L’automobiliste et le stationnement
par
Publication : juin 1985
Mise en ligne : 11 mars 2009
M. Raoul Moreau, ancien préfet, président
de la Société des autoroutes de Normandie, chargé
par le Comité économique et social de l’lle-de-France
d’étudier la circulation et le stationnement, a présenté
le 28 février 1985 son rapport au C.E.S. qui a adopté
15 propositions draconiennes. La répression du stationnement
anarchique va être renforcée : commandos mobiles de policiers,
pervenches munies d’appareils à clavier électronique au
lieu du carnet à souches, doublement des amendes pour stationnement
gênant (de 150 à 300 F), sabots de Denver, accroissement
des enlèvements et mises en préfourrières puis
fourrières par des entreprises privées (coût 600
à 700 F), pose de caméras aux carrefours et sur le périphérique
pour traquer les brûleurs de feux rouges et les passionnés
de l’accélérateur.
Le nombre de places de stationnement payant sera augmenté. Par
contre les autorités déplorent que les parkings parisiens
soient à moitié vides. La raison est très simple
: tous les usagers ne peuvent se permettent de payer un parking journalier.
Le problème du stationnement est évident. Certains automobilistes
sont d’une désinvolture et d’un manque de civisme inadmissibles.
Le stationnement payant est donc une bonne mesure, comme la répression
des cas véritablement excessifs d’infraction. Les chauffards
doivent être aussi sévèrement punis.
Mais à qui la faute ? La production automobile a toujours été
encouragée parce qu’elle représente un pan important de
notre industrie. La publicité sollicite constamment les consommateurs,
car il faut écouler la production. Et quand la voiture est acquise,
l’automobiliste est pressuré de toutes parts : assurance, vignette,
hausse des carburants, réparations coûteuses en raison
notamment du monopole et du prix excessif des pièces détachées
et de certains abus, amendes pour stationnement.
Alors que tout le système conduit à la prolifération
du nombre de véhicules, on s’étonne ensuite de les voir
déferler sur Paris ! Les mesures qui vont entrer en vigueur ont
sans doute pour but de dissuader les automobilistes d’entrer dans la
capitale et de les encourager à utiliser les transports en commun.
Mais, d’une part, il faudrait que ceux-ci puissent absorber ce surcroît
de voyageurs, et quand on voit l’occupation des rames de métro
aux heures d’affluence on peut en douter, et d’autre part, pour les
habitants de grande banlieue obligés d’utiliser leur véhicule
pour venir travailler à Paris, il faudrait qu’il y ait aux portes
de la capitale ou de la proche banlieue, de grands parkings gratuits.
Les automobilistes ne sont donc pas les seuls responsables de cette
situation explosive qui risque de paralyser rapidement la circulation
parisienne et de la proche banlieue. Les autorités ont leur part
de responsabilité en n’ayant pas fait accompagner la production
automobile des parkings gratuits ou peu coûteux correspondants
et en n’ayant pas développé suffisamment l’importance
et l’attrait des transports en commun. Sans doute des efforts ont été
accomplis prolongements ayant eu pour conséquence l’afflux de
nouveaux voyageurs provoquant ainsi une surcharge et une compression
excessive aux heures d’affluence.
On peut déplorer qu’aucun Comité des usagers n’ait été
formé afin de recueillir leurs critiques et suggestions sur le
développement, l’amélioration et l’accroissement de la
sécurité de ces transports collectifs.
Il est vrai que les décideurs empruntent rarement ceux-ci, et
bénéficient généralement d’une voiture de
fonction et d’emplacements réservés, ce qui leur évite
aussi les tracasseries du stationnement !