Démocratisation des prêts au logement ?
par
Publication : mai 1978
Mise en ligne : 2 septembre 2008
« LE Monde » (1) annonce des mesures,
en substance celles-ci : Prêts de 20 000 F sur vingt-cinq ans,
sans intérêt. L’Etat prend en charge intégralement
les cinq premières annuités de remboursement. A partir
de la sixième année et pendant vingt ans, l’emprunteur
n’a à rembourser, au maximum, que 83 F par mois. Cette somme
ne peut aller qu’en diminuant. La qualité de l’habitat sera améliorée
et supérieure à ce qu’elle aurait dû être.
Voici, résumées, les dispositions prises le 9 décembre
1977 en Conseil des Ministres.
Ainsi pour la première fois en France un gouvernement, que ses
adversaires estime encore gaulliste et même de Droite, a pris
conscience de la misère de l’habitat des Français et a
décidé des mesures financières importantes et intéressantes
quoique sans atteindre encore les 65 années de prêt pratiquées
en Allemagne fédérale. Mais ces dispositions s’opposent
diamétralement aux habituelles libéralités réservées
à la sidérurgie, au patronat hôtelier ou à
M. Marcel Bloch-Dassault.
Simultanément c’est un coup décisif porté aux calomniateurs
prêchant une nouvelle Economie politique. Des mesures de cette
nature, sans bouleverser le système financier, s’inscrivent cependant
en contradiction de ses principes pour obtenir une atténuation
des lésions qu’il engendre.
*
Malheureusement, il reste à dire que cette
mirifique démocratisation de l’aide au logement », les
millions d’intéressés l’attendront encore longtemps d’un
gouvernement Raymond Barre.
Il s’agit, en réalité, très humblement, d’une indemnisation
allouée à 2 000 bénéficiaires. « Bénéficiaire
» est peut-être même excessif, puisque étant
relatif aux malheureux « couillonnés » par Albin
Chalandon, ex-ministre de l’Equipement et du Logement, géniteur
irresponsable de la maison individuelle à bon marché (*)
.
Pour étouffer l’affaire dans l’oeuf et au sein de la cathédrale
de Montpellier, que les souscripteurs occupaient depuis une semaine,
le gouvernement a tout simplement décidé de payer la note
des escroqueries en cascade que cette initiative, mal conduite, avait
suscitées.
(1) « Le Monde » du 11-12-77 communiqué par M.-R. Lepage.
(*) N.D.L.R. - Et allouée est excessif aussi, car il s’agit d’un prêt et les « intéressés » ne sont pas d’accord, ne s’estimant pas responsables des malfaçons.