Une vue courte
par
Publication : juin 1985
Mise en ligne : 11 mars 2009
Bien des gens se comportent comme s’ils avaient des
oeillères. Ils critiquent à sens unique en disant qu’en
France, le gouvernement de gauche nous a mis dans la « merde »
avec nos trois millions de chômeurs. Je réponds qu’ils
ont la vue courte, car l’Angleterre bat ce record de chômage,
avec bientôt cinq millions de chômeurs... et un gouvernement
de Droite !
C’est bien là une vision étroite, car si un gouvernement
de gauche et un gouvernement de droite arrivent au même résultat
et ne peuvent pas plus l’un que l’autre créer des emplois, malgré
toutes leurs promesses, c’est bien que la crise économique, dans
les pays industrialisés, n’est pas le fait de la couleur du gouvernement,
mais vient de ce que tous quels qu’ils soient gèrent pareillement
l’économie marchande, avec les mêmes critères de
rentabilité et de profit financier... et tous sont donc également
impuissants devant la crise économique ! Cette crise est la conséquence
du fait que la production est parvenue au stade de la robotisation :
elle crée des produits en abondance mais, évinçant
une main-d’oeuvre qui ne perçoit plus de salaire, elle ne distribue
plus les revenus pour acheter ces produits. Et c’est ainsi qu’une partie
de plus en plus grande de la production devient INVENDABLE et que la
machine économique s’enraie.
Si les consommateurs plongent de plus en plus dans l’insolvabilité,
voire dans la misère, en pleine période d’abondance, faute
d’emplois, ce n’est ni un Mitterrand ou un Marchais, ni un Barre ou
un Chirac, ni un Le Pen, qui leur en donneront, ni qui rétablierons
le circuit production-distribution-consommation !
Il faut changer les structures de l’économie. Il faut abandonner
l’économie de marché, en se décidant à admettre
qu’aujourd’hui le temps de travail ne peut plus servir à mesurer
le pouvoir d’achat.