Au fil des jours
par
Publication : août 2000
Mise en ligne : 29 mars 2009
Faire l’Europe des citoyens
C’est aussi ce que souhaite (?) Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen, quand elle approuve l’idée d’une Constitution européenne en ces termes : « à l’aube du XXI ème siècle, est-il vraiment exorbitant de reconnaître à tout citoyen de l’Union le droit à un logement décent, comme on lui reconnaît le droit à la solidarité sociale ? Face aux désastres écologiques, est-il vraiment exorbitant de reconnaître le droit de tous à un environnement sain ?… Après l’Europe économique, avec l’Europe politique, il est temps enfin de faire l’Europe des citoyens, c’est à dire en fait, celle des consciences [1] ».
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À propos d’Europe
Le passage des monnaies européennes à l’euro devait être simple et gratuit pour le grand public. Mais selon une enquête menée par les journalistes du Monde, il semble qu’il n’en sera rien, l’échange de francs en euros, hors de sa propre banque, sera payant dès le premier jour pour tout citoyen lambda. Et les banques n’ont pas renoncé à faire payer les chèques…
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Encore un dinosaure…
C’est du “mis en examen” Jean-Claude Trichet, par ailleurs toujours gouverneur de la Banque de France, qu’il s’agit. Selon lui pour « contrer l’inflation, donc pour assurer croissance, solidité et longévité », il faut : « être aussi ouvert que possible aux nouvelles technologies et aux gains de productivité de manière à avoir les coûts de production les plus faibles possible : augmenter résolument les investissements des entreprises de manière à desserrer les goulets d’étranglements actuels… Tout ce que nous pouvons faire pour desserrer les goulets d’étranglement de l’économie est bon pour la stabilité des prix, bon pour la croissance, bon pour la lutte contre le chômage. Cela dit nous n’avons pas encore vu, en France et en Europe, le sursaut de productivité que nous appelons de nos vœux… ». Apparemment M. Trichet ne se souvient pas que la forte croissance que la France a connue pendant les “trente glorieuses” était accompagnée d’une forte inflation. Il croit encore au “théorème” de l’ancien chancelier Schmidt : l’épargne d’aujourd’hui, ce sont les investissements de demain et les emplois d’après demain. Cela n’a guère fait qu’un peu plus de 4 millions de chômeurs officiels en Allemagne et presqu’autant en France (voir “une autre lecture” ci-après et les chiffres p. 12…). Quant aux bienfaits des gains de productivité, en voici un exemple :
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MIRS
Le fabricant Italien de pneus haut de gamme Pirelli vient de présenter à Milan un nouveau concept d’usine, appelé MIRS (Modular Integrated Robotized System) qui devrait permettre d’accroître de 25% la productivité du groupe [2]. Comme le résume le directeur marketing de Pirelli-France : « Avec ce système, la production de pneus ne sera plus tout à fait assimilée à de la manufacture ». En effet, ce nouveau système de fabrication est constitué d’une micro-usine sans ouvrier, dans laquelle un petit nombre de robots, répartis sur une petite surface, sont capables de produire 125.000 pneus par an. L’ensemble est commandé par trois hommes en blouse blanche surveillant le processus devant leur écran d’ordinateur. Tout est géré par un logiciel qui contrôle le mouvement des robots, l’approvisionnement automatique des lignes, le choix des dimensions des pneus, le moulage. La production se fait à flux continu, ce qui réduit au minimum les stocks et améliore considérablement le temps de réponse aux commandes. Qui plus est, MIRS permet d’abaisser de 60% les délais de développement en intégrant au tout début du processus de fabrication l’ingénierie et le design des nouveaux produits. Bref, MIRS permet de réaliser des efforts de productivité gigantesques puisque, de la matière première au produit final, un pneu sera fabriqué en 72 minutes contre six jours avec le procédé classique. à production égale, les effectifs nécessaires pour faire fonctionner cette micro-usine sont réduits de 80%, la surface utilisée divisée par 5 et le coût de production diminué de 25%. Bien entendu, Michelin et Goodyear disposent aussi de procédés aussi révolutionnaires, mais ils les tiennent secrets pour le moment.
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Un beau rendement…
Selon le mensuel Challenges, la fortune professionnelle des 500 patrons français les plus riches atteint 1.260 milliards de francs, en hausse de 58% par rapport à 1999.
Ce qui ne les empêche pas de continuer à pleurer sur les difficultés de leurs entreprises !
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L’heure de vérité ?
Dans la nouvelle économie américaine, chez les start-up, licenciements et restructurations viennent de faire leur apparition [3]. Tout a commencé en avril dernier lorsque le Nasdaq a plongé avec les stock-options. The Industry Standard, qui a créé une rubrique “Flop Tracker” pour enregistrer les échecs des start-up note qu’au 15 juin elles avaient supprimé 4.650 emplois (ce qui ne représente pas grand chose puisque, selon des estimations de l’Université du Texas, 2,5 millions d’emplois ont été créés par Internet). Cependant l’évolution est inéluctable d’après l’analyste de chez Merrill Lynch : « la majorité des sociétés Internet, jusqu’à 75%, ne gagneront jamais d’argent et finiront par disparaître, par le biais de consolidation ou en faisant faillite ».