1988
(2) J.Riboud, "Controverses sur la Banque et la Monnaie, 1986