Question de temps
par
Publication : novembre 1981
Mise en ligne : 18 novembre 2008
RASSUREZ-VOUS, mon propos n’est pas de vous entraîner dans des
considérations physiques ou métaphysiques sur les vastes
problèmes que pose la Relativité même restreinte,
mais plus prosaïquement sur le temps dont disposent ceux de nos
camarades qui assurent la fabrication de notre mensuel.
Pour l’essentiel, il est rédigé et administré par
un tout petit nombre qui y consacrent des heures prises non seulement
sur le temps de repos, mais qui plus est, de sommeil !
C’est dire qu’il est de notre devoir de les aider et non d’alourdir
leur besogne. C’est pourquoi je regrette que le « Courrier des
lecteurs » fort intéressant en général, et
qui constitue une preuve de vitalité, soit quelquefois abusivement
utilisé par des correspondants enfonçant laborieusement
des portes largement ouvertes depuis bien longtemps telles que «
ils ne travailleront plus » des bénéficiaires de
l’esclavage et ensuite du servage ou encore « sans l’aiguillon
du profit rien à espérer », fruit des conceptions
mercantiles dont sont, hélas, depuis des siècles, imprégnés
et pervertis les cerveaux des hommes.
C’est à une tout autre conception de la vie sociale que nous
convie Jacques Duboin. Il faut le lire et le relire, et pour le moins
avoir présents à l’esprit les points essentiels rappelés
à chaque parution aux pages 2 et 4 de notre couverture. Faute
de quoi les réponses à vos lettres ne pourront répéter
le B.A. BA des prémisses de nos thèses.
Ne mettez pas nos rédacteurs dans cette bien pénible obligation
qui n’est pas sans similitude avec le supplice quotidien et stérile
d’un Sisyphe remontant inlassablement son rocher ou à celui des
Danaïdes tentant consciencieusement de remplir un tonneau sans
fond !
Cet exercice d’hydraulique appliquée me conduit tout naturellement
à en évoquer un autre choisi par Georges Krassovski :
une fuite d’eau dans une salle de bains, faute de pouvoir trouver un
plombier, se transforme en une cataracte entraînant dans son déferlement
le corps social tout entier ! Ce camarade devrait orienter son imagination
débordante vers un sujet plus sérieux. Celui par exemple
de la formation des prix, des mécanismes de détermination
des besoins en économie distributive, études qui lui permettraient
de fixer ses idées aussi bien que celles de nombreux lecteurs.
Notre ami Henri Muller qui s’est avec talent longuement penché
sur ces questions et qui possède une documentation hors pair
pourrait sans aucun doute, dans une correspondance particulière,
lui en faire saisir les arcanes. Le condensé de ces échanges
épistolaires pourrait alors fournir la matière à
une belle série d’articles à paraître dans la Grande
Relève.
Amis connus et inconnus, une fois encore, lisez et relisez Jacques Duboin.
Lisez « Cent ans après » d’Ed. Bellamy qui il y a
près d’un siècle réduisit déjà à
néant les objections qui nous sont faites aujourd’hui. Et pour
être au niveau des possibilités immenses que nous offrent
sciences et techniques, faites de la « Troisième Vague
» de Topfler votre livre de chevet et pour l’amour de Dieu épargnez
nous les poncifs éculés !
Et puisque j’invoque le Tout- Puissant, il convient également
de convaincre les croyants de toutes religions, que la malédiction
divine : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front
» n’est plus de mise aujourd’hui ; encore que trop tôt,
des petits malins aient biseauté les cartes pour en faire, en
substituant un possessif à un autre, le « Tu gagneras MON
pain à la sueur de TON front ».
Un autre très fidèle et très qualifié ami
ne demanderait pas mieux, j’en suis certain, de faire sur ce plan le
même effort que celui d’Henri Muller et de dégager de ces
discussions sur le plan moral une synthèse à paraître
dans nos colonnes, je pense à Marcel Dieudonné.
Le « Courrier des lecteurs » deviendra alors une fructueuse
source d’enrichissement et d’approfondissement de notre doctrine. Redoublons
d’efforts, les temps présents seront bientôt révolus.
Amen.
P.S.- Nous devons nous faire entendre également par les divers groupements d’écologistes parce qu’ils comprennent enfin que leurs objectifs louables (frein à une croissance continue, diminution des pollutions de tous ordres, arrêt des gaspillages insensés de toutes industries conduisant à l’épuisement du sous-sol, au saccage des forêts et à la mort des océans) ne peuvent absolument pas être pris en considération dans le régime des « Prix-Salaires-Profits ».