Lettre à J. Chirac
par
Publication : avril 1981
Mise en ligne : 24 octobre 2008
Pour suivre la proposition de J.-M., largement acceptée par nos lecteurs, de prendre leur plus belle plume et écrire aux candidats, voici ce mois-ci une proposition de
Comité National de soutien à la candidature de J Chirac, 7, rue de Tilsitt, Paris-17e.
« Impressionné par vos affiches, où, sous
votre visage énergique est proclamé : « Un
espoir pour les Français » j’ai pris connaissance
de votre programme qui figure sur de larges surfaces dans les quotidiens.
Hélas, je suis déçu. Renforcer et moderniser la
capacité de Défense. N’est-ce pas devoir augmenter la
fiscalité et pour se défendre contre qui ? Vous ne désignez
pas notre prochain ennemi héréditaire !
Il faut rétablir l’équilibre des Pouvoirs, Très
bien. C’est le principe de Montesquieu (L’esprit des lois). Le Législatif
fait la loi. L’exécutif l’applique. Le Judiciaire contrôle.
Mais n’est-ce pas celui dont vous vous réclamer (avec M. Debré),
le général de Gaulle, qui a ignoré le Sénat,
diminué la Chambre, abaissé la Magistrature (tribunaux
d’exception. etc.) ? Rétablir la séparation des Pouvoirs
serait renier le général.
Se libérer du corset bureaucratique. C’est un peu la tarte à
la crème des candidats. Mais, en ce qui vous concerne, c’est
assez inattendu, puisque pendant tout le temps où vous étiez
Premier Ministre, nous n’avons remarqué aucune amélioration
sur ce point.
La justice fiscale sera le premier atout de la réconciliation.
Diminuer les impôts des humbles, c’est augmenter ceux des possédants,
c’est-à-dire des puissants. Se laisseront-ils faire ? N’est-ce
pas votre Parti qui a refusé de voter l’impôt sur la fortune
?
Une vraie participation proposée à tous les travailleurs.
Cela intéresse de moins en moins d’individus, puisque de plus
en plus ils sont sans emploi ! Et vous ne proposez aucune participation
aux machines, aux robots, à l’informatique, à la bureaumatique
qui les remplacent à moindres frais ?
Le référendum a été abandonné. C’est
que le dernier avait laissé M. Pompidou assez amer. Il s’agissait
en réalité de plébiscite et non de referendum (comme
en Suisse). La preuve, le général de Gaulle au lieu de
renoncer à son projet réformant le Sénat et déconcentrant
les Provinces, a mis la clef sous la porte.
Le fléau du chômage s’étend. L’inflation rançonne
les familles. C’est exact. Votre solution ? Pourquoi nous la cacher.
N’en n’auriez-vous pas ? Prenez alors celle offerte par l’Economie
distributive, dont j’annexe la documentation à la présente.
Cette conception, à l’indéniable esprit novateur, est
loin des « répétions usées conservatrices
» (que vous dénoncez judicieusement). Elle créera
l’enthousiasme de la masse électorale, qui comprend, incontestablement,
plus de déshérités que de « nantis ».
Je vous prie de croire, monsieur, etc.