Quand verrons-nous une économie de raison ?


par  A. CHANTRAINE
Publication : juillet 1982
Mise en ligne : 26 janvier 2009

IL est bien triste de voir les pays s’enfoncer dans l’irresponsabilité et dans le désastre. Il est pénible de constater le laisser-aller dans tous les domaines et à tous les niveaux. Il est bien décevant de savoir que tout pourrait être fait pour procurer aux hommes une vie saine, mais que rien de valable ne le sera.
Nous vivons dans la confusion générale de la production-répartition-consommation. Notre système économique est complètement déréglé, vieillot et inadapté à notre époque de la technique poussée à outrance. Nous vivons dans un système qui empêche le développement de la saine pensée.
Notre civilisation avilie ne peut plus résoudre les problèmes essentiels que sont les pollutions, les encombrements et les lenteurs administratives.
Les administrations telles que nous les connaissons sont des freins à l’expansion de la pensée réfléchie et au développement d’une saine économie. Par exemple, les innombrables impôts et les tracasseries qui en résultent sont, à, mes yeux, une véritable insulte à l’intelligence humaine.
Nous vivons dans le gaspillage le plus éhonté : gaspillage de matières premières, gaspillage de denrées alimentaires, gaspillage d’énergie humaine afin de continuer à fabriquer des objets futiles et médiocres servant à grossir les profits. Notre sang est chargé de tous les poisons répandus dans les aliments et dans l’environnement. Notre cerveau enregistre plus d’informations accessoires qu’essentielles. Nous respirons à longueur de journée les gaz toxiques que nous gratifient toutes les usines qui s’acharnent à fabriquer des objets inutiles. Et nous serons bientôt obligés de respirer les déchets gazeux radioactifs de centaines de centrales nucléaires.
S’il fallait poursuivre l’énumération des erreurs et des nuisances causées par le mental humain, on n’en finirait pas  ! Nous ne pourrons jamais venir à bout de l’inflation et du chômage, pour ne parler que de ces deux problèmes. Je ne vois pas comment nous pourrons changer les structures existantes qui sont les résultats des sécrétions de notre système économique
qui maintient l’homme dans l’irresponsabilité, dans la pauvreté ou dans l’esclavage doré. Est-il possible que les hommes puissent se complaire dans pareille absurdité, pareille désorganisation  ?
Notre système économique devrait faire place à une économie de raison basée sur une monnaie non spéculative, non thésaurisable. La monnaie devrait devenir un instrument d’équilibre entre la production et la consommation et non une vulgaire marchandise avec laquelle s’amusent les faiseurs d’inflation. La solution se trouve donc dans le changement de notre système monétaire, lequel à présent complique à plaisir la vie des hommes.
Dès lors, il ne s’agit plus de construire sans discernement des voitures et des objets inutiles. Il s’agit tout simplement de construire des hommes et d’ériger une économie de raison. Les hommes pourront-ils enfin enlever les oeillères qu’ils conservent depuis si longtemps ; pourront-ils faire preuve de pensée réfléchie  ? A moins que nous trouvions sous peu des hommes capables et conscients  ?