Retour à la terre
par
Publication : mai 1980
Mise en ligne : 6 octobre 2008
PENDANT que certains chercheurs s’appliquent à nous concocter
des bombes à neutrons, d’autres ont des objectifs moins inquiétants.
Ils travaillent à aider leurs semblables à ne nourrir
mieux ou à économiser l’énergie, si chère
maintenant. Ainsi, dans la grisaille de l’actualité, on peut
encore faire moisson de progrès vraiment utiles et qui honorent
la science.
Ainsi, des chercheurs canadiens ne sont efforcés d’aider les
pays du Tiers-Monde à mieux tirer parti de leurs ressources agricoles.
Par exemple, ils constatent que, ni la façon la plus simple de
récupérer l’énergie emmagasinée par les
plantes est de les brûler, mieux vaut les transformer en charbon
de bois ou bien en tirer du gaz ou de l’alcool au moyen d’une fermentation.
Le travail du fermier produit de la nourriture main aussi des déchets
agricoles. La plupart des récoltes laissent de grandes quantités
de résidus : les tiges, les enveloppes de grains, les feuillages
par exemple. Rien qu’au Ghana, les « déchets » laissés
par la culture du riz, de la noix de coco et du palmier à huile
peuvent fournir 140 000 tonnes de charbon de bois et 112 000 tonnes
d’huile. Ce n’est pan négligeable.
Au Mexique et au Guatemala, les chercheurs canadiens mettent au point
des procédés de récupération des millions
de tonnes de sous-produits que laisse la culture du café et de
la canne à sucre. Ces résidus pourraient entrer dans l’alimentation
du bétail. La pulpe retirée de la graine de café
contient autant de protéines de bonne qualité que les
céréales. Dès qu’elle pourra être incluse
dans les repas du bétail, les fermiers réaliseront de
grosses économies.
D’autres travaux sont en cours en Inde pour apprendre à tirer
un meilleur parti des bouses de vache que les habitants ont coutume
de brûler. Si une tonne de ces déchets équivaut
à une demi tonne de charbon, on peut faire mieux que de n’en
servir pour cuire les aliments. En effet, cette combustion dégage
une fumée qui pollue, l’essentiel de la chaleur produite s’en
va en fumée et c’est autant d’engrais précieux que le
sol ne recevra pan.
Mieux vaut, donc, faire fermenter ces bouses, en obtenir un gaz qui
servira à ne chauffer et à s’éclairer, pendant
que les résidus de l’opération fourniront un excellent
engrais. Les installations nécessaires sont déjà
nombreuses en Chine et l’Inde en possède plus de 100 000.
Même à petite échelle, l’opération est rentable.
Les perspectives sont donc encourageantes. Elles le sont même
davantage ni l’on sait qu’actuellement l’Inde n’utilise guère
plus que 1,5 % du matériau ainsi disponible.
Au Brésil, c’est de la canne à sucre et du manioc que
l’on tire de l’éthanol qui, mélangé à l’essence
dans une proportion qui pourrait atteindre 20 %, fournit un carburant
d’appoint. Le manioc s’accommodant de terres pauvres pour sa culture,
2 % seulement du territoire brésilien suffiraient à remplacer
toute l’essence importée.
Voilà sans doute de bonnes nouvelles pour des pays situés
sous les tropiques, appartenant pour la plupart au Tiers-Monde et qui
ne disposent guère de ressources énergétiques alors
que le soleil et la main-d’oeuvre y sont abondants. Là où
l’espace est limité, mieux vaudra sans doute s’orienter vers
la production de plantes qui fournissent à la foin alimentation
et énergie. C’est le cas du Ghana où l’on compte sur ce
type d’agriculture pour conquérir l’indépendance énergétique
tout en fournissant au pays nourriture abondante et emplois.
Certes, tout n’est pan fait, et il faut passer maintenant du stade de
l’expérimentation à celui de la réalisation. Tout
de même, ces nouvelles sont encourageantes. Elles éclairent
un peu un horizon bien bouché et permettent d’espérer
encore en l’homme qui, s’il porte en lui les moyens de tout détruire,
est aussi capable d’oeuvrer pour le bien de ses semblables.