Ils en ont de la chance...
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Publication : mai 1981
Mise en ligne : 28 octobre 2008
A voir l’imbroglio social dans lequel se complaisent les hommes, la
pagaille économique qui profite aux plus malins, les répressions
en tout genre exercées par les institutions, toutes les contraintes
qui sont l’armature de la Société, on est tenté
de crier : ils en ont de la chance, les maîtres du monde !
Ah oui, ils en ont de la chance d’avoir affaire à des peuples
qui courbent l’échine, supportent la hiérarchie, l’inégalité,
l’exploitation. D’avoir affaire à des peuples ignorants, crédules,
et de plus, pacifiques, mais acceptant tous les crimes, les injustices,
les saloperies que commettent sur eux les nantis. Peut-on être
aussi dociles, gober tout ce que les prophètes bavent dans leurs
journaux, à leur télévision ? Et se contenter des
restes, des rejets pollués, des déchets de la production
? Subir la volonté de puissance que des hommes exercent-sur d’autres
hommes ?
Mais, sait-on jamais, un ras-lebol, un sursaut de révolte, peut
modifier la structure sociale. Si un jour un éclair de raison
jaillissait de ces peuples, pour le moment amorphes, et que brusquement
un feu d’artifice social éclatait qui balayerait tous ces parasites
du corps social... s’il s’avisait de réfléchir, le troupeau
populaire, et par exemple, d’appliquer la grève générale
productrice et distributive, cette grève qui recommande aux producteurs
salariés de continuer à produire, mais plus pour les propriétaires
et les patrons, plus pour vendre, pour le profit, ni pour un salaire,
mais pour distribuer l’abondance des produits à tous les consommateurs,
pour satisfaire les besoins réels par un revenu social, en se
passant de tous les possédants et de tous ceux qui ordonnent
et appliquent des lois protégeant leurs privilèges. Si
tous les peuples, mus par un élan de générosité,
de fraternité, d’émancipation et de libération
se disaient que ce sont eux, les producteurs, qui doivent organiser
leur propre Economie de façon Distributive, Egalitaire et Libertaire...
Profitez-en, rois, dictateurs, présidents de Républiques,
banquiers, patrons de multinationales, promoteurs immobiliers de tous
requins des richesses de la terre, vous avez encore peut-être
de beaux jours pour pressurer les peuples. Mais ceux-ci ne l’accepteront
pas toujours. A ce moment-là, alors, gare !...
Pour le moment, vous avez de la chance ! Mais le salariat, le capitalisme
et l’Etat, qui sont l’ossature de votre protection, ne sont pas éternels.
L’égalité économique viendra, le Fédéralisme
viendra... et ce jour-là - les peuples n’ayant pas besoin d’employer
la violence sur les hommes, mais ne l’exerçant que sur les choses
-, l’humanité sera sauvée ! Utopie ? Le vingt-et-unième
siècle le dira !