Au fil des jours


par  J.-P. MON
Publication : mai 1978
Mise en ligne : 2 septembre 2008

Commentant l’échec des écologistes (qu’il représentait au sein du collectif Ecologie 78), Brice LALONDE a déclaré le 13 mars à Antenne 2 : « Nous abordons des problèmes généraux, très difficiles, nous n’avons pas nous-mêmes les réponses. Et un mouvement qui pose des questions nouvelles sans avoir réponse à tout, il est normal qu’il ait du mal à se frotter à la politique ».
Quel aveu d’impuissance ! Si, après avoir dénoncé les méfaits du profit, Brice LALONDE avait proposé d’instaurer l’économie distributive, peut-être les écologistes auraient-ils réalisé de meilleures performances aux législatives  !

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Selon la F.A.O. (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), le nombre des personnes sous-alimentées dans le monde est passé de 400 millions en 1969 à 455 millions en 1974.
L’enquête fait apparaître que la tendance croissante dans les zones rurales à nourrir les bébés au biberon plutôt qu’au sein a des répercussions tragiques sur la malnutrition infantile dans les groupes à faibles revenus, le lait utilisé dans ces groupes étant le plus souvent malsain ou excessivement dilué.
Dans le même temps, dans les pays de la communauté économique européenne on cherche par tous les moyens à diminuer la production de lait.
Apparemment cela ne trouble pas les représentants des soixante-huit pays a la Conférence des Nations Unies sur le blé qui viennent d’ajourner leurs travaux jusqu’en septembre prochain.
Ils n’arrivent pas à se mettre d’accord bien qu’ils aient accepté de fournir une aide de 10 millions de tonnes de céréales par an (objectif fixé en 1974 !). Jusqu’à présent, seuls deux pays ont présenté une offre, les Etats Unis pour 4,47 millions de tonnes, et le Canada pour 750 000 tonnes.
En ce qui concerne le blé, l’accord entre les Etats Unis et la Communauté Européenne paraît difficile car les Européens estiment que des mécanismes de stockage et de déstockage doivent être mis en place pour maintenir les cours dans une fourchette de prix impérative. Les Etats Unis, premiers exportateurs mondiaux, souhaitent que les cours restent libres.
Comme on le voit une fois de plus, ce qui compte, c’est le profit !

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Les représentants en armements de tous ordres sont persuadés, ou veulent se persuader, que leur activité est tout aussi normale que la vente des parfums, des automobiles ou des machines-outils. Ils n’agissent, pour la plupart, que sous l’impulsion de leur gouvernement. C’est qu’ils donnent du travail aux ouvriers et qu’ils font rentrer de précieuses devises dans les coffres nationaux  !

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L’idée reste ancrée que, pour se maintenir armé, il faut armer le monde. Si les gouvernements ont pris la responsabilité directe de la vente des armements, c’est qu’ils sont poussés non seulement pas les constructeurs et par la recherche de devises, mais aussi par la nécessité de maintenir l’emploi.
Il est bien connu que dans certains pays les « lobbys » syndicaux ne sont pas les moins insistants.
En France, les ventes d’armement à l’étranger font travailler 90 000 personnes et représentent près de la moitié de nos importations de pétrole. L’exportation d’armements tait vivre plus de 80% des usines de la S.N.I.A.S.

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Après toutes ces nouvelles attristantes, quelques informations qui nous confirment que nous sommes toujours sur la bonne voie :
- Dans une étude publiée à Genève par le Bureau International du Travail, Vassily LEONTIEF, professeur à l’Université de New-York, prix Nobel d’économie en 1973, après avoir affirmé que le progrès technique supprimait plus d’emplois qu’il n’en créait, préconise une réduction du nombre d’heures travaillées par semaine et du nombre de jours de travail dans l’année.

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En Allemagne Fédérale, le conflit qui a secoué l’ensemble de la presse a été essentiellement provoqué par le problème de l’adaptation des nouvelles techniques de fabrication des journaux.
Le conflit s’est terminé le 21 mars dernier par la signature entre représentants syndicaux et patronaux d’un compromis qui prévoit que les revenus des ouvriers imprimeurs seront garantis jusqu’à leur retraite.
Cette disposition est sans précédent dans l’histoire sociale allemande.

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C’est en fait le début d’une véritable révolution : la même revendication d’un revenu garanti est maintenant reprise par les ouvriers de la métallurgie allemande. Les syndicats veulent obtenir l’assurance que les travailleurs qualifiés verront maintenir leur niveau de vie, bien que les innovations technologiques les amènent à n’exercer que des fonctions plus élémentaires en supervisant des systèmes de production animés par l’électronique et les ordinateurs.

Les syndicats allemands commencent en effet à s’apercevoir que la thèse classique, défendue par le patronat, selon laquelle il est absolument nécessaire d’investir pour créer des emplois, correspond de moins en moins à la réalité et que, tout au contraire, les entreprises cherchent avant tout à investir pour acquérir des équipements qui suppriment la main-d’oeuvre.
Il n’est que temps que les syndicats français adoptent les mêmes positions.