De la croissance sans limite à la consommation raisonnable
par
Publication : février 2001
Mise en ligne : 30 décembre 2008
À l’aide d’une analyse similaire, H.Muller en tire les arguments pour montrer, par comparaison, des avantages de la monnaie de consommation :
Maître-mot de la théorie économique, la croissance serait le sésame d’une prospérité généralisée à tout le genre humain. Mal reçue au niveau des éternels contestataires qui, à juste titre, en redoutent ses effets pervers mais sont contraints d’en subir les séquelles, elle se révèle, au contraire, synonyme de privations accrues au niveau de la plupart des ménages.
Que signifie donc la croissance en régime capitaliste ? Celle du PIB, accompagnée de celle des profits, moteurs et but de toute activité. Mais le profit prolifère dans un invraisemblable fourre-tout incluant celui tiré des guerres et des armements, des grandes catastrophes, des gaspillages, des disettes qui, raréfiant les approvisionnements, font grimper prix et profits. Et que représente, dans cette croissance poursuivie sans relâche, la part de l’argent clandestin, de l’argent blanchi en provenance de la fraude, des activités illégales, amorales, des vols, escroqueries, arnaques, drogue des trafics mafieux, des bandits manchots, loteries et autres jeux de hasard qui ne font que déplacer l’argent de millions de joueurs au profit de quelques chanceux, sans rien produire en échange ?
Exprimée en argent, la croissance de la richesse ne saurait s’identifier avec celle des biens et des services utiles confinés, dans les limites étroites des marchés, face à la seule demande solvable.
D’où ce combat acharné contre les crues de production venant perturber un fragile équilibre, ce combat qui implique le concours de l’État investi par les lobbies et les mandataires des grandes compagnies financières, industrielles et commerciales.
Autres conséquences : une délirante activité publicitaire chargeant les prix, associée à une ruineuse concurrence avec ses séquelles : fusions, délocalisations, licenciements, flexibilité et précarité des emplois. Croissance n’est pas synonyme d’abondance. Bien au contraire, puisque le profit, qui en est le moteur, reste associé à une relative rareté, et que « l’abondance tue le profit », un axiome banni des enseignants d’économie, peu soucieux de troubler leur confort d’esprit.
En fait, le mal vient du mode de formation des revenus par circulation d’une certaine masse monétaire qu’il faut sans cesse propulser, en diriger le flux pour en multiplier les impacts au profit de minorités disposant ainsi de droits à consommer quasi-illimités pendant que salariés, retraités, chômeurs, allocataires doivent se contenter d’une portion congrue. Astreint, de surcroît, à de multiples prélèvements (taxes et impôts, coût du crédit, assurances obligatoires, cotisations, etc.) le revenu de ces catégories défavorisées que le flux monétaire ne fait qu’effleurer, se voit sans cesse laminé avant d’être consommé. Un système à monnaie de consommation conférerait à la croissance un tout autre sens : croissance non seulement des produits et des services utiles à la vie quotidienne de chacun, mais encore de la part du loisir, source d’épanouissement de la personne et inclus, de ce fait, dans les besoins essentiels de la société. Autres conséquences associées à ce genre de croissance : développement de la culture et des arts, promotion des talents, essor de la recherche, vulgarisation des découvertes, confort et qualité de la vie dans une pleine sécurité, entraide et convivialité, un environnement cessant d’être pollué par le profit.
Un autre monde.