Questionnaire du Centre d’Études pour une économie nouvelle
Publication : août 1985
Mise en ligne : 13 mars 2009
Voici le questionnaire que propose le Centre d’Etudes pour une économie nouvelle. Une bonne façon d’alerter l’opinion.
I
Nous vivons une révolution économique
sans précédent dûe aux progrès scientifiques
de ces dernières années. Ceux-ci ont multiplié
prodigieusement les rendements agricoles et industriels, donné
naissance à l’usine-robot et permis aux pays développés
de produire de plus en plus avec de moins en moins de travail. Hier,
moins les uns consommaient, plus il y avait pour les autres ; aujourd’hui,
celui qui ne peut acheter ruine celui qui veut vendre...
« Dans cette situation nouvelle, pensez-vous que le mode de répartition
du pouvoir d’achat puisse être le même qu’au début
du siècle, où la rareté procurait de larges bénéfices
aux entreprises et de nombreux emplois aux salariés ? »
Lorsque les agriculteurs sont obligés de détruire une
partie de leur production pour éviter l’effondrement du prix
des récoltes et que les usines, victimes de l’encombrement du
marché, doivent congédier leur personnel...
« Est-il normal que les uns connaissent la misère malgré
l’abondance des produits et que les autres soient ruinés par
cette abondance même ? »
II
Si, grâce à un outillage perfectionné,
50 personnes produisent autant que 100 avec des moyens manuels...
« Est-il logique de réduire la part des 50 producteurs
pour assurer la subsistance des 50 non- producteurs dont le travail
a été rendu inutile par les machines ? »
Pourtant si, pour créer le pouvoir d’achat nécessaire
à l’écoulement d’une production croissante on augmente
les salaires ou les charges sociales et fiscales...
« Les entreprises, qui chancellent déjà sous l’effet
de la surproduction et de la concurrence, ne vont-elles pas sombrer
ou se mécaniser davantage, en engendrant toujours plus de chômeurs
? »
III
Il est urgent de sortir de cette absurde contradiction
qui fait que les hommes ne sont plus en mesure d’acheter ce que les
entreprises ne demandent qu’à produire !
« La solution raisonnable ne consisterait-elle pas à lier
la rémunération de tous aux quantités produites
et non plus à des bénéfices qui diminuent quand
la production devient plus abondante ? »
Le problème étant porté au niveau de la production,
il faudrait que les entreprises - restructurées - deviennent
des cellules autonomes de la branche de production dont elles relèvent.
Et c’est tant en fonction des quantités disponibles dans chaque
branche, que du revenu social ou économique attribué à
chacun que se détermineraient les prix.
Les salaires n’entrant plus dans les charges des entreprises, le partage
des revenus pourrait, aussitôt, s’assortir d’un partage du travail.
« Existe-t-il, selon vous, une autre voie à suivre, en face de la mévente des productions les plus indispensables, de la relève des hommes par la machine et des artifices dirigistes tendant à réduire la production, à soutenir les entreprises, à susciter des activités inutiles ou des emplois factices ? »