Les joies de l’économie des ressources

(suite)

par  F. BRADBURY
Publication : mars 1990
Mise en ligne : 30 mars 2009

Nous avons commencé dans notre numéro 881 et poursuivi dans nos numéros 88" et 885 la traduction d’une proposition de réformes qui nous vient du Royaume-Uni tendant à substituer aux multiples taxes en vigueur une taxe unique basée sur l’énergie. Voici la suite de cette traduction.

L’alternative acceptable :

Ce cadre fournit les incitations appropriées, les récompenses et les protections, tout en laissant aux individus et aux organisations la liberté de prendre leurs propres décisions sur les utilisations des ressources les plus efficaces, les plus agréables ou les plus appropriées. II n’est pas nécessaire que le gouvernement ou un autre tiers-parti classe les consommations. Chacun aura sa propre perception des prix et des priorités sur la façon de consommer. On n’évite pas le "coût social" de la consommation ou alors on s’en passe. C’est ça le concept de l’Economie des Ressources, conduisant en pratique à une économie dynamique, équilibrée, alimentant toutes les dépenses gouvernementales.

4.2 II ya des arguments qui s’imposent en faveur de l’Economie des Ressources, même si nous ne sommes pas d’accord sur l’état désastreux des économies du monde actuel. L’inflation nous a appris que les systèmes statiques (le vieil étalon or, par exemple) n’ont plus d’existence réelle. Nous avons été formés à nous occuper de la dynamique des variations rapides des marchés, des valeurs des monnaies, des taux de change, des types de travail flexible, de la participation et du partage des profits, des sources d’approvisionnement changeantes, des technologies qui se développent avec de nouvelles conceptions de fabrication et de nouveaux matériaux, sans parler des règles fondamentales de taxation constamment modifiées et des troubles politiques. Il existe un moyen de faire tourner les économies nationales sans la contrainte ridicule de budgets annuels, et permettant au contraire inéluctablement de toujours équilibrer les dépenses par les recettes.

4.3 Le changement vers l’Economie des Ressources ne s’impose pas non plus, simplement parce que nous voudrions utiliser moins de ressources naturelleset parce que nous avons un surplus global de main d’oeuvre. Beaucoup de gens cependant pourraient utiliser de tels arguments émotionnels. Derrière ces arguments, il ya la vérité de la nature de la production qui est en train de changer. La production tend de plus en plus à s’orienter vers le consommateur et à être riche en ressources, rapidement dépréciée, intensive en capital et destructrice de main d’oeuvre.Elle est devenue insupportable par l’utilisation concentrée des ressources en capital (bien au delà du taux auquel elles peuvent être remplacées) et cependant elle rejette avec mépris la seule ressource renouvelable : l’effort humain qui est en excédent ! Ce comportement extraordinaire renverse effectivement les facteurs classiques de production et pourtant nous ne voyons pas les changements correspondants dans les trésoreries des gouvernements. Le résultat est un phénomène que j’ai décrit ailleurs sous le nom "d’inflation technologique". Par dessus tout, ça nous dit que l’économie classique ne convient plus.

4.4 Le seul traitement de l’inflation technologique mettant en oeuvre les méthodes de l’économie actuelle (néo classique) serait, en disant les choses avec douceur, très douloureux. En bref, il aurait pour conséquence de décourager la production, et, soit de réduire la population, soit d’accepter globalement une sousutilisation massive des ressources de main d’oeuvre  : chômage élevé (dans les "bons" emplois) associé à une baisse moyenne du niveau de vie. En un mot, "retarder les pendules" jusqu’au moment où les facteurs classiques de production (capital et travail) redeviendraient appropriées. Même ainsi, celà n’encouragerait pas à la création de richesses durables puisque nous allons vers une ère de diminution des ressources et de croissance des populations. Celà ne stimulerait pas non plus la distribution de ces richesses (voir le rapport Brandt sur les relations Nord-Sud) puisqu’un plus grand nombre de gens aspire à des niveaux de vie plus élevés.
Continuer à utiliser les méthodes de l’économie classique actuelle n’est pas seulement de plus en plus impraticable, c’est finalement suicidaire.

5.Proposition

5.1 La réponse est toute simple. En plus, elle est facile à mettre en oeuvre, et au lieu d’être pénible, elle pourrait être en fait très agréable. Elle pourrait aussi attirer beaucoup d’électeurs et valoir une bonne popularité politique. Mais il est un domaine dans lequel l’Economie des Ressources ne se conforme pas aux structures capital-main d’oeuvre des sociétés anciennes : elles y sont égalitaires, tout le monde partageant de manière non sélective la prospérité nationale, tout le monde payant inévitablement sa part. Dans cet article, nous adoptons ce point de vue constructif que les deux parties (le capital et le travail) sont correctes (budgets équilibrés dans un marché libre et l’assitance sociale pour tout le monde), plutôt que le point de vue destructif suivant lequel les deux parties sont mauvaises (le fort prenant au faible et l’Etat punissant la réussite par une redistribution forcée). Si un trait est mis en lumière par l’Economie des Ressources, c’est celui d’un développement démocratique et d’une saine écologie de l’environnement (le bien-être humain au prix de la planète). II ne faut pas réfléchir longtemps pour comprendre que c’est là l’ultime conflit. le choix est donc clair entre deux voies distinctes  : ou bien nous gardons le système économique actuel (néoclassique), basé sur des facteurs de production dépassés et attendons-nous à la catharsis d’un violent effondrement de l’humanité ; ou bien nous nous adaptons aux réalités présentes en inversant les vieux facteurs de production pour qu’ils deviennent ceux d’une nouvelle consommation.
Telle est la Proposition de l’Economie des Ressources (PER) qui implique une certaine promotion de la couleur "verte" en train d’émerger en politique et qui reconnait la réalité du consumérisme démocratique.