Quand les rouges deviennent verts
Publication : novembre 1977
Mise en ligne : 27 mai 2008
On connaît l’hermétisme de l’Union Soviétique. Aussi l’information, nécessairement officielle qui nous parvient de l’Agence de presse Novosti, réjouira ceux qui apprendront la place désormais réservée en URSS à l’écologie. En voici quelques extraits, issus de « Actualités Soviétiques » :
LA Sibérie. Une taïga vierge et les plus
grandes centrales électriques du monde. Des villes poussant comme
des champignons et des centres académiques. Tel est son aspect
actuel. Mais demain ? La Sibérie industrielle pourra-t-elle mettre
en valeur des centaines de milliers de kilomètres carrés
d’un territoire jusqu’alors désertique et en même temps
garder l’air et l’eau les plus purs du monde ? Ce trésor inestimable
qu’est la forêt n’aura-t-il pas à en souffrir ? Arrivera-t-on
à créer des ensembles rationnels dans l’utilisation de
la nature ?
Actuellement, le milieu essentiel où réside l’homme, c’est
la ville. Selon les prévisions des spécialistes du futur,
à la fin de notre siècle, les trois-quarts de la population
de l’Union Soviétique vivront dans les villes. Comment concilier
les exigences du progrès technique avec la santé des gens
? Peut-on construire de grands centres industriels sans perturber l’équilibre
écologique dans la nature ? Quelle doit être la ville de
l’avenir ? Bien entendu, une seule réponse à ces questions
est impossible. Mais beaucoup de ce que l’on fait actuellement en Sibérie,
peut constituer une composante du modèle des futures relations
entre l’homme et la nature. Et, peut-être, ce qui est le plus
important, l’évolution se produisant sons nos yeux, de ce que
devrait être le caractère de ces relations.
Les capacités de reproduction des racines des arbres du Nord
sont faibles, le renouvellement de la taïga exige cent ans...
Cela signifie qu’il faut se préoccuper de la pureté de
l’air ambiant. Le splendide Enisséï s’est taillé
son cours, les « piliers de pierre » extrêmement pittoresques,
s’élevant au-dessus de cette mer sans fin que constitue la forêt.
Toute cette beauté oui vous ébranle, l’air, le silence.
on oublie malgré soi où l’on se trouve. Et pourtant. il
s’agit d’une région industrielle. Krasnoïarsk est le coeur
de la puissante industrie de la Sibérie Orientale, tandis qu’à
Divnogorsk on avait construit la plus grande centrale hydroélectrique
du monde. C’est pourquoi le slogan se trouvant à l’entrée
de la ville des académiciens à Krasnoïarsk n’est
pas tellement idéaliste lorsqu’il proclame : « Préserver
la nature non contre l’homme mais pour l’homme ! ».
Ici, dès que l’on quitte l’asphalte, on peut pénétrer
dans un bois de pins exubérant : dans l’enceinte de la ville,
on a conservé des centaines d’hectares de véritable forêt.
Qui plus est, comme s’ils voulaient en remontrer à l’immense
complexe industriel en construction ces dernières années,
sur une surface de trente hectares, les citadins ont planté des
milliers de jeunes plans.
Le bois inclu dans la ville et la zone de verdure constituent les éléments
obligatoires de pratiquement toute grande ville sibérienne. Lorsque
l’on se rend d’Irkoutsk à Angarsk, on peut déjà
voir de loin la masse d’un combinat pétro-chimique. Il en est
de même des cheminées élevées qui exhalent
leur fumée dans le ciel. Tout capteur de gaz ou de fumée
a du, mal à régler le problème. Il faut obtenir
un autre cycle technologique. C’est sur ce problème que se penchent
les spécialistes. Mais il s’agit d’une affaire concernant l’avenir.
En attendant c’est une fois de plus le bois qui nous tire d’affaire.
Le chemin allant du combinat au centre de la ville passe par un important
massif qui constitue une véritable barrière sanitaire
et hygiénique.
C’est la cité des académiciens de Novossibirsk qui gardera
probablement la palme de la primauté parmi des villes sibériennes
encore pendant nombre de décennies. Elle est située sur
le littoral de la Mer d’Obsk (la retenue d’eau de Novossibirsk). La
ville est belle et bien planifiée. L’air est pur et le climat
est sain. Il y a plus de fours ensoleillés que dans les lieux
de cure célèbres de Yalta et de Kislovodsk, ainsi qu’une
immense plage de sable, pouvant recevoir cent mille personnes, qui peut
rivaliser avec les sables dorés et réputés du littoral
de la Mer Noire.
Lorsque l’on considère de loin Akademgorok, on n’en voit point
les bâtiments. On ne voit que la forêt. De hauts pins se
mêlant à des bouleaux aux troncs blancs. Lorsque l’on construisit
ce centre académique, on s’était proposé, semble-t-il,
une tâche irréalisable : conserver intégralement
un paysage naturel. Et on le conserva. On limita la zone d’activité
des mécanismes de construction. Pas un seul arbre ne fut enlevé.
Au contraire, on planta 250 000 arbres et buissons, ayant remis en valeur
150 hectares de plantations. Afin que le bois n’ait pas à en
souffrir, on construisit des sentiers et des chemins pour piétons
avec un revêtement en dur d’une longueur de 40 kilomètres.
...La Sibérie construit. La Sibérie procède à
des expériences, devançant dans cette recherche les critères
des villes et des ensembles industriels.
Parallèlement, l’industrialisation se poursuit :
Programme de mise en valeur de la Sibérie occidentale basé
sur les gisements de pétrole et de gaz, programme de développement
de l’agriculture de la zone des terres non noires, programmes de mécanisation
complexe des processus de production, fourniture à la population
de produits alimentaires selon des normes de consommation basées
scientifiquement, etc.