Où va l’URSS de la Glasnost ?
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Publication : mars 1990
Mise en ligne : 30 mars 2009
Tous les indices, disait Trotsky en 1936, portent à croire que les événements amèneront infailliblement un conflit entre les forces populaires et l’oligarchie bureaucratique. L’auteur de "la révolution trahie" émettait deux hypothèses qui lui semblaient les plus vraisemblables. La première était celle d’un parti révolutionnaire ayant toutes les qualités du bolchevisme qui chasserait, à la tête de la classe ouvrière, la bureaucratie au pouvoir. La seconde, à l’inverse, était celle d’un parti bourgeois renversant la caste soviétique dirigeante, et qui trouverait pas mal de serviteurs parmi les bureaucrates d’alors. Car, disait-il, la restauration bourgeoise aurait vraisemblablement moins de monde à exterminer qu’un parti révolutionnaire. L’objectif de ce nouveau pouvoir bourgeois serait de rétablir la propriété privée des moyens de production.
Dix-neuf ans après la Révolution d’Octobre,
Léon Trotsky affirmait que les ouvriers s’opposeraient à
la restauration du capitalisme. Ce jugement s’est révélé
valable et rien ne prouve qu’il ne se vérifiera pas encore dans
l’avenir. La question qui se pose pour les dirigeants soviétiques,
c’est celle de "la vérité des prix". Comment
les travailleurs réagirontils au renchérissement du coût
de ces produits, même si cela les fait réapparaitre sur
les marchés. Le second type de réaction serait plus dangereux
pour les projets de ceux des bureaucrates voulant asseoir leurs privilèges
en s’assurant la propriété des entreprises. Comment la
base réagira-t-elle à la privatisation des entreprises
? Est-ce que la classe ouvrière soviétique tient encore
à la propriété d’Etat des moyens de production
? Plus exactement, y tientelle au point de la défendre ?
C’est de cette force-là dont Trotsky voulait parler en invoquant
la conscience des travailleurs. Que reste-t-il des conquêtes d’Octobre
dans cette conscience ? Nul ne le sait et les dix années à
venir vont probablement nous l’apprendre.
Tous les progressistes occidentaux en ont conscience, aujourd’hui, notre
sort est intimement lié aux évènements qui vont
marquer l’histoire des peuples de l’Est. II y a un espoir. Ne serait-ce
du fait que le niveau moyen d’instruction de la population est un des
plus élevés du monde, sinon le plus élevé.
L’URSS est un pays où on lit beaucoup, y compris dans la classe
ouvrière. Et celà constitue un incontestable atout...
C’est la raison pour laquelle nous invitons les lecteurs de la Grande
Relève qui entretiennent des relations amicales avec des citoyens
soviétiques à leur faire parvenir de la documentation
dont ils ont le plus grand besoin.