Trop tard

DEBAT SUR LE COOPERATISME
par  P. BUGUET
Publication : mai 1978
Mise en ligne : 2 septembre 2008

LA mesure transitoire proposée par P. Herdner pour parvenir à l’Economie Distributive, via le coopératisme, vient trop tardivement. L’échange plus juste, mais l’échange quand même, sur lequel repose le coopératisme ne peut plus, à notre stade productif, assurer le passage des produits à la consommation.
Nous remercions notre ami P. Herdner de sa collaboration qui nous amène à préciser les conditions et caractéristiques du système de répartition distributif. Rendons leur contenu aux expressions
- Coopération : « Méthode d’action économique par laquelle des personnes ayant des intérêts communs constituent une entreprise où les droits de chacun à la gestion sont égaux et où le profit est réparti entre les associés au prorata de leur activité. » (« A chacun selon ses oeuvres », ajouterons- nous).
- Coopérative : « Groupement d’acheteurs, de commerçants ou de producteurs visant à réduire les prix de revient  ».
Ces deux définitions sont du : LEXIS (Larousse 1975).
Nos objections :
Des deux rôles de la production dans le cadre de l’échangisme :
- Création des produits et d’articles de consommation de toute sorte.
- Création des revenus permettant leur acquisition. seul le premier est potentiellement existant : le second est en voie d’amenuisement constant par suite de la mécanisation de l’appareil productif.

Le problème que nous vivons, difficulté, voire impossibilité d’accès aux produits et services, du fait du défaut de solvabilisation par la production, ne saurait être résolu par une plus avantageuse possibilité d’achat des coopérateurs ayant encore un emploi, ou par une meilleure rentabilité pour les coopérateurs producteurs.
L’écart entre le volume de la production et les revenus qu’elle crée est indépendant du mode de gestion, il croît avec la mécanisation elle-même. Ce processus irréversible condamne les coopérateurs d’aujourd’hui à être rejetés de la production de demain, car : « Celui qui ne peut acheter, ruine ceux qui voudraient vendre » (commerçants ou coopératives).
Nous courons vers le chômage massif qui bloque l’échange. Il n’est plus temps de tenter, même sous l’appât de l’amélioration du standing des privilégiés qui touchent encore un salaire, de mettre en place des unités de vente et de production, en vue de leur mutation distributive ; alors que la capacité de la consommation solvable en se restreignant, entraîne faillites et réduction de l’activité productrice.
Le chômage, la mévente, les artifices de solvabilisation au détriment de la stabilité de la monnaie sont là. Ils nous commandent impérativement de développer un mode de répartition des biens, indé. pendant de la seule solvabilisation par la production. Autrement dit : le passage radical à l’Economie Distributive.
Tout en étant reconnaissant à notre ami P. Herdner pour son active collaboration, nous ne regrettons pas que les faits soient plus révolutionnaires que les hommes. Et nous rappelons à ce sujet l’analyse du coopératisme faite par J. Duboin.