Abolition de l’esclavage
par
Publication : avril 1981
Mise en ligne : 24 octobre 2008
A l’exploitation de l’homme par l’homme, l’esclavagisme japonais préfère
« l’esclave machine ». Au Japon l’utopie d’hier,
l’usine sans ouvrier, devient la réalité d’aujourd’hui,
a constaté Poniatowski, au cours de sa récente enquête,
où il relate avoir vu une usine d’automobiles entièrement
automatisée, sans aucun ouvrier*. Ton esclavage prend fin, travailleur,
mais de Toyota, plus un maravédis tu n’auras.
Sous la poussée technique le Monde change de bases, il devient
crucial d’accoucher de bases résolument sociales.
Soit, le Japon est aux antipodes, mais ses voitures son mobiles et roulent
sur nos routes. Fiat automatise, Général Motors automatise
; que demain, l’industrie automobile française, acculée
par la concurrence, se modernise par l’automatisation et nous voilà
non plus avec deux millions de chômeurs, mais avec quatre, huit,
seize !
La solution réside cependant dans sa contradiction même.
Un sauveur nous est arrivé en la personne de l’économiste
Alfred Sauvy. Celui-ci professe que les profits réalisés
par l’économie de main-d’oeuvre peuvent être réutilisés
par l’embauche d’un domestique supplémentaire. C’est donc très
simple : transformons nos x millions de métallos conscients
et organisés, atteints du virus de la paresse, en x millions
de « supplémentaires » à gilet rayé,
que nous doterons d’une brosse à reluire pure soie de porc, made
in « Hermès », à la place de leur
clef à molette !
Alfred Sauvy aura alors bien mérité de l’altière
classe ouvrière, tandis que les Japonais, barbares à l’imagination
fertile, pourront à l’aide d’aménagements financiers,
se constituer un Revenu Social et regarder leur outillage travailler
à leur place.
* Voir G.R. n° 786.