Souhaiter ou vouloir ??

Éditorial
par  M.-L. DUBOIN
Publication : janvier 2001
Mise en ligne : 12 janvier 2009

En ce début d’année, de siècle, de millénaire, etc… il est facile de formuler des vœux : nous souhaitons tous, enfin presque tous, que les choses changent et que partout cesse cette violence qui immerge le monde, de l’anéantissement de la Tchéchénie à l’occupation de la Palestine, de la terreur des intégristes Talibans en Afghanistan à la répression au Chiapas et l’assassinat de prisonniers en Turquie, des attentats de l’ETA en Espagne aux massacres en Algérie. D’autant que cette violence se rapproche : de plus en plus de jeunes, même dans la France “en paix”, passent du racket au meurtre.

Mais le souhait le plus familier Bonne année et, surtout, bonne santé ! prend cette année une nouvelle connotation : notre santé semble de moins en moins un don du ciel et de plus en plus dépendre de ceux qui préparent notre nourriture. Dans ces conditions peut-on se contenter de souhaiter ?

Alors que notre monde n’a jamais su autant produire, ni aussi bien, la richesse produite est de plus en plus inégalement distribuée et la tricherie sur la qualité est de plus en plus grave. Ceci est tellement révoltant qu’on ne peut plus se contenter de souhaiter que les “responsables” trouvent des accommodements raisonnables à un système qui s’est emballé.

Mais pour que cela change, il faut vraiment le vouloir. Laisser les politiciens à leurs querelles et à leurs ambitions personnelles et devenir tous des citoyens qui ne s’en laissent plus conter et avec qui il faut compter. Réfléchir ensemble à cette marchandisation du monde et ses méthodes, aux moyensemployés pour pousser à cette course au fric qui conduit si vite au mépris du vivant. Tous autant que nous sommes, du plus modeste au mieux informé, du plus isolé au plus réputé, nous sommes capables de comprendre comment la publicité, la banque, la télévision et la plupart des médias commerciaux nous conditionnent pour nous amener à consommer sans penser. Il faut du courage pour voir que les alibis courants du genre“On n’y peut rien ! Concurrence oblige ! C’est telle ou telle loi de la nature !” sont les arguments de la politique du laisser faire, qui entraînent non seulement démission et soumission, mais aussi cet individualisme grâce auquel, en cherchant à “s’en tirer” on finit par ne plus penser la société dans son ensemble, et, comme les bêtes, par se désintéresser autant du présent que de l’avenir de la société humaine.