Télécommunications et développement économique
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Publication : novembre 1977
Mise en ligne : 27 mai 2008
DANS « La Grande Relève » d’octobre dernier, nous avons vu qu’un certain nombre d’indices montraient que nous nous trouvions au début d’un nouveau cycle de croissance de l’économie mondiale basé essentiellement sur les télécommunications et l’informatique. Nous décrivons dans ce numéro quelques aspects du développement des télécommunications.
DE NOUVEAUX MOYENS DE COMMUNICATION
Depuis une dizaine d’années dans tous les pays
développés la mutation économique a été
accompagnée d’un accroissement des déplacements professionnels.
Ces déplacements, dont les trois- quarts ont une réunion
pour objet, engendrent pour les entreprises et les administrations des
charges souvent très lourdes. C’est pourquoi un certain nombre
de pays ont entrepris de réaliser des systèmes susceptibles
d’éviter des dépacements en permettant la mise en contact
visuelle, rapide et simultanée de plusieurs personnes : ce sont
les systèmes de visioconférence.
Les tentatives de mise en oeuvre d’une véritable politique de
décentralisation des administrations et des entreprises ainsi
que ce qu’il est convenu d’appeler la « crise de l’énergie
» contribuent à accélérer la diffusion de
tels systèmes.
Si la visioconférence consiste à mettre en relation deux
salles de réunion et de ce fait intéresse presque exclusivement
les administrations et les grosses entreprises, la visiophonie permet
de mettre face à face sur un petit écran des particuliers
abonnés au téléphone et de visualiser à
distance des documents ou des objets dans les conditions habituelles
d’éclairage d’un bureau.
Dans le même temps, les besoins sans cesse croissants de documents
écrits (devis, factures, commandes, ...) dans les transactions
commerciales ont entraîné la mise en place de systèmes
de transmission de documents plus performants que le système
Télex qui consiste simplement en la mise en communication de
deux machines à écrire et qui, de ce fait, ne permet de
transmettre que des lettres ou des chiffres : ce sont les systèmes
de télécopie (ou fac similé) et de téléécriture,
qui, comme le téléphone, sont des liaisons instantanées
entre deux abonnés et qui permettent de transmettre toutes sortes
de graphiques, de dessins ou de symboles et de les reproduire sur une
feuille de papier.
Parallèlement au développement de ces nouvelles techniques,
le remplacement des centraux téléphoniques électromécaniques
par des centraux électroniques et la généralisation
des postes téléphoniques à clavier vont permettre
la mise en place d’un service de calcul par téléphone,
étendant ainsi aux particuliers les possibilités de la
téléinformatique.
Nous ne rappelerons que pour mémoire les possibilités
offertes par les satellites pour la diffusion de programmes de télévision
entre n’importe quelles parties du monde.
Quant aux distributeurs automatiques de billets de banque, qui, pour
l’instant n’ont d’autres conséquences que d’économiser
de la main-d’oeuvre, mais qui vont rapidement faire place à des
systèmes plus évolués de débit direct, ils
constituent un premier pas vers la réalisation du « courrier
électronique ».
Pour être rentables, au sens capitaliste du terme, ces divers
systèmes exigent des temps de transmission de plus en plus courts.
Il n’est donc pas étonnant que l’on voit apparaître sur
le marché de nouveaux supports de transmission tels que les fibres
optiques qui permettent d’acheminer rapidement un plus grand nombre
d’informations que les câbles classiques.
UNE REVOLUTION SOCIALE
En bref, nous pouvons dire qu’avec la mise en service
des nouvelles générations de satellites et de télécopieurs,
avec la possibilité d’associer un téléphone et
un récepteur de télévision ordinaire pour recevoir
à domicile des copies de factures, des documents divers, des
informations locales, les programmes de cinéma ou de théâtre,
pour effectuer des opérations bancaires, des calculs scientifiques,
... c’est une véritable révolution sociale qui s’amorce.
Tout ceci explique pourquoi depuis 1975 les investissements dans le
domaine des télécommunications ont augmenté en
moyenne de 15 % par an.
Au forum sur les Perpectives des Télécommunications Internationales
qui s’est tenu récemment à Washington, les experts ont
prévu que la demande mondiale annuelle en équipements
de télécommunications passerait des 26,2 milliards de
dollars qu’elle atteignait en 1975 à 58 milliards en 1985.
D’ici là le marché Nord Américain aura doublé
d’importance mais ne représentera plus que 42 du marché
mondial (contre 50 O/ actuellement), l’Europe, avec 30 %, occupera la
seconde place tandis que les pays du Moyen-Orient et les autres pays
en voie de développement pris dans leur ensemble en constitueront
28 % (contre 22 aujourd’hui)..
La croissance du téléphone continuera à s’affirmer
dans les pays disposant déjà de réseaux très
développés, les besoins de ces pays étant encore
loin d’être satisfaits. (Actuellement, près de 80 des téléphones
sont installés dans huit pays, chacun d’eux ayant plus de 10
millions de téléphones).
Bien que dans ce domaine-les Etats-Unis restent le pays le mieux équipé
puisque ses 149 millions de téléphones représentent
trois fois le total des appareils installés au Canada, au Japon,
dans le Royaume Uni, en République Fédérale Allemande,
en France et en Union Soviétique, ils seront dépassés
par l’Europe en 1980.
C’est encore en Amérique du Nord que l’on trouve pour le moment
le plus de stations terrestres équipées pour la transmission
par satellites et ce sont les Etats-Unis qui sont de très loin
les plus gros utilisateurs de systèmes de transmission de données.
On peut cependant prévoir que l’exemple nord- américain
sera rapidement suivi par les autres nations et même par les pays
en voie de développement. Ces derniers ont d’ailleurs l’avantage
de pouvoir mettre tout de suite en oeuvre des technologies évoluées
adaptées à leur besoin sans passer par les étapes
intermédiaires qu’ont connues les Etats-Unis ou les pays européens.
En fait, comme le remarque J.F. MAGEE, président de la compagnie
américaine Arthur D. Little Inc., « le développement
économique et social a pour préalable le développement
des télécommunications et une mesure de l’aptitude des
pays en voie de développement à’ faire progresser leur
économie pourrait bien être reflétée par
leurs plans de développement des télécommunications.
»