Lu, vu, entendu


Publication : février 1990
Mise en ligne : 2 avril 2009

Ils y viennent !
"Surprenant scandale pour l’idéologie matérialiste actuelle : depuis trente ans, la progression considérable de la richesse des Français s’est accompagnée d’un déclin alarmant de leur état psychique, physique et moral. Insidieusement se développe une nouvelle forme de misère la régression de l’homme...
On pollue l’air et l’eau parce qu’il couterait plus cher d’épurer les rejets des usines et des foyers domestiques. On bétonne les espaces verts parce que dans les villes et les zones très touristiques ils valent souvent cent fois moins cher que les terrains à bâtir...
Les objectifs d’un développement écologique seront une industrie non polluante, une agriculture biologique et non plus chimique, un urbanisme vert, un aménagement du territoire qui réduise les mégalopoles au profit des villes petites ou moyennes, un essor de la vie associative et un renouveau des communautés naturelles... "

(Philippe Saint Marc, Le Monde,
Décembre 1989)

L’auteur de ces lignes, Conseiller-Maitre à la Cour des Comptes, n’explique pas comment en arriver là. Mais il n’a plus qu’à se mettre au courant de nos thèses pour trouver , la citation suivante vient d’ailleurs à point pour l’y encourager
"Surplus et déficits de toute nature, chômage et endettement en constante progression, instabilité monétaire endémique, trafics transformant les marchés financiers en vulgaires salles de jeux, protectionnismes en tout genre portant sur des centaines de milliards de dollars dans les économies développées, énormes inégalités entre classes et entre régions, et, maintenant, concentration sans frein d’un pouvoir colossal : telles sont les principales caractéristiques de la guerre économique mondiale, des crises inhérentes au fonctionnement du capitalisme financier"

(Fréderic F. Clairemonte,Le Monde Diplomatique, Décembre 1989)

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Calvet : le prix de l’entêtement
Jacques Calvet, qui s’était littéralement caché lors de la longue grève de Peugeot, a tenu en décembre une conférence de Presse pour annoncer - et se plaindre - que la grève avait coûté à son groupe la perte de 50.000 véhicules et compromis l’apurement de ses dettes à fin 1989. Pas un mot d’autocritique de ce patron socialement archaïque  !

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Tiers-Monde et libéralisme
Houphouët-Boigny, dans une interview au Monde du 26 décembre, déclare :
"C’est vous seul qui décidez du prix que vous imposez pour nos matières premières... Prenons le café et le cacao. Que demandons-nous ? Minimum 1000 F. CFA le kilo (1 franc CFA vaut 2 centimes). Jusqu’en 1986, vous nous payiez 1200 F CFA le café et 1100 F CFA le cacao. Brutalement, vous faites chuter jusqu’à 300 F. CFA sans que pour autant le prix à la consommation ait baissé, au contraire. Un kilo de café vous permet de servir 50 tasses au prix moyen de 600 F. CFA" . La valeur ajoutée - 100 fois le prix d’achat pour transport, torréfaction, conditionnement, vente n’est pas mince. Au nom du libéralisme
Qui d’entre nous a constaté une baisse du prix du chocolat ? Houphouët-Boigny poursuit : "Depuis trois ans, le cacao et le café ivoiriens sont tombés de 1000 à 300 milliards de francs CFA. 700 milliards en moins par an. Où sont nos dettes  ?"

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Flot de réfugiés en RFA
En dehors du fait qu’il manque 600.00 logements, avec 700.000 nouveaux arrivants depuis le début de 1989 en provenance de l’Est, le chômage atteint 120.000 personnes parmi ces réfugiés
on compte30 °/ chez les arrivants de RDA, 50 % chez les autres qui ne parlent pas l’allemand.

(selon le Monde du 27 décembre 1989)

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Les voeux de Mikhail Gorbatchev
Des vagues de r&eacute;novation socialiste ont d&eacute;ferl&eacute;          sur l'Europe de l'Est. Les &eacute;v&eacute;nements dramatiques &agrave;          Berlin, Sofia, Prague et Bucarest ont de nouveau prouv&eacute; avec          une grande force l'absolue n&eacute;cessit&eacute; d'unir socialisme          et d&eacute;mocratie. Nous souhaitons &agrave; nos amis succ&egrave;s          dans cette voie, ils peuvent toujours compter sur notre solidarit&eacute;          .<br>          ... Pour la premi&egrave;re fois, nous avons v&eacute;cu d'importants          d&eacute;brayages dans l'industrie et des perturbations &eacute;conomiques          majeures.<br>          II ya eu un manque d'ordre et de discipline. L'exacerbation des relations          inter-ethniques a aussi &eacute;t&eacute; une source d'inqui&eacute;tudes          majeures, mais nous avons beaucoup appris et nous voyons clairement          l'objectif &agrave; atteindre&nbsp;: un socialisme d&eacute;mocratique et          humain, une soci&eacute;t&eacute; de libert&eacute; et de justice sociale&quot;.</p>        <p align="right"> (Le Monde du 2 janvier 1990)</p>        <p align="center">***</p>        <div align="justify">          <p>Les march&eacute;s financiers en 1989<br>            &quot;Jamais les pays industriels n'ont travers&eacute; une phase            d'expansion aussi longue. Les march&eacute;s financiers sont les reflets            fid&egrave;les de cette &eacute;poque. Leur prosp&eacute;rit&eacute;            a &eacute;t&eacute; sans &eacute;gale et le demeure. Presque toutes            les places culminent &agrave; des niveaux historiques&quot;.</p>          <p align="right"> (Le Monde 2 janvier1990) </p>          <p>Que pensent les pr&eacute;caires, les ch&ocirc;meurs, les pauvres,            les affam&eacute;s du Tiers-Monde. Le Casino fait la loi&nbsp;!</p>        </div>        <p align="center">***</p>        <p align="justify">Dette&nbsp;: les Suisses donnent l'exemple&nbsp;!<br>          Pas banale l'action entreprise par nos amis de la D&eacute;claration          de Berne (DB), l'&eacute;quivalent helv&eacute;tique d Agir Ici (cr&eacute;&eacute;          d&egrave;s 1968!). Sur le th&egrave;me&nbsp;:l’annulation de la dette, faisons-la nousmêmes", la DB vient de lancer une action originale.
Le 20 novembre dernier, 50 personnalités suisses (députés sociaux-démocrates et écologistes, responsables d’Églises...) ont emprunté chacune 1000 francs suisses à leurs banques et ont immédiatement formé un cartel des débiteurs. Ils ont placé ces emprunts dans un fonds commun pour appuyer des initiatives dans le tiers monde qui ont pour objectif de diminuer les effets négatifs pour les populations de la crise de l’endettement Le premier bénéficiaire de cette solidarité d’un nouveau genre a été l’organisation philippine "Coalition pour la libération de la dette" qui regroupe de nombreuses associations de ce pays.
Dernier détail et non des moindres : les 50 emprunteurs ont déclaré qu’ils ne rembourseraient ni les intérêts, ni le capital de cette dette à leurs banques. On estime en effet que les banques suisses abritent près de 150 milliards de dollars provenant de la fuite des capitaux organisée par des dirigeants des pays du Sud avec le consentement des banquiers des "paradis fiscaux". Les emprunteurs suisses estiment que la dette que ces banques continuent de réclamer a déjà été payée.

(Communiqué par `Agir Ici’)

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"La mémoire courte" juge le gouvernement socialiste
L’association "la Mémoire Courte", proche du PS, émet dans l’éditorial de son bulletin de décembre, - ainsi que nous l’apprend le Monde du 10 décembre 1989, qui en publie quelques extraits, - un jugement sévère sur le gouvernement actuel.
Parce que "rien n’a changé dans la vie quotidienne", lit-on dans ce texte, "le malaise est grand dans l’électorat socialiste" : Attachée aux "valeurs inaliénables" que représente pour elle le socialisme - défense des droits de l’homme, des liber tés individuelles et collectives, de la laïcité", - La Mémoire courte espérait "des idées et des actions révolutionnaires". "Au lieu de cela, dit l’éditorial, nous avons un gouvernement piégé par l’économie et les pesanteurs héritées de la droite (...) Le socialisme, ce n’est pas cela (...) Qu’on vienne nous expliquer clairement, simplement, ce qui ne va pas, pourquoi et comment nous allons y remédier et à quel rythme (...) On attend des socialistes d’autres attitudes dans les relations humaines.( ...)".

(Communiqué par Pierre Herdner)